L'AVIATEUR INCONNU

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Comme bien souvent l'enquête débute avec peu d'informations. La mémoire les souvenirs locaux, la rapidité des événements en cette période, ne permirent pas de connaître le destin de cet homme fusillé, abattu un matin de juillet 1944.

L'enquête début par la question de mon ami Pierre, connais tu l'histoire de l'aviateur fusillé par les miliciens et les allemands à Saint Rémi du Plain, commune située au nord-est de Rennes.

Un monument est situé en à la sortie du bourg dans la campagne, monument aux huit victimes, sept résistants, et un américain inconnu. Un résistant figure lui aussi comme inconnu, il repose toujours dans le cimetière communal.

Il est trop long de raconter tous les événements, l'histoire lié au maquis de Broualan, jusqu'à la tragique journée du 7 juillet 1944.

Rémi Brune, résistant au maquis à édité un livre sur l'histoire de ce maquis et de ses hommes.

Mais qui était notre aviateur inconnu pendant soixante et un an ! mais pas inconnu !

Prenons un extrait du livre de Rémi Brune, le 7 juillet, peu après minuit le maquis de Broualan va être investi par 150 miliciens du "Bezen Perrot" , de la Milice de Darnand et des Allemands du SD.

Plusieurs dizaines de résistants sont arrêtés et embarqués à bord de cars et de voitures et se dirigent sur Cuguen. Il est environ 6 heures du matin. Après plusieurs arrêts et après avoir arrêté encore quelques hommes, les miliciens reprennent la route de Trans.

A environ 1,5 km de Saint Rémi du Plain, le convoi stoppe sur la gauche de la chaussée, en bordure d'un champ. Avant de stopper, des avions survolaient le convoi, provoquant un moment de panique chez les miliciens. Un des miliciens a alors déclaré : « Nous sommes trop chargés, nous allons alléger les véhicules ».

Une vingtaine de prisonniers sont alors descendus de l'autocar et conduits par les miliciens vers les carrières abandonnées de Touchasse.

Un à un les prisonniers vont passés devant un milicien appelé Monsieur Paul. Il va trier les hommes et en mettant huit de coté.

Les huit hommes retenus sont torturés, puis placés sur le bord du trou de la carrière, ils sont exécutés à coups de mitraillettes. Après avoir reçu le coup de grâce, leurs corps sont poussés au fond de la carrière.

Les corps sont ramenés à l'école des filles de Saint Rémi. Deux femmes, agents de liaison sont chargées d'aller reconnaître les huit fusillés. Chacune soulèvent un à un les draps. Elles reconnaissent l'Américain. Plusieurs corps ne sont pas immédiatement identifiables par les deux femmes.

Pour l'Américain on sait simplement qu'il était un parachutiste récemment tombé dans la région. Le 6 au soir, il fut recueilli par Paul Stéiss qui est allé le chercher à la Boussac. Il lui a donné des vêtements civils, a dîné chez Jean Lebois, puis l'Américain a été conduit à la Lopinière pour y passer la nuit.

Septembre 2005, identification de l'Américain.

Étant à la recherche de deux avions américains crachés dans le nord du département, mon enquête ma amené à contacter toutes les mairies du nord-ouest au nord-est de l'Ille & Vilaine.

De fil en aiguille mes investigations me ramène à rencontrer de nombreux témoins. L'un de ceux là a réalisé des travaux de recherche sur la résistance dans le canton d'Antrain.

Voici vingt cinq ans, la personne a retrouvé des documents importants. Il s'agit du dossier d'identification des huit fusillés. Dossier établi dans les jours suivants l'excursion des huit personnes à St Rémi du Plain, par la gendarmerie, sans doute parce que l'un des résistants tué était un des leurs.

Six hommes vont alors pouvoir être identifiés, un des résistants restera sans nom, ainsi que l'Américain.

L'Américain inconnu, ne possédait aucun papiers sur lui, juste un gant de femme blanc dans une de ses poches. Sur le gant, brodé au fil rouge le nom de Abshire Mary E.

Grand, cheveux bruns, yeux bleus, mais il avait sur dans sa main gauche écris avec un tampon à l'encre noir : H-7411.

Mon aviateur inconnu, n'était maintenant pour moi plus tout à fait un inconnu, des pistes s'offraient maintenant avec ce gant brodé sans doute au nom de sa fiancée ou femme.

Malgré une recherche sur le nom Abshire sur internet et dans la base de données des sépultures américaines, ce nom n'aboutit à rien.

Mais il me reste ce fameux marquage, un numéro de matricule me viens tout de suite à l'esprit, mais là aussi aucune piste.

Mais que faisait cet américain dans cette région, il était raconté qui était récemment tombé en Normandie, sans doute voulait il rejoindre un maquis.

Nous tardions pas à retrouver un nouveau crash, et précisément à quelques kilomètres de l'endroit où il fut recueilli.

Quelques semaines après notre chantier de fouille à Saint Georges de Gréhaigne sur un P-47, identifié en partie comme étant tombé entre le 6 juin et 31 juillet 44.

Notre certitude allait vers ce pilote de P-47, comme étant notre américain inconnu, surtout que d'après les témoins, l'aviateur de St Georges fut fait prisonnier par les soldats allemands dès qu'il toucha le sol après son parachutage.

Une idée me traversa l'esprit, ce fameux tampon H-7411, cette lettre et ses quatre chiffres, cette combinaison est elle commune aux soldats américains.

La question est rapidement posée sur un forum lié aux combats d'après le débarquement. Une réponse arrive néanmoins péniblement, la question portait sur un aviateur inconnu, le webmaster ne voyait pas l'intérêt de placer la question sur son forum.

La réponse arrive avec un internaute plus à l'écoute que les autres. Les matricules américain étaient composés, sur les équipements de l'initiale du nom de famile avec un - suivit des 4 derniers chiffres du matricule... donc ça ressemble bien au matricule du soldat...

Son nom de famille serait donc " H????..."et son matricule se terminerait par 7411 ...

Une rapide recherche dans la base de données de l'American Battle Monuments Commission's, plus de 12 000 noms, mais la série des quatre chiffres sort.

Notre aviateur est identifié, il s'agit du Second Lieutenant, de l'U.S. Army, George E. Hendrickson, ASN (army serial number) 1307411, de la 82nd Airborne Division, 505th Parachute Infantry Regt. Mort le 7 juillet 1944 et inhumé au Brittany American Cemetery St. James, France, Plot P Row 2 Grave 15.

 

Le mot parachutiste cité dans le livre de Rémi Brune avait un peu éveillé mes soupçons, mais que venais faire un parachutiste dans cette région, un officier améraicain en mission avec le maquis de Broualan ? mais alors pourquoi revêtir des vêtements civils.

A ce jour nous attendons le dossier IDPF de George E. Hendrickson, car nous constatons que ce soldat a donc été identifié depuis plus de soixante ans.

L'information n'est jamais remonté jusqu'à commune de Saint Rémi du Plain.

Pour la commémoration au monument des fusillés du 7 juillet, nous espérons qu'en 2006, le nom de George E. Hendrickson sera ajouté aux six autres hommes.

Alors que faisais George E. Hendrickson, parachutiste à la célèbre 82nd Airborne Division, mort dans notre département et bien loin de la Normandie. Région où ses soldats ont livrés bataille depuis le Day Jour.

Dans l'état actuel de nos renseignements, nous savons qu'un grand nombre de soldats américains, dont des parachutistes présents en Normandie, entre le 6 juin et le 30 juin, ont été faits prisonnier et ammenés dans un camp de prisonnier à Rennes.

George E. Hendrickson est sans doute un de ceux qui avait choisi de s'évader, le destin l'a placé dans cette région au mauvais endroit au au mauvais moment.

MONUMENTMONUMENT
LE MONUMENT AUX FUSILLÉS DE SAINT RÉMI DU PLAIN
AOÛT 2007

Compte rendu du dossier IDPF du 2nd Lt. George E. Hendrickson, ainsi que du rapport d'identifiacation des gendarmes français le 8 juillet 1944.

George E. Hendrickson, 82nd Airborne Division, 505th Parachute Infantry Regt. Mort le 7 juillet 1944.

Brittany American Cemetery St. James, France, Plot P Row 2 Grave 15.

Compte rendu américain des circonstances sur l'entourage et la mort de X-160 (St James).

 

Concernant l'inconnu américain mort à St Rémi du Plain : l'information qui suit avait été rapporté par Pierre Hubert, de St Rémy du Plain, décédé depuis le 7 juillet, l'inconnu est arrivé dans la communauté le ou après le 4 juillet 1944. Il était en compagnie du maquis, les résistants Français, il fut introduit à leurs rassemblements comme étant un officier Américain. Il parlait équitablement bien le français, cependant avec une légère inflexion dans la voix.

Trois jours avant un avion Allié avait atterrit en dehors du village, puis ensuite décollé à l'arrivée des villageois sur place, donc X-160 peut avoir été un membre de cet avion.

 

Suite de l'enquête : le 7 juillet 1944 à la carrière le St Rémy du Plain, l'état-major du maquis étaient capturé par la milice de Vichy, dirigé par Pierre Monnier, Émile Schwaller, et Leneuf. Huit hommes incluant X-160 étaient capturés, menottés et mitraillés à mort.

Malencontreusement tous ceux qui furent tués, étaient les dirigeants du maquis de cette section, seuls eux auraient put avoir donné davantage d'informations concernant l'inconnu X-160. Une tentative était faite pour connaître la vérité auprès de Monnier, Schwaller, et Leneuf, qui sont dans la prison en attendant leur exécution, mais ils niaient toute connaissance de l'affaire.

 

François Goude, gendarme à Antrain, a fait une recherche immédiate sur le lieux de l'exécution le 8 juillet 1944. Les sept corps du maquis local étaient identifiés ; tandis que l'inconnu fut enregistré sous X-160. Il était identifié par ses nouveaux vêtements français qu'il portait. Un contrôle dans le village n'indique pas comment, par qui il a été habillé. Le rapport du gendarme prouve que X-160 était vêtu d'un veston, d'un petit gilet, et d'un pantalon de drap noir à rayures grises, d'une chemise à petites rayures violettes. Dans une petite poche du gilet, se trouvait un gant de femme blanc, marqué au poignet et à l'intérieur avec du fil rouge "Mary E. Abshire", tamponné à l'encre noire sur la paume intérieure de la main de l'homme "H -7411".

Une description de l'homme montre qu'il était âgé de 28 à 30 ans, pour une taille de 1,80 m, d'une corpulence forte. Cheveux châtain clair, yeux bleus, nez rectiligne, visage ovale, rasé, bouche moyenne.

Marques particulières : calvitie frontale, ongles bien faits. Objets de sûreté, (genre masselottes) sans chaînes, aux poignets.

 

Les restes des huit hommes furent enterrés dans le cimetière de village à St Rémy du Plain. En 1945, les restes de l'inconnu X-160 étaient transférés au cimetière de St James, lot N, rangée 8, tombe 195.

Circulaire N°063 en date du 19 septembre 1944, secrétariat général des Anciens Combattants.

Saint Rémi du Plain, tombe n°5, décédé le 7 juillet 1944. Présumé sous-lieutenant parachutiste. Fusillé par la milice.

Certificat d'identification du corps X-160, en date du 20 novembre 1946 à Carentan.

Deux sous-vêtements de marque américaine. Marqué sur le tricot de corps, H-7411. Étiquette estampillée PHJL. Q.M, Dépôt 43.

DRAWERS, COTTON, SHORTS : Size 40, G.E.H. marqué H 7411.

Corps définitivement identifié à la date du 7 juin 1948.

 

Courrier envoyé à la mère de George E. Hendrickson, originaire de la ville de Bergenfield, le 30 juin 1948, rapport final d'investigation.

Le 2nd Lt. Hendrickson George, Co "I", 3rd Bn. 505th Prcht Inf. né en 1918. Déclaré missing le 6 juin 1944 à la date du 1 août 1944.

Selon son dossier personnel, le Lt. Hendrickson a été capturé par les allemands vers 18h le 6 juin, près de St Mère l'Église, blessé légèrement, il est transféré dans un hospital près de Fressville.

Puis interné dans un camp au sud de St Lo, près de La Chapelle-sur-Vire.

Le 28 juin 1944, tout en étant transféré en autobus vers un autre camp de prisonniers allemand, George Hendrickson et deux autres officiers (Le 1st Lt. Robert D. Keeler et le 1st Lt. James Irwin), échappent à leurs ravisseurs allemands. Les trois hommes restent ensembles jusqu'au 2 juillet 1944, date à laquelle ils se séparent et prévoient de rejoindre les forces américaines. Les deux hommes qui accompagnaient George Hendrickson ont été récupérés le 12 août 1944 par les forces américaines.

Le 6 juillet George Hendrickson arrive dans le maquis de Broualan. le 7 juillet 44 vers 04h00 il est capturé par la milice et abattu lâchement avec sept autres Français.

Inhumé dans le cimetière local de St Rémy du Plain sous X-160, 2nd Lt parachutiste, inconnu.

George sera définitivement identifié le 8 juin 1948, grâce au rapport d'identification des gendarmes français, le gant de femme blanc, le tampon avec une partie de son ASN et plus tard avec son ASN sur ses sous-vêtements etc...

 Les sept résistants abattus à St Rémi du Plain

 

COURIOL Maurice,

HUCET René,

LAMBERT Jean, de Cuguen.

LEMONNIER Joseph. Né à St-Helen(35) le 1/2/1923, abattu par la milice à St-Rémy-du-Plain le 7/7/1944.

PASQUET Armand. Né à Fougères le 25/4/1924, abattu à Saint-Rémy-du-Plain.

RENAULT Michel,

INCONNU, Cimetière de Saint Rémi du Plain.

Les autres morts du vendredi 7 juillet à Broualan.

Jean Lebois.

Hélène Bigué.

Joseph Hue.

DIMANCHE 6 JUILLET 2008

Inauguration de plaque à la mémoire du 2.Lt. George E. Hendrickson

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Cimetière de St rémi-du-Plain, tombe du résitant inconnu
Cimetière de St Rémi-du-Plain, tombe du résitant inconnu
Cimetière de St rémi-du-Plain, tombe du résitant inconnu
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Cimetière de St rémi-du-Plain, tombe du résitant inconnu
Le cortège en marche vers le minument de la Bitonnerie.
Le cortège en marche vers le monument de la Bitonnerie.
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Le monument aux martyrs
Le cortège en marche vers le monument de la Bitonnerie.

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La cérémonie au monument
La cérémonie au monument, discours du président des anciens combattants
La cérémonie au monument, discours du président des anciens combattants
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La cérémonie au monument, discours de M. le maire
La cérémonie au monument, discours de M. le Garidou, président des anciens combattants français et américains
La cérémonie au monument, discours de M. le Garidou, président des anciens combattants français et américains
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La cérémonie au monument, discours de M. le Garidou, président des anciens combattants français et américains.
Photo de groupe, le vétéran Howard Manorian qui était lui aussi au 505th PIR.
Photo de groupe
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Photo de groupe
La plaque en hommage du 2.Lt. George E. Hendrickson
La plaque en hommage du 2.Lt. George E. Hendrickson
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Mme B, elle fleurit la tombe du 2.Lt. George E. Hendrickson. Marraine avec Les fleurs de la mémoire
Howard Manorian

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Cette image provient du journal paru en 1995, environ 7 ans après que j'ai été capable de renommer les parcs et les rues de Bergenfield, avec les noms de nos anciens combattants.

C'est une image de George Hendrickson avec sa sœur Alice et un ami à New York City.

Eva De Maggio Gallione à Bergenfield

2nd Lt. George E. Hendrickson

George E. Hendrickson est né en 1918 dans l'état de New York. En 1940 il était marié à Nell Hendrickson, née en 1917, le couple vivaient à Hackensack (New Jersey). Ses parents Minnie et Nils demeuraient Hickory Avenue à Bergenfield en 1944. George avait une soeur Alice née en 1921 et un frère Harold né en 1927.

 
L'INCONNU DE SAINT REMI DU PLAIN

Il y a 75 ans. Le 7 juillet, l'attaque du Maquis de Broualan

 

 

Tout commence le matin du 7 juillet 1944, l’adjudant Rault, de la compagnie de F.F.I. de Saint Malo se trouve dans le bois de Broulan avec 90 hommes, lorsque vers 1 heure la compagnie se trouve attaquée par un groupe de miliciens. Le combat dure environ une heure, les hommes se battent avec des fusils et des grenades.

A 6 heures du matin, le Caporal Cahut, âgé de 19 ans, est envoyé par les adjudants Rault et Bernard, pour prévenir l'Adjudant Lambert qui habitait le bourg de Broualan que le groupe de F.F.I. avait été attaqué durant la nuit. En arrivant dans le bourg le jeune Caporal Cahut est dès aussitôt arrêté par deux Miliciens, après lui avoir retiré son ciré, il est fouillé. Se trouvant en face d'une maison, il le placèrent le long du mur, les bras en l'air, il est mis en joue avec les mitraillettes des Miliciens, pendant une demi-heure, les bras derrière la tête, puis une autre demi-heure les bras en l'air. Les Miliciens arrêtent une femme qui passait, le jeune Cahut profite de ce moment où les deux hommes étaient occupés, pour se sauver. Les deux hommes étaient habillés en tenue de Miliciens tiens à préciser Cahut, chemise kaki, pantalon ski bleu-marine, béret basque bleu avec cocarde jaune, chaussés de brodequins militaires et chacun porteur d'une canadienne kaki.

 

Selon le procès verbal enregistré le 2 octobre 1944 après l'arrestation du milicien Lemaréchal, de Pleine-Fougères. Un groupe d'une trentaine de miliciens sont envoyés sur un ordre signé de Du Perron de Maurin, originaire de Dinard , (en 1944 il est le fondateur de la Milice française en Bretagne).

Ce groupe de 150 miliciens, ne se trouve pas envoyé par hasard à Broualan, il s'agit à priori d’arrêter une dizaine de gens qui avaient pillés des fermes. Parmi le groupe des militants du Groupe d'Action du P.P.F, de Rennes, se trouve un homme, un inspecteur du S.D., il était chargé d’enquêter pour découvrir les camps de Maquisards, dont celui de Broualan. Il avait déjà découvert celui de Sens de Bretagne et à cette occasion il avait reçu une prime de 3000 frs. Un homme de moyenne taille, mais de forte corpulence, il était souvent habillé d'un complet bleu-marine ou d'un autre marron. Il s'agit de Claude Garavel, 25 ans, né à Flers.

Arrivé à 2 km de Broualan le groupe est scindé en deux sous les ordres d'un lieutenant du nom de Thibault et l'autre groupe sous les ordres d'un sergent, un étudiant en médecine. Ce Groupe Bretagne d'hommes de la Milice, sont partis ce matin là au grand complet sous le commandement d'Émile Schwaller, un ancien de la LVF, puis prennent au passage, boulevard de Strasbourg au siège de la 2ème Unité de Marche de la Milice, commandée par le capitaine Joseph Di Constanzo., ainsi qu'une formation de la Milice du Bezen Perrot et quelques agents allemands.

De ce Groupe d'Action du P.P.F, situé au 25 rue d'Échange à Rennes, composé pour l'action, était composé des dénommés, Imbert Maurice, Rollin Fernand, Chaperon, Legagneur René, Kerdraon Robert, Marot Jean, Caravel Claude et Raymond Poste. Chaque homme était possesseur d'un révolver à barillet de 9 mm, sauf Rollin qui avait une mitraillette. Tout ce beau monde embarque dans un autocar bondé de Miliciens, ainsi qu'une camionnette de la formation Perrot chargée d'une trentaine d'hommes, revêtus de l'uniforme SS, ainsi que quatre autres voitures. L'autocar stationne en plein bourg de Broualan, quelques hommes sont postés sur l'autocar en surveillance.

Arrivés vers 4 heures du matin dans le village. C'est Constanzo qui dirigeait sur place l'opération. Deux groupes cernent le village. La milice et la formation Perrot se dirigent vers le bois, dans la foret rien ne fut trouvé, juste le cadavre d'un membre du francisme. Schwaller, Roger le Neuf, de Neuville avec un ou deux autres hommes de la milice, entre dans une maison à la Lopinière et casse la croûte. D'après Schwaller, il raconte dans sa déposition qu'il y avait un froid depuis le matin entre lui et Constanzo, un milicien aurait tiré imprudemment un coup de fusil mitrailleur dès le début de l'opération, au moment où les hommes procédaient à l'encerclement du village. Il dit à tel point que j'ai faillit moi même me faire exécuter quelques jours après par les inspecteurs du groupe Constanzo, Guindé, Le Guennec et Cado, mes "mousquetaires" les ont empêché.

Trois hommes du P.P.F, malgré qu'ils avaient reçus l'ordre formel de rester près des véhicules, Rollin, Imbert et Chaperon, décident d'aller de se porter à l'attaque avec les miliciens. Quelques minutes après leur départ des rafales de mitraillettes sont entendus, et 20 minutes plus tard les miliciens reviennent aux véhicules, escortant une douzaine d'hommes, qui furent confiés à la garde des P.P.F. et de quelques miliciens. Dans les minutes suivantes quelques miliciens accompagnés des quelques P.P.F revirement chargés de bouteilles d'eau de vie, de beurre et lard, et de ballots de linge. C'est à ce moment là qu'un incendie se déclare à 400 mètres environ des véhicules, c'est à la Lopinière à la ferme de madame Legrand, qui hébergeait des réfractaires et où les maquisards faisaient leur popote. Il y eu une douzaine d'arrestations, dont celle d'un parachutiste américain, arrêté par un dénommé Ferran. La maison Delaigne du chef de la résistance du bois de Buzot est aussi incendiée.

Pendant l'attaque de la ferme, il est procédé à l'attaque de maisons dans le bourg de Broualan, Roger le Neuf, de Neuville, inspecteur de la Milice, ancien chef de centaine au groupe de Constanzo. Le Neuf interroge, cravache à la main certains habitants. Le boucher Jean Lebois est tué par Fernand Bellier, ainsi que le forgeron, Joseph Hue. Madame Billet, sœur de Jean Lebois, est blessée grièvement et mourra, quinze jours plus tard.

 

Les prisonniers sont placés sur une ligne, le long d'un talus. Parmi les prisonniers se trouve l’adjudant Lambert, il est déshabillé et roués de coups de ceinturon sur le dos et les fesses. Le commandant de la milice Constanzo aidé de son ordonnance, aident Rollin à frapper l’adjudant Lambert, cette sauvagerie dure environ un quart d'heure. Il est ordonné à l’adjudant Lambert de se rhabiller, Rollin est chargé de le fouiller, et trouve sur lui une liste de noms de maquisards. Ce sinistre Rollin, chef du groupe, habillé en bleu marine et chaussé de bottes allemandes, il était connu comme étant brutal et cruel. L’adjudant Lambert à bout de force est tombé à terre. Le chef Rollin fit déshabillé un second patriote, qui devait être René Capitain de Saint Malo, il ordonna même à René Capitain de ce mettre à cheval sur le dos de l'adjudant Lambert. René Capitain connu le même sort que le malheureux Lambert, roué de coups par les trois mêmes tortionnaires.

René Capitain reçu l'ordre de ce mettre dans le rang, son calvaire continua avec deux tortionnaires supplémentaires, Imbert Maurice et Chaperon, un autre chef, il est l'interprète en Anglais et Allemand, ils s’acharnèrent à coups de mitraillette sur René Capitain. Il semble qu'un ancien contentieux régnait depuis quelques temps entre Chaperon et René Capitain, Chaperon fit sortir du rang ce pauvre Capitain et s'adressa en lui disant "C'est toi qui a dit à Cancale, qu'après la guerre tu aurais fait saillir ma femme par ton chien". Chaperon continua à frapper René Capitain, qui trébuchait, un officier milicien voulut à ce moment là l'abattre, Chaperon le repoussa en déclarant "C'est moi qui lui ferait son affaire", je veux essayer mon colt". Aussitôt il lui envoya à bout portant une balle dans la nuque.

Imbert n'était pas resté inactif, passant devant la file des patriotes arrêtés, Imbert les frappaient sauvagement à coups de pieds, coups de poings, coups de tête. Soudain un avion Allié survole le convoi, Rollin fit aligner les hommes sur la route et pendant que les miliciens se cachaient dans les fossés, Rollin les prévint que si l'avion tirait les hommes seraient achevés à coups de mitraillettes.

Après l’assassinat de René Capitain, les patriotes furent embarqués dans une camionnette et Rollin donna ordre de la garder. Cinq minutes plus tard les assassins quittent les lieux laissant sur place, le corps du malheureux René Capitain à la Lopinière.

Le convoi quitta Broualan, en direction de Rennes, et sur la route, les miliciens effectuèrent le contrôle des papiers d'identité à des hommes et jeunes gens rencontrés. Plusieurs arrestations furent opérées. Puis le convoi stoppa à Saint Rémy du Plain. Les Miliciens firent descendre les patriotes de la camionnette et les emmenèrent par un chemin creux, vers une carrière, située à 200 mètres de la route. Il y avait avec les Miliciens, les dénommés, Rollin, Chapron, Imbert et Caravel. Une quinzaine de maquisards furent emmenés vers la carrière, dont un officier américain. 20 minutes plus tard, il fut entendu de nombreuses rafales de mitraillette. Le médecin légiste qui aura en charge l’identification des huit corps, notera que pour certains des corps étaient déjà dans tel état de décomposition qu'il était difficile aucune constatation utile sur les parois externe des corps. Tous ses malheureux hommes furent exécutés à la mitraillette, d’où la constations du médecin légiste, certains corps furent retrouvés avec plusieurs impacts de balles, notamment celui de l'inconnu, anglais ou américain, avec huit impacts, dont une balle de 9 mm qui fut retrouvée intacte dans le pli du fessier droit, balle qui fut remise à M. le Juge d'Instruction. Dans le dossier Schwaller, il est accusé par ses comparses qui se serait vanté d'avoir tué l'officier canadien ainsi qu'un jeune homme de la région. Les bourreaux donneront en guise de coup de grâce sur chaque corps, un tir dans une tempe ou à l'arrière du coup avec leur colt.

 

Peu de temps après, sept ou huit maquisards escortés par des Miliciens, et les quatre membres du Groupe d'Action. Caravel revint revêtu du blouson en cuir du jeune Armand Pasquet qui venait d'être abattu. Les bourreaux regagnèrent leur cantonnement à Rennes vers 18 heures.

Nous devons le récit de ses exactions grâce à l’arrestation de deux miliciens et de leur déposition, des hommes qui furent très prolifiques enfin de compte. Le dénommé Poste Raymond de Saint Servan et de Lemaréchal André de Pleine Fougères.

 

Le 8 juillet, à 18 heures 45, deux gendarmes à la résidence d'Antrain, sont prévenus que huit cadavres d'hommes inconnus, criblés de balles, venaient d'être découverts dans une carrière, à Saint Rémy du Plein, à proximité du village de Touchasse. Ils se rendent immédiatement sur les lieux. Monsieur le maire Jamin a requis le Docteur Goudal de la commune afin de procéder à l’examen des cadavres.

Le médecin a conclu que les huit victimes étaient décédés des suites des suites de blessures multiples par armes à feu. Les gendarmes procèdent aux constatations et à l'examen de l'état des lieux puis au relevé avec le signalement de chaque cadavres. Les victimes étant inconnues. Monsieur le maire fait transporter les corps dans une salle de classe au bourg de Saint Rémy, aménagée spécialement à cet effet.

Le 9 juillet deux gendarmes détachés de la brigade, vont mettre au courant le Commandant de section replié à Javené et prévenir Monsieur le Procureur de la République à Fougères. Les deux adjudants poursuivent leur enquête et auditionne, un premier témoin, entrepreneur de scierie au bourg de Rimou. Ce témoin confirme avoir vu plusieurs véhicules stationnés sur le bord de la route en direction de Bazouges La Pérouse, et un véhicule manœuvrer et reculer dans une charrière. Quelques instants plus tard j'ai entendu plusieurs détonations, vraisemblablement des salves de mitraillettes.

Ensuite les véhicules, un car et deux camions étaient charges de Miliciens et de civils et quatre voitures dans lesquelles il y avait également des Miliciens et des militaires allemands. Le lendemain, 8, vers 16 heures 30, trois jeunes hommes qui circulaient à pied se sont arrêtés et l'un deux est venu le trouver pour lui dire, qu'ils revenaient de Rennes où la veille ils avaient été emmenés par les Miliciens. Il ajoute que dans une autre voiture, huit jeunes gens avaient été fusillés à l'endroit ou le témoin avait entendu la fusillade.

Un second témoin, une femme de la Baronnais, en Saint Rémy du Plein, est auditionnée elle aussi. Cette dame aperçois un groupe d'hommes de 25 à 30, habillés en bleu. Un homme en bleu est venu vers elle, lui disant : "Courez, courez vite la mère, on va tirer". Elle a fait ce qu'elle pu pour s'éloigner au plus vite, une vingtaine de mètre et plusieurs fusillades retentissent. Elle se trouvait en fin de compte tout près du lieu des exécutions, le talus bordant le chemin lui empêchant de voir ce qui se passait. Elle a juste appris le lendemain que huit cadavres gisaient au fond de la carrière.

Monsieur le maire, habitant au Bois Gautier et souffrant ce 8 juillet, est prévenu dans l’après midi de la découverte de huit cadavres, demande à sa femme de la suppléer et de se rendre immédiatement sur les lieux et lui rendre compte des faits. Ce n'ai que le lendemain que monsieur maire ira à la salle de l'école pour identifier les corps, il ne pourra reconnaître aucun des huit hommes.

Le Docteur Goudal qui fut commis pour examiner les corps, délivra un certificat médical, de ses constatations sur le type mort qui fut affligé aux huit hommes.

Les gendarmes poursuivent leur enquête, la carrière où fut retrouvé les huit cadavres, mesure environ 25 mètres de longueur sur 10 mètres de largeur, et varie de 3 à 4 mètres de profondeur. Le fond étant parsemé de ronces. Pour accéder à cette carrière, il existe juste un vieux chemin, pour ainsi dire pas fréquenté, ce qui rends le lieu désert. Le chemin étant bordé de grands arbres et planté d'un taillis.

Au fond de la carrière, il est constaté, que huit cadavres, d’hommes âgés d'environ de 20 à 30 ans, gisent pêle-mêle, signe que les corps furent projetés du haut. Un procès verbal est dressé le 9 juillet, sur le signalement des huit victimes. Les renseignements physionomiques de chaque homme est ainsi rempli.

Il faut attendre le 10 septembre, pour que M. le Juge d'Instruction ordonne à l'effet de procéder aux autopsies de six cadavres. 1/Couriol Maurice, 2/Pasquet Armand, 3/Lemonnier Joseph, 4/un inconnu, 5/un inconnu anglais ou américain, 6/Hucet René de Laval, 7/un inconnu de type espagnol, inscrit sous le n°8.

Le n° 1, Couriol Maurice de Saint-Méloir-des-Ondes.

Le n° 2, Pasquet Armand de Fougères.

Le n° 3, Lemonnier Joseph de Saint-Hélen dans les Côtes-d'Armor.

Le n° 4 était, un moment enregistré, comme étant un inconnu, fut identifié sous le nom de Renault Michel.

L'inconnu n° 5, un anglais ou américain, est un officier américain, George E. Hendrickson.

Le n° 6, Hucet René de Grez-en-Bouère en Mayenne.

Le n° 8, un inconnu à identifier.

Le second lieutenant George E. Hendrickson, était un parachutiste de la 82nd Airborne Division, 505th Parachute Infantry Regt. Le 6 juin 1944, à partir de 3 heures du matin, les parachutistes de la 82nd Airborne sautent sur la Normandie : ils sont chargés de capturer différents objectifs à l’ouest de la zone d’invasion amphibie alliée, comme la ville de Sainte-Mère-Eglise ou le pont de la Fière.

George, blessé, il est capturé vers 18 heures près de Sainte-Mère-Eglise, il est évacué vers un hôpital près de Friesville, puis transféré dans un camp de prisonniers au sud de Saint Lô, vers la Chapelle-sur-Vire. Le 28 juin, des prisonniers sont transférés vers un autre camp de prisonnier sur Rennes, George Hendrickson et deux autres officiers (Le 1st Lt. Robert D. Keeler et le 1st Lt. James Irwin), échappent à leurs ravisseurs allemands, durant leur transfert. Les trois hommes restent ensembles jusqu'au 2 juillet 1944, date à laquelle ils se séparent et prévoient de rejoindre les forces américaines. Les deux hommes qui accompagnaient George Hendrickson ont été récupérés le 12 août 1944 par les forces américaines. Voici le récit d’après le rapport escape evasion de Robert D. Keeler.

Le 1st Lt. Robert D. Keeler, était dans le Pathfinders Group commandé par le Major Neal L. Roberts, du 505ème régiment d'infanterie parachutiste, Cie QG. Parachuté à 2 heures du matin, il a été capturé dès les premières minutes du 6 juin près de Sainte Mère Église. En allant vers Fresville, il a vite été encerclé par les mortiers et mitrailleuses ennemies, "les mains en l'air" le voici prisonnier et blessé. Ils ont marchés jusqu'à Montebourg, puis dans un véhicule pour Valognes. Il est resté six jours dans un hôpital. Il a été transféré en marchant à pied pendant quatre nuits, sur Bricquebec, puis à Tessy sur Vire. Ils se sont retrouvés à 150 hommes, 50 officiers, environ 25 officiers ont été mis dans un bus pour voyager de nuit, direction Paris.

Il y avait trois sous-officiers allemands dans la partie avant de l'autobus, en face d'eux pour les garder. Soudain ils se sont précipités sur la porte, le Lt. Irwin et le Lt. Hendrickson George, ont sautés en dehors du bus, une chance il faisait une nuit bien noire et les gardiens n'ont pas eu le temps de réagir. Il était environ minuit, ils étaient près de Couptrain.

Ils sont vite rentrés en contact avec des civils français, qui leur on donné des vêtements civils et brûlé leurs uniformes. Un plan d'évasion a été élaboré pour les envoyer sur la Bretagne. Direction Fougères, puis chez le curé d'un petit village à coté d'Antrain, à Saint Rémy du Plain, le prêtre contacte les hommes de la résistance. Il rencontre à Antrain un sergent chef et 8 jeunes hommes membres de la résistance. Il est caché dans les bois à 300 mt du village.

Robert est ensuite envoyé sur la Chapelle ? (Chapelle aux Filtzméens ?), car ensuite de la Chapelle il est caché à Pleugueneuc pendant deux jours, puis il part en compagnie d'une jeune femme blonde de la résistance et conduit dans la maison de M Pinchede 24 rue Kitchener à Dinan. A Dinan, il est prit en charge par George Tillou et envoyé dans un château près de Languedias. Il retrouve ensuite les Lt. Ginder et Hendrickson Frank. Ils sont libérés tous les deux par les troupes US le 2 août. Rejoindra l'Angleterre à temps pour sauter en Hollande lors l'opération Market Garden en septembre 1944.

(Il sera informé par une femme membre de la résistance qu'un américain caché dans un bois à Broualan, qu'il s'agisse du Lt. Hendrickson, il y a une possibilité qu'il a été fait prisonnier et tué).

Rapport escape evasion de James Irwin (1st Lt.) E&E 908. ARC Archival Research Catalog.

Le 1st Lt. James Irwin, subit le même sort que le 1st Lt. Robert D. Keeler, blessé il est envoyé dans un hôpital à Valognes pendant 10 jours. Il sera prit en charge par un prêtre de l'école catholique de garçons de Saint-Ellier-du-Maine, puis envoyé en foret de Fougères. Envoyé chez l'ancien maire de St Thual, M Homo, puis envoyé quatre jours dans la famille de Célestin Brandilly et retrouve le 2Lt. Blaine Barritt chez Mme Petit et René Pinault près de St Thual.

Dans le dossier IDPF (Individual Deceased Personnel File, dossier de la personne décédée, de George E. Hendrickson. Concernant l'inconnu américain mort à St Rémi du Plain : l'information qui suit avait été rapporté par Pierre Hubert, de St Rémy du Plain, du décédé le 7 juillet, l'inconnu est arrivé dans la communauté le ou après le 4 juillet 1944. Il était en compagnie du maquis, les résistants Français, il fut introduit à leurs rassemblements comme étant un officier Américain. Il parlait équitablement bien le français, cependant avec une légère inflexion dans la voix.

Trois jours avant un avion Allié avait atterrit en dehors du village, puis ensuite décollé à l'arrivée des villageois sur place, donc cet officier aurait pu avoir été un membre de cet avion.

François Goude, gendarme à Antrain, a fait une recherche immédiate sur le lieux de l'exécution le 8 juillet 1944. Des huit corps, six furent identifiés comme étant du maquis local ; tandis que l'officier américain, inconnu, Il était identifié par ses vêtements français qu'il portait. Un contrôle dans le village n'indique pas comment, par qui il a été habillé. Le rapport du gendarme prouve que cet homme, était vêtu d'un veston, d'un petit gilet, et d'un pantalon de drap noir à rayures grises, d'une chemise à petites rayures violettes. Dans une petite poche du gilet, se trouvait un gant de femme blanc, marqué au poignet et à l'intérieur avec du fil rouge "Mary E. Abshire", tamponné à l'encre noire sur la paume intérieure de la main de l'homme "H -7411".

Une description de l'homme montre qu'il était âgé de 28 à 30 ans, pour une taille de 1,80 m, d'une corpulence forte. Cheveux châtain clair, yeux bleus, nez rectiligne, visage ovale, rasé, bouche moyenne. Marques particulières : calvitie frontale, ongles bien faits. Objets de sûreté, (genre masselottes) sans chaînes, aux poignets.  Selon la circulaire N°063 en date du 19 septembre 1944, secrétariat général des Anciens Combattants à Saint Rémi du Plain, tombe n°5, décédé le 7 juillet 1944. Présumé sous-lieutenant parachutiste. Fusillé par la milice.

Les restes des huit hommes furent enterrés dans le cimetière de village à St Rémy du Plain. En 1945, les restes de l'officier inconnu étaient transférés au cimetière de St James, lot N, rangée 8, tombe 195.

Le corps de l'officier américain a été exhumé du cimetière de Saint Rémy du Plain, le 16 octobre 1944 par le service des Quartermaster Graves Registration Company. L'inconnu est dès aussitôt enregistré sous le X-160. Il va falloir attendre le 20 novembre 1946, pour que les médecins légistes à Carentan, qui à partir de deux sous-vêtements de marque américaine. Marqué sur un tricot de corps, H-7411. Étiquette estampillée PHJL. Q.M, Dépôt 43. Ainsi qu'un  caleçon court en coton avec les marquages : Size 40, G.E.H. marqué H 7411. Les matricules américain étaient composés, sur les équipements de l'initiale du nom de famile avec un - suivit des 4 derniers chiffres du matricule.

Son corps définitivement identifié à la date du 7 juin 1948. Un courrier envoyé à la mère de George E. Hendrickson, originaire de la ville de Bergenfield, le 30 juin 1948, rapport final d'investigation. Le 2nd Lt. Hendrickson George, Co "I", 3rd Bn. 505th Prcht Inf. né en 1918. Déclaré missing le 6 juin 1944 à la date du 1er août 1944.

 

George E. Hendrickson est né en 1918 dans l'état de New York. En 1940 il était marié à Nell Hendrickson, née en 1917, le couple vivaient à Hackensack (New Jersey). Puis divorcé. Ses parents Minnie et Nils demeuraient Hickory Avenue à Bergenfield en 1944. George avait une sœur Alice née en 1921 et un frère Harold né en 1927, (décédé jeune).

Quand au gant de femme blanc, marqué au poignet et à l'intérieur avec du fil rouge "Mary E. Abshire", appartenait à ce moment là à sa nouvelle fiancée. Les services d'identification envoyèrent un courrier, à Miss Mary E Abshire, à une adresse à Cleveland dans l'état de L'Ohio, mais le courrier leur ai revenu. Mary E. Abshire était née en 1923, pendant la guerre elle avait le grade de SP1 USNR, qui correspondait au grade de Specialist 1st Class, United States Navy Reserve (USNR) est la réserve de volontaires de la Marine des États-Unis.

 

Il reste un dernier corps non identifié, le n° 8, mais qui pourrait être un espagnol ayant le type de ce pays et le teint bronzé, selon le dernier rapport du médecin, rédigé le le 12 septembre 1944 pour le Palais de Justice de Fougères.

Homme âgé de 28 à 30 ans, taille 1,65 environ, corpulence faible, cheveux noirs, yeux ?, nez rectiligne, visage ovale et allongé, bouche moyenne. Teint bronzé, genre type espagnol, porte une alliance en métal blanc au petit doigt gauche, mal rasé. Vêtu d’un blouson en cuir noir usagé, d’une chemisette blanche à rayures et d’un pantalon à rayures blanches.

Voici le témoignage de M. Rémy Marchand en juin 2009.

Les FTP d'Ile & Vilaine, commandés par le Commandant Louis Pétri des Côtes D'Armor, en Ille & Vilaine et en direction de la Normandie, dans l'Orne et de la Mayenne. Ces FTP étaient regroupés dans quelques points forts dont celui de Broualan, au Bois de Buzot.

J'avais 17 ans au moment de ce drame. J'étais dans le groupe de Lanhélin Bonnemain et notre rôle était en particulier d'accueillir et d'escorter ceux qui se rendaient de Bretagne vers les maquis de Normandie. C'est ainsi que sur ce trajet j'escortais les petits groupes et les isolés regagnant Broualan.

Ce faisant, j'étais en relation avec la population et connaissais bien les fermiers des environs et repérais les inconnus de passage, réfractaires et maquisards pour la plupart, et aussi les visages nouveaux, toujours suspects, car les miliciens et leurs sbires passaient souvent en repérages.

J'ai connu à cette occasion un voisin venu de Plerguer dénommé « le manouche » entre nous, et qui était raisonnablement membre d'un groupe de gens du voyage... Son travail dans la région était de couper des genêts, pour en faire des balais qu'il vendait dans les fermes, et l'occasion il offrait ses services comme journalier. Il n'était pas donc aucunement en rapport avec les FTP ! Ses 5 enfants, 2 avec lui passaient parfois. Il se trouvait là par hasard, le matin du 6 juillet quand les miliciens attaquèrent le maquis. Il étaient vêtus de leur uniforme bleu marine, avec un grand béret semblable à celui des chasseurs alpins... Il crut donc avoir à faire à des résistants. A leur question « que viens-tu faire ici ? » il leur répondit « je viens avec les copains, pour tuer des boches... Ils l'ont aussitôt embarqué et remis aux allemands qui avaient occupé le bois de Buzot.

Le groupe avait été mis en alerte par le commandant Pétri qui avait donné l'ordre de dispersion à la centaine de réfractaires et résistants qui partirent vers la Mayenne et l'Orne. Quelques uns n'avaient pas pu partir et furent accrochés par les gens en uniforme allemands, qui se révélèrent des membres du fameux Bezen Perrot, le parti autonomiste breton. Pas facile de les distinguer du milicien des soldats nazis, puis entre eux ils parlaient breton. Le malheureux marchand de balais fut abattu sur place en même temps que les résistants et le parachutiste américain.

Monsieur Rémy Marchant, Dinard, le 5 juin 2009.

 

Épilogue : Pour ce dernier inconnu qui repose toujours 75 ans après ce massacre, dans le cimetière de Saint Rémy du Plain, nous lançons un appel afin de l’identifier, mettre un nom sur ce dernier martyr, il avait parait il au moins quatre enfants, voir cinq. Je compte beaucoup sur ce portrait robot, en espérant que des souvenirs refont surface avec des enfants encore en vie, un père de famille partit sur les routes sans doute loin de chez lui, disparu dans une période de la fin de guerre des plus trouble, mort un mois après le débarquement, environ 25 jours avant la libération de la région.

Malgré un avis de diffusion, du signalement des victimes en date du 10 juillet 1944 dans le journal, ce dernier resta non identifié. Concernant cette phrase de M. Marchand pour cet inconnu : dénommé « le manouche » entre nous, et qui était raisonnablement membre d'un groupe de gens du voyage. Le terme de "gens du voyage" est une catégorie administrative qui a été créée en France en 1969, autrefois il était plus question à la campagne de parler à propos des gitans, des romanicheles. Mais une question se pose, la définition employée à propos de cet homme est elle la bonne.

Les Allemands ordonnent leur assignation à résidence dès 1940. Les nomades pendant la guerre furent internés dans des camps, en Ille & Vilaine, il y avait le Camp d'internement de la rue Le Guen de Kérangal à Rennes. Les gendarmes à l'époque, devait bien et savait très parfaitement faire la différence, entre les manouches et les réfugiés espagnols. Le médecin légiste en donne la même description. Teint bronzé, genre type espagnol. Dans la liste officielle du Juge d'instruction il est noté : Z.................semblant Espagnol.

La piste d'un homme, un réfugié Espagnol fut engagé en octobre 2013. L'Ille & Vilaine ayant dès le début de juin 1937, puis en 1938, en 1939, c'est "Retirada". Le 2 février arrivent 450 femmes et enfants et Rennes apparaît comme la « gare régulatrice" des divers convois qui sont montés vers l’ouest.

M. Marchand, témoigne à propos de l'inconnu : un voisin venu de Plerguer. Dès 1941, la Sous Préfecture de Saint Malo, adresse un courrier, un ordre de la Feldkommandatur de Rennes, les réfugiés Espagnols dont la liste est transmise, devront prendre place dans un train à Saint Malo en partance pour Vierzon-ville. Beaucoup de familles, des célibataires, dans la région de Saint Malo, resteront dans des communes avoisinantes. Des ouvriers agricoles, terrassiers, manœuvres, journalier, des boulangers. Malgré l'étude approfondie des listes des familles réfugiées dans ce secteur de Saint Malo, rien de concret ne fait surface. Il y a bien une famille, un couple avec quatre enfants, réfugiés à Bazouges sous Hédé, mais le chef de famille avait 50 ans en 1944. En réalité deux familles Espagnoles furent réfugiés sur la commune de Bazouges sous Hédé.

 

Les derniers actes de cruauté des miliciens seront dans cette même région, le lendemain 8 juillet avec les expéditions sur le maquis de Vieux-Vy-sur-Couesnon où Schwaller et ses "mousquetaires" participeront sur un ordre écrit de Constanzo. Les miliciens tuèrent le jeune Yvonnick Laurent. Les hommes partirent à deux voitures, une petite Peugeot conduite par l'inspecteur Paul, un certain Cado et une traction avant de type familial, piloté par Ferrand et Schwaller, Guindé et Bellier.

Entre les procès de 1945/1946, les principaux bourreaux miliciens de la région, auront droit au dernier châtiment suprême, la peine de mort. Schwaller, Di Constanzo, Monnier.

Pour les autres, des condamnations à des peines de travaux forcés à perpétuité.

 

Source : AD Ille & Vilaine

 

Photo de l'inconnu typé espagnol, il était âgé d'environ 28 à 30 ans, portait un blouson en cuir noir usagé, une chemisette blanche à rayure et un pantalon à rayures blanches;

Portrait robot réalisé par Guylène Desille.

Article pour le journal Ouest France.

Articles réalisés avec Christine Nouzarède 6 au total dont un en page départementale + le retour de la cérémonie). A partir du 3 juillet 2019.

Malheureusement il n’y a pas eu des retours par la suite avec cet appel aux témoignages pour retrouver des descendants de cet inconnu.

 

Tombe de l'inconnu dans le cimetière de Saint Rémi du Plain, honnoré comme étant un résitant