Samedi 6 mars 1943

Plouaret

Spitfire Mk. PRXI BS501

No. 542 Squadron RAF

PLOUARET. Samedi 6 mars 1943. Chute du Spitfire Mk. PRXI. Immatriculé BS501. Codé L-?.

Piloté par le Flight Sergent (Sergent Pilote) Duxbury Frédérick Ronald. Pilote de la Royal Air Force .Escadron de reconnaissance photographique 542 basé à Benson dans l'Oxfordshire en Angleterre. Escadron formé le 19 octobre 1942, dont les missions étaient les prises de vues photographiques aériennes sur tout le nord de l'Europe, ceci dans le but de ramener dans les états majors les clichés permettant de mieux aborder le territoire occupé. De répertorier les cibles stratégiques et également repérer les mouvements des troupes au sol ainsi que le trafic maritime ennemi.

Le Sergent Duxbury était né en 1922, il avait rejoint à 19 ans les volontaires de réserve de la Royal Air Force. Déclaré apte au pilotage, il rejoint très vite la base école où il suivra une formation pendant deux ans. Promus sergent au mois de janvier 1943, il est titulaire de son brevet de pilote. Il se voit muté au n° 542 Squadron et se voit confier sa première mission le 8 février 1943. A bord de son Spitfire AA918, il survole à haute altitude (cockpit pressurisé), la région de Boulogne,Calais et Dunkerque où ses appareils photographiques enregistrent les cibles désignées. Il rentre sans problème à sa base de Benson.

Cinq jours plus tard, il est de nouveau au briefing. Une nouvelle mission lui est désignée. Il va devoir photographier l'avancée des constructions Allemandes sur Cherbourg et le cap de la Hague. Le 16 février, à bord du Spitfire immatriculé BS497, il doit prendre des clichés des bases sous marines en construction à Saint-Nazaire et Lorient.

Les missions s’enchaînent à une cadence infernale. C'est par dizaines que les pilotes partent ainsi chaque jour. Le 18 février il se trouve à nouveau sur Lorient puis se dirige vers L'ile d'Yeu et Noirmoutier. Il est à bord du Spitfire BS502. Cinquième mission le 24 février à bord du Spitfire BP926 avec une approche de Saint Omer Boulogne. Les Spitfire du 542 Squadron sont équipés d'appareils photos et de caméras. L'armement est inexistant, ce qui rend ces missions difficiles et dangereuses demandant une très grande prudence. En effet, les chasseurs de la Luftwaffe rôdent dans le ciel européen et à tout moment, ces avions sans défense peuvent être abattus sans inquiéter ennemi,qui lui ne risque rien.

Le 27 février le rythme des missions s'intensifie et le Sergent Duxbury rejoint à bord de son Spitfire BP926 la région de Cambrai Niergnies, Ypres, Florennes, Boulogne. Mission qui se déroule sans aucun problème. Le sergent prend de l'assurance et à force d'expérience se sent plus performant mais reste lucide face à la situation de ses missions. C'est à bord du BS502, avion qu'il pilotait déjà le 18 février, qu'il prend l'air le 2 mars en direction de Cherbourg et de Rennes, toujours pour des prises de vues.

Le 4 mars à 10 heures 15, il décolle pour une mission sur l'Allemagne. C'est une première. A bord de son BS501, il survole Kiel, Flensburg, Lübeck. A 11 heures 15, la mission doit être écourtée. En effet une épaisse brume recouvre le territoire qu'il devait photographier. Il posera son Spitfire sur la base de Benson à 14 heures 50. Mission éprouvante après 4 heures 40 de vol. Que c'est il passé lors de la mission suivante le mardi 6 mars 1943 ? Le Sergent Duxbury décolle de la base de Benson à 14 heures à bord du Spitfire qu'il pilotait la veille, le BS501. Il part pour un reconnaissance photographique sur la ville de Essen dans la région de la Rhur en Allemagne. Quelques heures après, sur la base, on s'interroge. Le Flight Sergent Duxbury n'est pas rentré. Les hypothèses fusent parmi ses camarades pilotes. Aucun message radio venant de lui. A t-il été touché par un chasseur ennemi ? Que lui est il arrivé ? Nul ne le sait. Il ne rentrera pas. Il sera abattu par la batterie de Flak (défense contre avion) de la gare de Plouaret dans les Côtes du Nord à l'époque, au environs de 18 heures 25. Il viendra s'écraser à 3 kilomètres au sud de cette gare. L'avion touchant le sol prendra feu immédiatement occasionnant la mort du malheureux pilote qui n'avait pas eut le temps de s'éjecter de son cockpit sans doute surpris par ce tir mortel. Pourquoi un tel éloignement de son plan de vol ? Il est impossible de répondre à cette question. La distance qui relie Essen à Plouaret est de 830 kms à vol d'oiseau. Nous avons en Côtes d'Armor un cas semblable survenu le 9 mars 1945 à un Spitfire de la RAF, piloté par le F/O Hyde tombé sur Saint Lormel près de Plancoët après une mission sur Dortmund en Allemagne. Soit une distance de 700 kilomètres, loin aussi de son plan de vol prévu. Le Sergent Duxbury fut inhumé comme inconnu le 9 mars 1943 au cimetière de Lannion. Les Allemands n'avaient pas réussi à l'identifier vu l'incendie qui suivit le crash. Les autorités Britanniques après guerre résolurent l' identité de ce pilote inhumé à Lannion. Il repose aujourd'hui au Cimetière Britannique de Bayeux, Calvados. Tombe VIII/C/12.

Le Spitfire XI, est un avion de reconnaissance sans armement, avec un moteur Merlin 61, 63 ou 70, fabriqué à 471 exemplaires.

 

Documents : ORB du 542 Squadron RAF

Remerciements à Andrew Fletcher

Jean Michel Martin ABSA 39-45 - 16 août 2013