Jeudi 31 août 1944

En mer, face à Saint-Malo

Halifax Mark. III MZ879

"If any"

Codé BM-O

No. 433 "Porcupine" Squadron RCAF

Le 31 août 1944. MISSION SUR LES BATTERIES CÔTIÈRES

 

165 Halifax de 6 Groupes et 5 Mosquito Pathfinder ont bombardé la batterie de l'Île de Cezembre près de St-Malo. 1 Mosquito photographique a accompagné le raid. La force de bombardement a volé à 3.000 pied (914,4 mt) ou moins sur les cibles non défendues et a réalisé une bonne concentration de bombardement.

1 Halifax perdu.

No. 6 Group RCAF

RAF Linton-on-Ouse, North Yorkshire

No. 408 "Goose" Squadron RCAF

15

RAF East Moor, Sutton-on-the-Forest, North Yorkshire

No. 415 "Swordfish" Squadron RCAF

15

RAF Tholthorpe, Easingwold, North Yorkshire

No. 420 "Snowy Owl" Squadron RCAF

15

RAF Tholthorpe, Easingwold, North Yorkshire

No. 425 "Alouette" Squadron RCAF

15

RAF Tempsford, Tempsford, Bedfordshire

No. 426 "Thunderbird" Squadron RCAF

15

RAF Croft, Dalton-on-Tees, North Yorkshire

No. 427 "Lion" Squadron RCAF

14

RAF Leeming, North Yorkshire

No. 429 "Bison" Squadron RCAF 

16

RAF Croft, Dalton-on-Tees, North Yorkshire

No. 431 "Iroquois" Squadron RCAF 

15

RAF East Moor, Sutton-on-the-Forest, North Yorkshire

No. 432 "Leaside" Squadron RCAF 

15

RAF Skipton-on-Swale, North Yorkshire

No. 433 "Porcupine" Squadron RCAF

15

RAF Croft, Dalton-on-Tees, North Yorkshire

No. 434 "Bluenose" Squadron RCAF 

15

No. 8 Group, trois Mosquito du N° 105 Squadron, Pathfinder Force (PFF). Mosquito Mk. IX. ML919. Mosquito Mk.XVI. ML986 et Mosquito Mk. XVI. ML996. Décollent à 11h20, 11h12 et 11h03.

N° 109 Squadron, Pathfinder Force (PFF). Mosquito Mk. IX. ML907. Cible Ile de Cézembre. Marqueur de 32,000' par A.R. 5513 (Automatic Release Navigational Aids Oboe). Nuages 5/10.

Mosquito Mk. IX. ML510. Cible Iles de Cézembre. Marqueur de 22,000 pieds (6,7056 mt) par A.R. 5513. Nuages 10/10 à 10,000 pieds (3,048 mt) . Ils décollent à 11h15 & 11h20. 

169 (y compris) auraient attaqué les batteries côtières avec 800,2 tonnes de bombes HE et 1,8 tonnes bombes IB. 1 sortie avortée et un Mosquito du 5 Group a complété avec une Photo Recconaissance de la cible.

 

No. 5 Group RCAF, un Mosquito du N° 627 Squadron. Mosquito B Mk XX - KB215. Flying Officer. Cribbin M.D. Flying Officer. Herbert P.G. Décollage à 11h40, Cible Iles de Cézembre. Photos prisent de 13h04 à 13h20. De 3000/800 ft (914.4 mts). Ce raid semblait très concentré ; seulement quelques bombes tombèrent dans la mer pendant l'attaque. 

 

Les 165 Halifax (y compris 1 disparu) auraient attaqué la cible principale avec 799,1 tonnes HE et 1,8 tonnes IB.

En règle générale les Halifax emportaient avec eux 9 bombes de 1000 Ib SAP TD. et 4 bombes de 500 Ib MC. Bombardement de la cible à partir de 13 heures. D'une altitude de 2000 ft (609.6 mts).

 

Les 15 Halifax No. 433 "Porcupine" Squadron RCAF, décollent du terrain de la RAF Skipton-on-Swale, situé North Yorkshire, entre 10h28 et 10h42. Les 14 qui reviendront, vont atterir entre 15h14 et 15h44.

Selon l'ORB du 433 Sqdn du mois d'août 1944, l'Halifax B. Mk.III MZ879, "If any" était à sa cinquième mission opérationnelle au cours de ce mois. Il fut attribué à chacune des ses cinq missions à des équipages différents.

Le Flying Officer (Pilot). BEVERIDGE JAMES RALPH et son équipage étaient dans ce même mois à leur dixième mission. L'Halifax B. Mk.III MZ879, "If any", n'était pas leur bombardier attritré, ayant effectué par trois fois leur mission sur un Halifax différent. Le 31 aout, le Flying Officer (Pilot). BEVERIDGE JAMES prenait les commandes du "If any" à 10h36 pour leur dernière mission. Il fut touché de plein fouet par un obus ou des obus ?. La défense de l'île de Cézembre était composée de 6 canons lourds de 194 mm capturés à la marine française, plus un canon de 50 mm, et d'une batterie italienne de 75 mm, et aussi elle était équipé de postes de flak légère.

 

HE : High Explosive.

SAP : Semi Armour Piercing.

TD : Time Delay.

MC : Medium Capacity (MC) Bombs.

Voir dossier sur les bombes anglaises

 

Source documents : Royal Canadian Air Force operations record books : C-12434

ORB : Squadron Number: 627 Records of Events: Y - Squadron Number: 105 Records of Events: Y - Squadron Number: 109 Records of Events: Y

ABSA 39-45 - Mars 2017

 

RANGÉE ARRIÈRE, DE GAUCHE À DROITE : GARRETT, INCONNU, HARMAN, HAWKINS, LONG

RANGÉE AVANT, DE GAUCHE À DROITE : BEVERIDGE, GUERNSEY

 

Flying Officer. (Pilot). BEVERIDGE JAMES RALPH.

GO

Sergeant (Fl/Eng). GARRETT CHARLES WILLIAM.

GO

Pilot Officer (Nav). HARMAN, FREDERIC CUTHBERT.

GO

Pilot Officer (Air Bomber). LONG WENDELL LYALL.

GO

Pilot Officer (W.Op./Air Gnr.). GUERNSEY LORNE STANLEY.

GO

Pilot Officer (Air Gnr.). PHARIS GEORGE WILLIAM.

GO

Pilot Officer (Air Gnr.). HAWKINS JAMES REID.

GO
La découverte d’un bombardier canadien tombé en mer le 31 août 1944

 

Dans les années 90, Claude Archambault, un ami spécialiste de la seconde guerre mondiale, me communique la liste des appareils perdus en mer au large de Saint-Malo. Il y figure un Handley Page Halifax, abattu le 31 août 1944 après le bombardement de l’île de Cézembre…

A partir de 1942, les Allemands fortifient l'île de Cézembre, des canons de gros calibre interdisent l’accès de baie de Saint-Malo aux navires alliés, elle est également dotée d’une puissante défense antiaérienne. L’île commandée par l'oberleutnant Richard Seuss est occupée par près de 400 hommes : des marins allemands, des soldats russes, italiens et polonais.

Le 6 août 1944, l’armée américaine arrive à Saint-Malo par la route nationale 137… Le 17 août, après plusieurs jours de combats meurtriers et de nombreuses destructions, les Allemands qui occupent la cité corsaire capitulent. L’île de Cézembre est le dernier bastion qui résiste. Pour les Américains, la destruction de cette position est primordiale afin qu’ils puissent utiliser les ports de Granville, Cancale et Saint-Malo pour l’acheminement du matériel et des provisions qui sont vitaux pour eux.

L’idée d’un débarquement est très vite écartée car il serait très coûteux en vies humaines. On lui préfère un pilonnage systématique par l’artillerie terrestre, soutenu par l’aviation qui largue des bombes explosives, incendiaires au phosphore ou au napalm. Cézembre reçoit ses ordres de Jersey, commandée par le vice amiral Hüffmeier, un fervent nazi qui applique avec zèle les consignes du führer : résister aux alliés afin de retarder leur progression vers l’Allemagne. Richard Seuss refuse donc de capituler… Puisqu’il en est ainsi, le commandement américain décide d’anéantir la garnison avec les obus de 380 mm du cuirassé britannique Malaya. Malgré ce « déluge de fer », aucun drapeau blanc n’apparaît…

Le jeudi 31 août marque l’apogée de cet enfer, en fin de matinée, 165 Halifax de 6 groupes attaquent l'Île. Il fait beau et le ciel est dégagé, cinq Mosquito marquent les cibles, ensuite les quadrimoteurs larguent leurs bombes. Les Malouins libérés depuis peu, se sont massés sur le Sillon pour assister au « spectacle » ! Après quatre longues années passées sous le joug des Allemands, ils ne sont pas mécontents de voir l’occupant subir les bombardements. 15 appareils canadiens du Squadron 433 participent à ce raid. Le Halifax « If any », piloté par James Ralph Beveridge vient de larguer ses bombes, il est touché par la D.C.A. et perd rapidement de l’altitude. Il se dirige vers la pointe de la Varde, sous le regard anxieux des Malouins. L’appareil est trop bas pour que l’équipage puisse sauter en parachute, Beveridge et son copilote décident de tenter un amerrissage en s’approchant au maximum de la pointe de la Varde. L’avion percute brutalement la surface de l’eau, se brise et coule rapidement. La mer est basse et les nombreux témoins affluent sur la plage pour recueillir les éventuels survivants. L’appareil a disparu, aucun des sept membres d’équipage n’a pu quitter son bord, leurs corps ne seront jamais retrouvés. Le mécanicien, Charles William Garrett, était le seul Anglais de l’équipage, âgé de 36 ans, il avait dépassé l’âge légal pour voler. Il a probablement été obligé d’insister pour contourner le règlement de la R.A.F. Le plus jeune, James Reid Hawkins, le mitrailleur dorsal n’avait que 20 ans. George William Pharis, le mitrailleur arrière, avait déjà perdu son frère en novembre 1943, dont l’appareil s’était écrasé. Deux jours plus tard, l’île de Cézembre finira par capituler…

La recherche de l’épave

 

Comme le rapport de l’escadrille est très succinct, la solution pour localiser le point de chute de cet avion est de retrouver des témoins. En 1998, je fais paraître un appel à témoins, huit personnes y répondent, c’est très émouvant de lire ces lettres écrites par des personnes âgées qui étaient adolescentes à l’époque. Toutes ont vu le bombardier tomber en mer, en revanche les versions divergent… Avec Thierry Trotin, mon binôme de plongée, nous déterminons une zone de recherche assez vaste : un rectangle de1 km sur 2…

Ensuite nous ratissons sans succès la zone au sondeur. Comme les autres épaves d’avions de la région, notre bombardier est certainement disloqué. Nous optons pour une méthode beaucoup plus aléatoire : des plongées en dérive... Pendant 20 ans nous effectuons plus de 40 plongées, portés par les courants… Le 30 juin 2018, Yann Ecolan, un plongeur malouin, nous confie un nouvel indice : la position GPS d’une hélice tripale. En plongeant, nous identifions une hélice Hamilton standard qui était montée sur les Halifax. Elle gît seule, sur un tombant rocheux, elle a probablement été déposée par des pêcheurs professionnels, afin d’éliminer cette croche. La position de cette hélice nous indique une latitude, en la recoupant avec les témoignages de l’époque, nous orientons alors nos recherches à l’Est de ce point. Le 11 juillet, nous effectuons plusieurs plongées en dérive, lors de la dernière, nous découvrons un morceau d’aile isolé. Thierry retourne sur les lieux avec Vincent Colleu, en poussant la sensibilité du sondeur, ils obtiennent plusieurs petits échos. Sous l’eau, ils découvrent les quatre moteurs du bombardier et de nombreux débris qui reposent sur un fond vaseux, recouvert de crépidules. L’avion a beaucoup souffert des tempêtes et des dragues de pêcheurs. Thierry identifie formellement l’appareil en trouvant une « chemise louvoyante », caractéristique des moteurs Bristol Hercules qui équipaient les Halifax.

Il semblerait que les pêcheurs connaissent cette épave, ainsi que les pompiers de Saint-Malo qui auraient remonté une hélice dans les années 80…

Nous avons fait part de notre découverte à Rolland Mazurié de Garenne, le président du Souvenir Français de Saint-Malo, celui-ci organisera une commémoration en mer qui aura lieu le 31 août 2019. Nous avons contacté l’ambassade du Canada afin de retrouver les familles des disparus.

Contact : olivier.brichet@laposte.net

Olivier en train de couper les morceaux de filets qui entourent un moteur
Thierry photographie des bielles
Thierry près d'un moteur
Moteur de l'Halifax
Moteur de l'Halifax
Moteur de l'Halifax
Halifax moteur cassé
Moteur de l'Halifax
Bielles de l'Halifax
Hélice de l'Halifax
Hélice de l'Halifax
Hélice de l'Halifax
Hélice de l'Halifax
Moteur et train d'atterrissage
Morceaux de tôles
Morceau d'aile
Morceau d'aile
Débris divers

Débris divers avec des câbles
Chemise louvoyante

Merci à Olivier Brichet et Thierry Trotin, pour ce reportage photographique sous-marin

Article du journal Ouest France du 23 avril 2019