DINARD 1942-1944

Témoignages recueillis en juillet 2008 à Dinard par Jean Michel Martin.

 

Recueil de témoignages de la période de l’Occupation allemande et de la Libération. Au début de la guerre dit un des témoins nous habitions à Pleurtuit. L’armée de l’air allemande occupait l’aérodrome. Tous les jours une quarantaine d’avions décollaient mais ne revenaient pas forcement car tombés sous les coups des forces adverses. Le clocher du être démonté car il gênait les vols de toute cette armada. A partir de 1941 les vols furent plutôt de nuit et moins le jour. Un après midi de 1942 nous étions dans les champs et soudain l’on entendit un avion qui avait des problèmes de moteur. Il passa juste au dessus de nous. Son empennage avait été touché et claquait au vent. Il décrit une courbe très courte et tomba d’altitude rapidement vers la piste d’atterrissage. Les servants d’une pièce d’artillerie le prirent pour cible pensant à un avion ennemi et le mitraillèrent copieusement. On entendit le fracas terrible de sa chute mais ont ne sut jamais la fin de cette histoire.

Un autre témoin parle de l’attaque de bateaux allemands mouillés dans l’estuaire de la Rance en 1943. (Voir la possibilité pour 1944, ce qui peut correspondre tout à fait à cette perte).

Mon frère et moi descendions la rue proche de l’aquarium à l’époque et l’on entendit des avions qui venaient du fond de la Rance comme s’ils venaient du barrage de nos jours. Rapidement il était urgent de trouver un abri. A peine étions nous protégés qu’un vacarme assourdissant de mitrailleuses et de moteurs nous envahissait. Les bateaux étaient attaqués de toute part. Il y en avait quatre ou cinq. Les balles faisaient bouillir la surface de l’eau. Tout se passa très vite. Nous étions habitués à voir ces avions des Spitfire. Le dernier avion fut touché par la Flak de la cité d’Aleth qui était en alerte permanente jours et nuit et que nous entendions tirer souvent. Cet avion s’abîma près du rocher de la Mercière. L’avion fut récupéré par la suite et l’on appris que le corps du malheureux pilote était encore a l’intérieur. Des bateaux attaqués on entendait des cris et des hurlements des marins blessés. Nous dûmes rapidement rebrousser chemin discrètement car les soldats allemands arrivaient a la cale.

 

Évocation des bombardements de la cité d’Aleth. On dit toujours que les premiers bombardements de napalm on eut lieu sur Cézembre. C’est faux car les premiers on eut lieu sur Aleth, les trois témoins sont formels. Le feu coulait des falaises. Deux des témoins précisent que dans les derniers jours d’août 1944, une vague de bombardiers s’est présentée a l’ouest de Cézembre venant de la direction de cap Fréhel (libéré le 11 août) dans l’après midi. Le premier avion un Liberator ? (voir en fin de récit) a été touché par la Flak installée de nuit récemment sur le fort de la Conchée. Cet avion ayant largué ses bombes décrivit une courbe vers le nord et sombra corps et biens. Je n’ai jamais su si l’on avait récupéré les aviateurs. Il me semble que non. Je n’ai jamais entendu dire non plus que l’épave de cet avion a été repérée. Aussitôt la réplique Américaine ne s’est pas faite attendre .

 

Je me souviens aussi ; dit un témoin du début juillet 1944. En arrivant dans notre cuisine après m’être levé tôt, j’y retrouvais mon père. Il me dit qu’il ne dormait pas cette nuit quand il a entendu une courte canonnade venant du large vers le milieu de la nuit. Cela m’intriguait, et un camarade et moi-même avions décidé de nous rendre vers la cale du bec de la vallée pour voir s’il ne s’était pas passé quelque événement. Du sentier qui y menait on aperçu près de l’hôtel une effervescence inhabituelle. Des allemands en armes conversaient et interdisaient le passage. Plusieurs de leurs voitures et camions y accédaient nous décidions de passer autrement ; quand je pense aux risques que nous prenions… on se dirigea vers la piscine discrètement, prenant un escalier et a travers les jardins et escalades de murs nous arrivions dans les haies épaisses qui surplombent cette cale. On aperçu ce triste spectacle d’un énorme bateau dont l’arrière était tout arraché, la passerelle avait aussi subit de lourds dégâts. Il y avait de nombreux blessés que l’on évacuait, sans compter les morts. Je me rappelle de ce marin allemand assis sur un rocher et complètement prostré. Ce bateau on le sut après s’appelait le Minotaure très gros remorqueur de la compagnie générale transatlantique basé au Havre avant la guerre et dirigé sur Saint-Nazaire dès le début de l’invasion de la France en 1940. Ce remorqueur participa a la mise a l’eau du cuirassé Jean Bart qui non terminé pris la mer dans la nuit du 18 au 19 juin 1940 sous les ordres du capitaine de Vaisseau Ronach qui le mena a Casablanca pour qu’il échappe a l’ennemi. Le Minotaure participa également a la récupération des naufragés du Lancastria. Saisi par les allemands il fut basé à Saint-Malo et servi au ravitaillement des îles anglo-normandes. Après ce drame il fut coulé volontairement par l’occupant au pied de cette cale. Il fut renfloué dans le début de 1945 et remis en état pour une courte carrière. Ce remorqueur avait été la cible des vedettes canadiennes commandées par le commandant Kirkpatrick en cette nuit du 4 juillet 1944. Au cours de ce combat deux navires allemands de la Vorposten Flotille basée a Saint-Malo furent coulés, touchés par les torpilles. Il s’agissait du V208 Richard Walter Darré et le V210 Hinrich Hey. Leurs épaves gisent toujours au fond de la baie de Saint-Malo par environ 38 mètres de fond à marée haute. Elles se situent a 5 milles de la pointe de la Varde à Paramé (9 km 500 environ ) le Minotaure ramenait sur le continent des prisonniers qui travaillaient sur les fortifications des îles anglo-normandes.

 
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Epave du V210 Hinrich Hey
Epave du V210 Hinrich Hey
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Epave du V210 Hinrich Hey
Epave du V208 Richard Walter Darré
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Photos copyright, Jean Michel Martin

Dernier témoignage qui est rapporté, c’est la chute d’un avion américain sur Saint- Enogat ou un Dinardais a été tué mais le pilote s’en est sorti grâce a son parachute. Dinard fut libéré le 14 août 1944.

Référence : dans le livre de Roger Huguen, la Bretagne dans la bataille de l’atlantique, signale la chute du Halifax III MZ879, du squadron 433, le 31 août 1944, soit deux jours avant la rédition de Cézembre. (Sans doute le bombardier vu par les témoins).

 

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