CABIOCH Georges

 

 

Georges-Jean Cabioch est né le 1er février 1920, à Brest (Finistère), dans une clinique de la rue Victor Hugo.

Ses parents habitent rue Kerhuel, dans le quartier Saint-Marc de Brest. Georges est l'aîné de trois enfants. Après des études à l'école de St-Marc puis à l'école primaire supérieure de Brest, il suit les cours de l'école professionnelle. C'est un garçon nerveux, gai, insouciant, qui dès son tout jeune âge ne rêve que d'aviation.

En 1937 et 1938, il fait partie de la Section d'Aviation Populaire de l'aérodrome de Guipavas. Il y accomplit ses premières heures de vol.

Au début du mois de mai 1938, il s'engage dans l'armée de l'Air et est affecté à l'Ecole de pilotage Hanriot de Bourges, où il arrive le 16 mai. Deux jours plus tard, il fait son premier vol militaire. Il est breveté pilote le 3 août 1938 (n° 11280). A Bourges, il réalise trois cent quatre vingt dix atterrissages en 94 h 53 de vol. Il pilote des Hanriot 182 et des Potez 25 jusqu'au 14 novembre 1938. Il rejoint ensuite le terrain de Châteauroux puis l' Ecole d'Istres en janvier 1939. Affecté à la 2ème escadrille, il est formé au pilotage sans visibilité. Il vole alors sur Morane 230 et 315, ainsi que sur Bloch 210. Il passe ensuite par Orléans-Saran, à la 3ème escadrille en août-septembre 1939. En novembre et décembre suivants, il est à l'Escadrille d'Instruction de Tours. En permission en mai 1940, il n'en profite qu'une seule journée, étant rappelé par télégramme.

Après l'armistice, il est désigné pour Djibouti, embarque à Marseille, mais à peine à bord qu'un contrordre arrive et il se retrouve à terre.

Georges Cabioch décide dès lors de rejoindre l'Angleterre pour se rallier au général de Gaulle. Malgré plusieurs tentatives, il n'y parvient pas.

Il se porte alors volontaire pour l'Afrique Occidentale Française, et part en janvier 1941 pour Bamako (Mali). Affecté au groupe de bombardement I/63 équipé de Martin 167 Maryland, il intègre la 2ème escadrille commandée par le capitaine Fourniol.

Sergent depuis la fin de 1938, il compte à son actif 329 heures de vol en avril 1941. Mais la vie à Bamako ne lui convient pas et surtout, il n'est pas sans savoir que d'autres aviateurs ont réussi à rejoindre le général de Gaulle. D'ailleurs, des colonies voisines comme le Tchad se sont ralliées à la France libre.

Un jour, à l'occasion d'un vol d'entraînement, il fait du rase-mottes, ramenant des branchages accrochés à son appareil. Pour le sanctionner de cette fantaisie, son commandant lui interdit de voler pendant six mois. Il se trouve relégué au fond d'un bureau, lui qui était auparavant si vif et si nerveux. Cette situation ne fait qu'accentuer son désir de rejoindre le général de Gaulle. Et le caractère bouillant du jeune Georges Cabioch se révolta: " Ah! on ne voulait pas le laisser voler, eh bien c'est ce qu'on allait voir... ". Il contacte alors quelques camarades de confiance, et met au point un projet d'évasion.

Et un beau jour, le 16 novembre 1941, accompagné du sergent Orso Vergelati et du caporal-chef Antoine Mariani, le sergent Georges Cabioch s'apprête à prendre le départ à bord d'un appareil du GB I/63. Il est midi et les autres membres du groupe sont déjà au mess. Les trois camarades s'en vont vers la piste où se trouve un avion amarré au sol par des cordages. Ils mettent fébrilement les moteurs en marche, mais l'alerte ayant été donnée, ils sont dans l'obligation de décoller sans faire de point fixe. L'avion s'élance, arrachant les cordages que les fugitifs n'ont pas eu le temps de détacher. Malheureusement, après un décollage parfait, l'avion qui n'a pu prendre assez de vitesse, s'incline sur le côté, et à peine en dehors des limites du terrain, s'écrase au sol et prend feu. Selon certains témoins, la verrière du cockpit se serait ouverte et l'air s'engouffrant à l'intérieur de l'habitacle aurait déséquilibré l'appareil. Hélas, les trois vaillants évadés périssent dans l'accident. Ils furent sommairement inhumés le lendemain, au cimetière européen de Bamako.

Dans un premier temps, les trois aviateurs n'eurent pas droit à la mention "Mort pour la France", leur accident aérien étant " survenu en dehors du temps de guerre " (le GB I/63 faisait partie de l'armée de l'Air dite "d'armistice").

A l'arrivée du général de Gaulle, ils seront réhabilités. Grâce aux témoignages de camarades présents au moment des faits à Bamako, la certitude fut par la suite acquise qu'ils avaient bien essayé de rejoindre le général de Gaulle, et la mention "Mort pour la France" rajoutée dans leur dossier militaire.

Le 5 février 1944, le colonel Michel, Commandant de l'Air en AOF, fit procéder à Bamako, à une cérémonie au cours de laquelle une plaque portant la mention: "Mort pour la France" fut apposée sur chacune de leur tombe. Une allocution à la mémoire du sergent Cabioch et de ses deux compagnons fut prononcée par le commandant Sandoz, Commandant de la Base Aérienne Equipée 310. L'aviation française ayant pleinement réhabilité leur mémoire. Le texte de cette allocution est le suivant:

" Sergent Cabioch du I/63, vous qui reposez ici depuis plus de deux ans déjà, écoutez-moi bien; c'est au nom de vos chefs, c'est au nom de tous vos camarades que je vous parle. Tous trois, vous aviez quitté la Métropole pour cette lointaine terre d'Afrique avec le secret espoir de continuer à lutter contre l'envahisseur de votre pays, vous n'aviez qu'une idée, qu'un idéal, répondre à l'Appel du grand chef qui en n'acceptant pas la capitulation de 1940 avait vraiment pris en mains, l'honneur et les destinées de la France. Aussi dès que l'occasion s'offrit à vous, vous n'avez pas hésité et le 16 novembre 1941, vous vous envolez pleins d'ardeur et d'espérance pour aller rejoindre ceux de vos camarades qui plus heureux que vous, avaient eu le privilège de continuer le combat aux côtés de nos alliés britanniques. Hélas, le sort cruel ne permit pas que votre voeu le plus cher se réalise et à peine après avoir quitté le sol de l'Empire français que vous aspiriez tant à défendre, vous tombiez victimes d'un terrible accident aérien. Si vos chefs, si vos camarades, tout en comprenant la foi qui vous animait et en vous enviant peut-être, ne vous rendirent pas alors l'hommage qui vous était dû, c'est que la rude discipline militaire a ses exigences et comporte des servitudes souvent pénibles. Aujourd'hui où, grâce à tous ceux qui n'ont pas désespéré de la France, nous avons la liberté d'exprimer tout haut ce que nous n'avons jamais cessé de sentir au fond de nous-mêmes, où nous sommes enfin sortis des ténèbres de la défaite pour entrevoir l'aube de la victoire, j'accomplis un pieux devoir en m'inclinant sur vos tombes et en m'adressant à vous une dernière fois pour vous dire: " Reposez en paix, mes camarades, vous avez bien mérité de la Patrie car vous êtes tombés en plein vol et vous êtes bravement morts pour la France " ".

 

Le 17 juillet 1945, la Médaille Militaire fut décernée à titre posthume au sergent Georges Cabioch.

Il faudra attendre encore quelques années avant de voir revenir au pays natal, la dépouille de Georges Cabioch. En effet, le 13 avril 1950, un comité d'honneur reçut les corps de quatre militaires dont celui du sergent Cabioch. Les familles des soldats tués au cours de la guerre sont présentes, ainsi que les principales autorités militaires et civiles. Un piquet de marins en armes et les drapeaux des associations patriotiques rendirent les honneurs, cependant que le lieutenant-colonel Faucher fit l'appel des Morts, auquel répondit l'adjudant Yonnet. Le corps du sergent Georges Cabioch fut ensuite inhumé au cimetière de Saint-Marc à Brest, où il repose désormais.

 

 

Médaille Militaire

Avec l'aimable autorisation de publication pour l'ABSA 39-45 - Biographie copyright Yves Donjon

Médailles commémoratives Wikipédia