Le 1er septembre 1940

La Mézière

 "Glérois" 

He 111 (WNr. 1577)

Codé 1G+GT

LE 31 AOÛT 1940 UN AVION ALLEMAND CHUTE A DEUX PAS DU BOURG

 

 

Cet événement n'a gardé de traces que dans la mémoire populaire et pour cause l'Ouest Éclair ayant reparu le 4 juillet 1940 était frappé par la censure allemande. Par ailleurs les archives existantes ne seront consultables qu'a partir de 2004 soit 60 ans après les faits. Deux témoins oculaires ont pu narrer la chute de l'avion, qui fit 4 morts dans l'appareil, en épargnant de nombreuses vies humaines en centre bourg grâce a la dextérité du pilote. Marie Lebreton de Biardel et Émilie Trotoux de Montgerval ont assisté à la scène le dimanche 31 août vers les 20h , elles racontent pour la 1ère fois.

L'appareil, dont nous ignorons le type a ce jour, fut, comme l'indique Roger Delabarre, « pris en chasse par l'aviation anglaise au dessus de Tinténiac. Il arriva en flammes au dessus de la Mézière. » Pierre Biet quant à lui l'a bien vu survoler le nord du bourg avant qu'il ne fasse une courbe. » Si l'on y adjoint les dires d'Émilie Trotoux, il est fort a parier que l'équipage allemand a tout fait pour éviter l'agglomération avant de s'écraser en flammes a quelques centaines de mètres de l'église. A cette heure de la journée, vers les 20h, à la tombée de la nuit, le bilan humain, en morts et en blessés, eut pu être catastrophique en cette soirée de la fin août.

La date a été attestée grâce au souvenir de Marie Lebreton née Morin : « C'était la veille au soir de l'enterrement de Louis Daumoinx ». Le vieux gars avait été tué accidentellement à Montgerval par une voiture allemande, le samedi après midi, alors qu'il revenait de chez le père Simon faire une livraison de sacs en toile raccommodés. En effet le pauvre homme vivait de peu et était rétribué 5 sous le sac reprisé.

Jean Louis Daumoinx habitait à la Bourdonnais, né à Pacé le 28 avril 1862, fils de François Julien et de Julienne Gourdet, décédé à La Mézière le 30 août 1940.

L'enterrement eut lieu le lundi 1 septembre en matinée en présence d'une assistance modeste dont nos deux témoins. Le corbillard à cheval « mené par Fourel je marchand de grains » est passé a proximité du champ dit depuis « de l'avion » à Biardel. Les deux macériennes, âgées d'une vingtaine d'années a l'époque, ont bien vu les cercueils en bois être rapatriés, probablement vers Rennes, dans des véhicules différents. Les allemands avaient réquisitionné, pour l'occasion, des ouvriers travaillant sur la route nationale « a poser les fils du téléphone sous terre. »

Ce jour la, elles ont pu voir les débris de l'avion en partie calciné dans le bas de la parcelle de blé, brûlée elle aussi, nommée la Grande Longueraie. Un jeune pommier a été écimé dans le bas du champ et une des ailes de l'appareil s'est trouvée dans une parcelle appartenant à la famille Lorand ( terrain d'honneur de football actuel) et les roues dans une parcelle de betteraves dite le Chantillard, non loin de la grande route : « tout était brûlé et éclaté. »

Marie Lebreton : « C'est bête, mais j'ai beaucoup pleuré ». En revenant de l'enterrement, le 1er septembre vers midi, la mère de Marie Lebreton a raconté a sa fille les événements de la matinée. Deux allemands se sont présentés à la ferme de Biardel pour réclamer une omelette dans la matinée. La fermière a obtempéré. Un troisième allemand arrivé plus tard n'a fait que pleurer. II s'est approché de l'âtre et a fait voir a la mère Lebreton un morceau de charbon noir et a indiqué du doigt « comme camarades a moi ».

Dans l'après midi, la jeune Marie a voulu aller visiter les lieux. Elle fut interpellée. comme son père le matin même allant à la «batterie» chez le père Huchet à la Motte, en ces termes par des allemands stationnés ordinairement à Gevezé et à Melesse, «Kommandantur, prenez route».

Deux souvenirs ont encore marqué la jeune fille. Le premier, amusant, elle avait remarqué un jeune gars des Loges, Ernault de Moulins, âgé d'une dizaine d'années venu avec son vélo et sa remorque récupérer des débris de ferrailles. Le second plus dramatique remonte aux jours qui ont suivi la chute de l'avion. Alors que la quasi totalité des débris de l'appareil avaient été enlevés dans les 72 heures, propagande oblige, la jeune Marie découvre quelques jours plus tard: « Sur un talus à José Lorand, je peux encore dire l'emplacement, un pied allemand dans sa botte. Qu'auriez vous fait à ma place ? Moi je n'ai rien fait, je n'ai rien pu faire, mais j'ai beaucoup pleuré. Ce qui m'a fait le plus mal au coeur, c'est de penser que le tué était un allemand, cela aurait pu être mon mari. Mariée depuis 1938, mon mari était a cette époque lui aussi à la guerre et prisonnier. Il aurait pu être a sa place. Quand les allemands étaient tous la, ça ne m'avait pas fait pareil ».

 

VERS UN COMPLÉMENT D'ENQUÊTE

 

Une décision municipale va probablement permettre de compléter le dossier. En effet un lotissement dit de Biardel va être construit en cette fin 2003 et 2004, en partie sur le site du « champ de l'avion » comme l'a surnommé l'adjoint au Maire Gérard Bazin en réminiscence a un souvenir de jeunesse. Les ouvriers ont remarqué en novembre 2003 : une fosse située a l'endroit présumé qui contenait de la terre végétale de remplissage, mais malheureusement pas de débris de ferrailles retrouvés a ce jour.

 

Guy Castel, la Mézière.

livre Mézière

La Résistance dans le nord de l'Ile et Vilaine

La Mézière, Guy Castel. Editions Poulain & Benoist Communication. Tél. 02 23 30 70 30

 

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