Paul-Marie Borrossi est né le 22 novembre 1921, route de Pont-l'Abbé à Penhars, dans le Finistère. Sa mère d'origine bretonne, est institutrice, alors que son père d'origine corse fait carrière dans l'armée. Après avoir fait toute la guerre de 1914-1918, il vient se marier à Penhars en décembre 1919. Il quitte l'armée en 1926 avec le grade d'adjudant-chef et décède en 1940. Le ménage Borrossi aura trois enfants dont l'aîné Jean naîtra en 1920, le deuxième Paul en 1921, et le troisième qui sera une fille en 1924. Après des études primaires à l'école communale d'Ergué-Gabéric, où il obtient son Certificat d'Etudes, Paul entre au lycée de Quimper où il passe une année avant d'entrer à l'Ecole Jules Ferry. Il est très bien noté en mathématiques mais peine beaucoup en français. Il échoue d'ailleurs au Brevet et quitte l'école en 1939. Il a dix-huit ans et l'aviation le passionne. Il suit d'ailleurs, depuis quelque temps les cours de l'Aviation Populaire à l'aéro-club de Pluguffan, où il cotoie les nommés Jacques Andrieux et Maurice Bon. Fin 1939, Paul Borrossi signe un engagement volontaire pour la durée de la guerre, dans l'armée de l'Air. Il passe vingt-trois jours sur l'aérodrome de Caen-Carpiquet, avant d'être affecté, en janvier 1940, à l'Ecole de Pilotage n° 23 du Mans. Cette école est commandée par le lieutenant Edouard Pinot dit " Bouboule ", surnom qui lui avait été donné par Guynemer, dont il était le mécanicien au sein de la célèbre Escadrille des " Cigognes ", durant la Première Guerre mondiale. Devant l'avancée allemande, l'école se replie sur Saint-Brieuc, puis sur Morlaix-Ploujean, où elle arrive le 1er juin 1940, après absorbtion de l'Ecole de Pilotage n° 25 de Vannes. Le 18 juin, l'école se replie sur l'aérodrome de Quimper-Pluguffan. En traversant Quimper, Paul Borrossi est reconnu par d'anciens camarades et des voisins. Le soir, il vient chercher du ravitaillement en ville et en profite pour aller voir sa famille. Les conversations vont bon train entre la Préfecture Maritime de Brest, le Préfet de Quimper, le Lieutenant Pinot et son adjoint le sous-lieutenant Berthier. Malgré les conseils du Préfet d'attendre, en l'absence d'autres instructions, le lieutenant Pinot poursuit son projet de gagner le sud de la Loire ou le Maroc. En fait, c'est à Douarnenez que va se trouver la solution. Par un heureux hasard, des officiers de Marine mettent le lieutenant Pinot en rapport avec François L'Helguen, patron d'un langoustier " Le Trébouliste " (un dundee de cent dix-huit tonneaux), qui pêche habituellement sur les côtes de Mauritanie. Celui-ci accepte de prendre à bord de son chalutier toute l'école de pilotage avec armes et vivres. De l'Ecole n° 23, partiront deux officiers, vingt-et-un sous-officiers et quatre-vingt-cinq caporaux et soldats. Même l'aumônier-sergent de vingt-six ans, Robert Godard, père blanc de Prémontré, est là, fidèle à son poste. Il sera par la suite promu capitaine, et dirigera l'aumônerie des FAFL. On y retrouve aussi quelques autres pilotes, dont le sergent Jules Joire qui avait déjà abattu six avions allemands du 10 au 22 mai, pendant la bataille de France. Descendu par un avion ennemi le 25 mai, dans la région de Beauvais et gravement blessé, il était en soins à l'hôpital de Douarnenez. Finalement, ce sont 130 hommes qui embarquent le 19 juin à 23 heures, à bord du " Trébouliste ", et qui arrivent le lendemain soir à Falmouth. Le " Trébouliste " sera réquisitionné par les Anglais et servira de transport côtier. Le 27 juin 1940, Paul Borrossi signe son engagement volontaire dans les FAFL avec le matricule n° 30.018. Il suit le cycle d'entraînement dans les écoles de la RAF (6 Elementary Flying Training School de Sywell le 31 mai 1941). Caporal-chef le 15 août 1941, il est nommé sergent en novembre suivant. Il obtient son brevet de pilote le 28 novembre 1941, avec le n° 123 GB. A sa sortie d'Operational Training Unit en décembre 1941, il est d'abord affecté au 66 Squadron, où il côtoie le capitaine Maurice Claisse, ancien chef-pilote d'essais aux avions Breguet de 1932 à 1940, et qui sera le premier Français à voler, en mai 1943, sur avion à réaction (Gloster Meteor). Promu aspirant le 15 juin 1942, Paul Borrossi est cité quelques semaines plus tard à l'ordre de la Zone aérienne de Grande-Bretagne: " L'aspirant Paul Borrossi du Squadron 66 pour le motif suivant: ayant à son actif plus de quatre-vingts heures d'opérations, et cinquante missions de guerre, s'est distingué particulièrement le 26 juin 1942, en soutenant seul le combat contre quatre chasseurs ennemis et en réussissant à ramener à sa base, son appareil gravement endommagé, grâce à son sang-froid et à son habileté de pilote. Cette citation entraîne l'attribution de la Croix de Guerre avec étoile d'argent ". Fait à Londres, le 22 juillet 1942. Ce jour-là, au cours du Circus 194 dans la région du Havre, Paul Borrossi pilotait le Spitfire Vb AB 489. Son camarade, le Flying Officer R. Claude, pilote au 118 Squadron du même Wing, fut obligé de "crasher" son Spitfire, atteint lui-aussi par le tir de plusieurs Fw 190. Paul participe également aux opérations sur Dieppe, le 19 août 1942, puis, est promu sous-lieutenant le 15 décembre 1942. En mars 1943, Paul Borrossi est affecté au 340 Squadron ou groupe de chasse n° 2 "Ile-de-France" basé à Turnhouse près d'Edimbourg en Ecosse. Le groupe fait ensuite mouvement sur la base de North-Berwick, puis, début novembre, sur le terrain de Perramporth en Cornouaille britannique. C'est de là que Paul Borrossi décolle le 29 février 1944, à 8h04, pour accomplir ce qui va être sa dernière mission. Ce jour-là, aux commandes de son Spitfire Mk IX MJ 853, il participe à une patrouille au-dessus de l'Ile d'Ouessant, avec trois équipiers: Jean Homolle, Denys Boudard et Bernard de Gillès (alias Osmanville). Au retour de la mission, alors qu'il vole à basse altitude, son Spitfire percute la mer à 125 miles au sud-ouest de Land's End, explose sous la violence de l'impact et sombre. Il est exactement 8h59... Le soir, au rassemblement, le sous-lieutenant Paul Borrossi manque à l'appel. Très populaire parmi ses camarades, son calme et sa bonne humeur étaient très appréciés et ont bien servi à remonter le moral de certains qui parfois, non sans raison, se laissaient devenir nostalgiques. Pour Paul, la défaite de l'Allemagne était toujours une certitude. Tout ce qu'il restait à savoir, c'était la date. La manière tranquille et consciencieuse dont il accomplissait son devoir était un exemple pour tous. Sa disparition fut cruellement ressentie. Porté disparu en mer et déclaré "Mort pour la France", Paul Borrossi sera cité à titre posthume à l' ordre de l'Armée aérienne: "Sous-lieutenant Borrossi Paul du Groupe de Chasse "Ile-de-France", jeune officier pilote d'élite, a rejoint les FAFL en juin 1940, son allant exceptionnel, sa bravoure, son calme et sa modestie exemplaires lui ont valu en escadrille britannique puis au Groupe de Chasse " Ile-de- France " la confiance et l'estime de ses chefs et de ses camarades. A totalisé cent cinquante missions de guerre dont quarante-cinq au-dessus de territoires occupés par l'ennemi. A trouvé une mort glorieuse le 29 février 1944, au cours d'une sortie offensive. Cette citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre avec palme ". Fait à Alger, le 29 juin 1944. Signé: Charles de Gaulle.
Dans le décret du 11 mars 1947 portant attribution de la Médaille de la Résistance française avec rosette à titre posthume (J.O du 27 mars 1947), on lit: " Capitaine Paul-Marie Borrossi. Il fut fait, aussi à titre posthume, Chevalier de la Légion d'Honneur par décret du 22 octobre 1947 ". Il faut également noter que Jean Borrossi, frère de Paul, a quitté, lui aussi en juin 1940, un autre port breton sur un bateau américain qui arrive finalement à Bayonne. Il revient à Quimper et va s'occuper de résistance. Il aura l'occasion, avec sa mère, de recueillir et de garder cachés, plusieurs aviateurs américains dont cinq en janvier-février 1944, et deux autres plus tard. Tous les sept rejoindront l'Angleterre en bateau par les Côtes-du-Nord. En 1946, désirant commémorer avec éclat le sixième anniversaire de l'appel du 18 juin du général de Gaulle, les anciens FFL organisent à Quimper et Penhars, plusieurs cérémonies du souvenir. La vieille route de Pont-l'Abbé du bourg de Penhars va prendre le nom de rue du Sous-lieutenant Paul Borrossi. La plaque commémorative portant l'inscription " Rue Paul Borrossi, ancien des FAFL, 1921-1944 " a été posée sur le mur de la maison même où demeurait Madame Borrossi, mère de Paul. La Croix de Guerre est épinglée sur la poitrine de Madame Borrossi par le général Guirriec. Pour clore cette cérémonie, les Pupilles de la Marine vont exécuter la "Marseillaise". L'inscription "Paul Borrossi,"Ile-de-France", 1921-1944 " va aussi figurer sur la stèle rendant hommage à l'aspirant Maurice Bon, à l'entrée de l'aéroport de Quimper-Pluguffan .
Groupe de Chasse "Ile-de-France" Croix de Guerre avec palme Chevalier de la Légion d'Honneur Médaille de la Résistance française avec rosette à titre posthume
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