Le 07 août 1944

Les Champs Géraux

He 111 - (WNr. 700232)

Codé S3+AL

HEINKEL 111

Les restes du Heinkel 111 crashé dans le bois

 

Visite chez Marie et Elie Léjard le 08 août 2003.

Marie travaillait à l'hôpital de Dinan. Décembre 1943, Elie (85 ans) rentrait d'Allemagne où ü était en captivité, le sauvetage d'un Allemand pendant une manœuvre sur une péniche et de menus travaux effectués chez un des ses geôliers ont favorisés cette libération anticipée.

Bien décidé à prendre un peu de repos après ces mois de captivité, Elie reçoit un jour la visite de René Hamon et Maurice Ligot respectivement capitaine dans la résistance et instituteur à Saint Solen et également résistant, le débarquement a déjà eu lieu.

Elie est sollicité pour donner le coup de main à chercher une cache d'armes dans le bois de la Rouvraie sur les Champs Géraux est le lieu tout choisi. Reste pour René Hamon à récupérer ces armes parachutées dans la région de Broons. C'est en à coupant du blé sur la route de Combourg qu'Elie entend d'abord, puis voit arriver cette première colonne d'Américains sur le qui-vive prêts à faire feu. Pour EIie et ses amis la première potée de fleurs qui leur passe sous la main, celle devant ta maison toute proche, servira de premier signe de bienvenue pour les libérateurs suivi de cette bouteille de goutte que les G.I. ramasseront précieusement.

Mais très vite la guerre rappelle qu'elle est toujours présente, les Allemands ripostent à l'avancée des Américains qui font demi tour devant Lanvallay) Jean Hamon, le frère de René est tué par l'ennemi en embuscade à l'entrée de Lanvallay. Les Américains ne sont plus là, ils ont fait le tour par Evran après quelques canonnades sur Dinan et Taden. A Saint Solen c'est l'incertitude : sommes-nous en secteur Allemand ou Américain, sommes nous libres. Cette question hantera les habitants de Saint Solen plusieurs jours avec l'apparition tantôt des uns tantôt des autres avec son lot de malheur...

Durant me période il est décidé de monter la garde avec ce fusil Allemand pris à un pauvre demeuré soldat du Reich et enfermé dans une étable.

Cette nuit du 7 au 8 août, Elie est de garde avec un ami, il est trois heures du matin, à l'orée du bois nos deux compères entendent parier allemand qu'Elie comprend, la captivité aura eu cet avantage. Cachant le fusil allemand Elie va à la rencontre de deux grands individus, il leur explique être membre de la croix rouge et leur demande de lui remettre leurs armes (pistolets) ce qu'ils font sans broncher. Elie se rend compte que l'un deux est blessé. Elie comprend qu'ils ont été abattus avec leur avion alors qu'ils étaient en mission au dessus de Cézembre. Les deux aviateurs sont conduits vers l'école afin de soigner le blessé, Elie les questionne sur l'endroit de la chute de l'avion qu'ils décrivent parfaitement et parlent de trois autres hommes présents dans l'appareil. Il fait maintenant jour, avec le maire Louis Fauvel retour vers ta forêt à la recherche de cet avion et des autres membres d'équipage.

Malgré des explication précises rien en vue, tout à coup dans ce champs de blé battu, Elie et ses amis aperçoivent cette tunique de couleur connue ! Il y a là sur cette gerbe de blé un homme allongé, ils s'approchent, à proximité se trouve un étui à pistolet vide, l'homme à la main à la poche cache t-il son arme.

Il n'a même plus la force de bouger, il est presque inconscient tant ses blessures sont nombreuses. A proximité dans le bois nos hommes voient cet avion et le triste spectacle, il brûle encore, deux cadavres sont encore dans les débris de l'avion, c'est un Heinkel 111.

Afin de déplacer le blessé, qui criera de douleur lorsqu'on le déplacera, (Elie dit se rappeler des os qui font du bruit tant le pauvre gars est cassé !) on fait appel au boulanger, Joseph Léjard, qui avec son cheval l'emmènera à l`hôpital toujours en secteur Allemand. Il sera évacué sur Dinard dès le lendemain, la situation sur Dinard devenant, pour les Allemands encore présent, très difficile. Les deux morts seront enterrés au cimetière de Saint Solen pendant quelques temps. Quant aux deux premiers aviateurs Allemands, ils seront "pris en charge" par les Américains arrivés entre temps à Saint Solen : ils sont installés sur le devant d'une Jeep afin de servir de bouclier !

12 janvier 2023 - NVM - Brian Bines