Témoignage de Monsieur Claude Roger concernant la chute du P-47 piloté par la Lieutenant John W Ginder appartenant au 10 Fighter squadron, 50 Fighter Group, basé à Lymington Hampshire. Le 10 juin 1944 à Trévron.

Je me souviens bien de cet événement qui nous avait tous marqué. C'était un début d’après midi, un week end je crois, quelques jours après l'annonce du débarquement de Normandie. Je me trouvait dehors quand soudain j'entendis le bruit d'un avion. Y portant attention, je le vis passer à basse altitude, rasant le clocher de Trévron. Il laissait derrière lui une épaisse fumée noire. Après le bourg, il poursuivit sa course d'est en ouest, toujours en perdant de l'altitude. Je me suis aussitôt dirigé vers le lieu ou je vis l'avion plonger vers le sol. Arrivés sur place rapidement avec d'autres personnes, les fermiers Monsieur et Madame Armange exploitants agricoles à la Ville Garnier, ferme toute proche, firent en sorte d'évacuer rapidement l'aviateur qui avait une plaie au front et saignait un peu . Je vis trois ou quatre avions du même type et sans doute du même groupe ,faire du rase motte au dessus du champ ou était tombé leur collègue. Ils firent de grandes courbes dans le ciel plusieurs fois, plongeant dans un bruit d'enfer sur le lieu du crash. Ils ne s’attardèrent pas ,puis repartirent vers le nord. On sut après que c'était des Thunderbol .

La prairie ou était tombé l'avion était en légère pente. Celui ci l'avait remontée, glissant sur le sol, créant à la base un énorme trou. Sur plus de 250 mètres la traînée faisait environ 3 mètres de largeur. Il avait terminé sa course contre un talus ou poussait un gros chêne et ou il s’arrêta net, l'hélice brisée. L'arbre n'eut que peu de mal. L'aviateur se voyant dans l’incapacité de poursuivre sa route, en détresse, il avait recherché ce champ ou il put atterrir, train atterrissage rentré. Les fermiers cachèrent l'aviateur chez eux immédiatement, puis l’évacuèrent dans l'heure qui suivit. Les allemands arrivés peu de temps après ne ménagèrent pas certains témoins. Ces derniers ne dirent rien malgré les menaces, ce qui permis à cet américain d'avoir la vie sauve. L'occupant ne réussi pas à le capturer malgré les innombrables recherches le jour même et lendemain.

Je voudrais signaler dans mon témoignage cette vision que j'ai toujours gardé. Sous le cockpit de cet avion, il était noté, à l'horizontale, sur la carlingue, en lettre peintes, CAPITAINE BRYANT CANADA ( Il s'agissait du P-47 du 1st Lt. BRYAN BILLY B). et en dessous sur une ligne plusieurs petits drapeaux peints dont j'ai su par la suite que c'était un marquage de victoires aériennes sur l’ennemi. Visiblement ce n'était pas son propre avion. La carcasse resta en place un bon moment ce qui nous permit de venir jouer dedans, récupérant quelques pièces en souvenir. Les allemands ne gardèrent pas l'endroit ,ils avaient rapidement fuit vers la Normandie et un autre groupe vers Merdrignac. L'aile droite s'était légèrement détachée dans le choc. Un trou à cet endroit nous permettaitde rentrer à l'intérieur. Les munitions jonchaient le sol. Des copains emmenèrent des compteurs du tableau de bord. J'avais 14 ans.

 

Photos collection privée - Quelques pièces du P-47

Témoignage recueillit par Jean Michel Martin auprès de Monsieur Claude Roger à Saint Lunaire 35 le 28 novembre 2013.