Caillaud Yves

Yves-Gustave-Antoine Caillaud est né le 7 avril
1915 à Nantes (Loire-Inférieure) - (devenue
Loire-Atlantique en 1957).
Il est le fils d'Isidore Caillaud et Antoinette
Fortun. Son père, qui est agriculteur, s'engage en
1892 au 11ème Train des Equipages. Il effectue la
campagne de Tunisie, de novembre 1892 à
février 1895. Il séjourne ensuite deux mois en
Algérie. Puis, d'avril 1895 à juillet 1896, il
fait partie du Corps expéditionnaire de Madagascar. A
son retour, il séjourne trois mois en Tunisie. En
août 1900, il est affecté au Corps
expéditionnaire de Chine. Il participe à la
célèbre bataille de Pékin contre la
révolte des Boxers. Il est de retour en
métropole au mois d'août 1901. Après 15
années de service, Isidore Caillaud embrasse une
carrière de comptable. Il est rappelé sous les
drapeaux en qualité d'adjudant et affecté au
Maroc, de juillet à novembre 1918.
Le jeune Yves Caillaud habite à Nantes jusqu'en
1919, date à laquelle sa famille part s'installer
à Baud, dans le Morbihan.
Yves obtient son Certificat d'études primaires
en 1927, avec la mention " Bien " et réussit le
concours d'entrée à " La Joliverie ",
l'Institut catholique professionnel de Nantes qui est
situé sur la commune de
Saint-Sébastien-sur-Loire. Il y côtoie un
garçon nommé Félix Brunet, qui
deviendra plus tard célèbre dans
l'armée de l'Air. Yves fréquente cet
établissement jusqu'en juillet 1933.
Le 31 octobre 1933, Yves signe un engagement
volontaire de 2 ans à l'Intendance coloniale de
Lorient, au titre du 37ème Régiment
d'Aviation.
Le 7 novembre 1933, Yves embarque à Bordeaux
à bord du " Meknès ", à destination de
Casablanca, au Maroc. Il est basé au camp Cazes,
près de Casablanca, pour y suivre son instruction.
Après le peloton, il est affecté en mars 1934,
en qualité de second mécanicien de piste
à l'état-major du 37ème R.A.
de Rabat commandé par le colonel Bouscat. Le parc
aérien est composé d'une dizaine de Potez 25
TOE. Durant son séjour à l'état-major,
Yves Caillaud rencontre le général Vuillemain
ainsi que le général Giraud.
Le 25 septembre 1934, il embarque de nouveau à
bord du " Meknès ", étant
détaché à l'Ecole des
mécaniciens de Rochefort. Il est nommé caporal
le 1er mai 1935.
Le 11 juillet 1935, Yves obtient son Brevet
Supérieur de mécanicien avion (n° 7764)
et est affecté à la 23ème
Escadre aérienne de Toulouse, le 30 juillet suivant.
Il est promu sergent le 1er novembre de la même
année. Il effectue son premier vol comme membre
d'équipage le 10 mai 1936, sur un Bloch 200.
Volontaire pour un séjour colonial, Yves
Caillaud embarque le 9 octobre 1936, à Bordeaux sur
le " Brazza " pour Dakar, au Sénégal où
il arrive huit jours plus tard. Il est affecté
à la 2ème escadrille d'Afrique-occidentale
française commandée par le capitaine Davout
(descendant du maréchal d'empire, duc d'Auerstaedt,
prince d'Eckmühl). La 2ème escadrille
d'A-OF est basée sur l'aérodrome de
Thiès.
Yves Caillaud vole régulièrement sur
Potez 25 et Potez 29. Il fait la connaissance du capitaine
Edmond Jouhaud, futur général d'armée
aérienne et futur chef d'état-major de
l'armée de l'Air.
Début février 1937, Yves Caillaud est
désigné pour une mission dont le but est de
transporter en Potez 29 le président de la Chambre de
commerce d'Algérie, monsieur Morard, pour une
étude économique dans toute
l'Afrique-occidentale française. Les membres
d'équipage devant assurer cette mission sont
l'adjudant Michelet (pilote), le lieutenant Tabéres
(navigateur) et le sergent Caillaud (mécanicien).
Celle-ci débute le 12 février. A compter du 17
février, le lieutenant Tabéres est
remplacé par le lieutenant Jacques Soufflet. Ce
dernier sera par la suite pilote aux groupes " Alsace " et "
Lorraine ". Il terminera la guerre avec le grade de
lieutenant-colonel et deviendra par la suite ministre des
Armées.
Entre le 12 février et le 2 mars 1937, Yves
Caillaud effectue 60 heures de vol dans le cadre de cette
mission au profit de la Chambre de commerce d'Alger. Il
recevra plus tard de monsieur Morard, en remerciements, une
magnifique médaille commémorative.
Au nombre de toutes les rencontres faites au
Sénégal, Yves Caillaud a le privilège
de faire la connaissance du célèbre
aviateur-écrivain Antoine de Saint-Exupéry,
qui fait escale à Thiès avec son Caudron
Simoun.
Le 29 mai 1937, Yves Caillaud quitte Thiès pour
Atar, en Mauritanie. Il est très rapidement
adopté par la population indigène qui le
surnomme " Kabakourou ", ce qui signifie " caillou ". Il
effectue régulièrement des vols en Potez 25
au-dessus de régions dissidentes, avec le plus
souvent le capitaine Hoquétis ou l'adjudant-chef
Morel comme pilote. Durant la guerre, Xavier Hoquétis
sera pilote au groupe de bombardement " Tunisie " et il
quittera l'armée de l'Air avec le grade de
général. Devenu sous-lieutenant, Morel
connaîtra un destin tragique. Au cours d'une mission
de bombardement sur la ville de Maastricht (Pays-Bas), son
LeO-451 sera touché par la Flak allemande puis
attaqué par des Me 109. Bien qu'ayant réussi
à poser son avion en flammes et à s'en
extirper malgré ses graves brûlures, il devait
mourir quinze jours plus tard à l'hôpital de
Maastricht.
Les misions effectuées par Yves Caillaud sont
diverses et variées: reconnaissances,
entraînements, liaisons avec les méharistes,
évacuations sanitaires, recherches d'avions
accidentés...
Le 26 août 1938, Yves Caillaud effectue une
mission de reconnaissance au-dessus de Chinguetti, avec pour
pilote le colonel Georges Pelletier d'Oisy. Ce dernier avait
obtenu 4 victoires aériennes officielles durant la
Première Guerre mondiale. Il s'était ensuite
rendu célèbre dans les années 20 en
réalisant de nombreux grands raids. Surnommé
à cette époque " Pivolo ", Georges Pelletier
d'Oisy, devenu général, mourra à
Marrakech le 15 mai 1953.
Yves Caillaud est de retour à Thiès le
11 septembre 1938. En congé de fin de campagne pour
une durée de trois mois, il embarque à Dakar
le 26 octobre pour Marseille où il arrive le 3
novembre suivant. Il rentre en Bretagne et rejoint sa
famille installée à Saint-Brieuc.
Le 5 février 1939, il est affecté pour
la seconde fois à la 23ème Escadre
aérienne de Toulouse. Du 17 février au 26
mars, il prend part à une mission de
récupération de matériel de
l'armée espagnole, le long de la frontière
ibérique.
Le 8 avril 1939, à Saint-Brieuc, Yves Caillaud
épouse mademoiselle Léonie Auffray. De cette
union naitront Marie-France, le 21 mai 1940, et
Yves-Antoine, le 18 septembre 1941.
Au sein de la 4ème escadrille du groupe 2/23
sous les ordres du commandant Beaudouin, Yves vole
essentiellement sur Bloch 210. Il se trouve à
Toulouse lors de la déclaration de guerre. Le 15
janvier 1940, il est nommé sergent-chef.
Durant la Bataille de France, Yves est plus
particulièrement chargé de l'entretien du
LeO-451 n° 154. Le 13 juin 1940, " son " avion ne
rentre pas de mission
ayant été abattu
par la Flak allemande près de Couvrot, dans la Marne.
Trois des membres de l'équipage : le capitaine
Lachaud, l'adjudant Terrière et l'adjudant Bauer
trouvent la mort. Seul le pilote, le sergent Peterman, a la
vie sauve grâce à la protection du blindage de
son siège.
Placé en congé d'armistice sans emploi
le 11 novembre, Yves est de retour à Saint-Brieuc le
1er décembre 1940. Il trouve un emploi de magasinier
au sein de l' "Entreprise Groleau" à Vannes. Cette
dernière effectue un chantier au camp militaire
allemand de Meucon, près de Vannes.
Début mars 1941, Yves prend contact avec le
fils d'amis de ses parents, monsieur Yves Le Crom-Hubert.
Celui-ci est agent du réseau de Résistance "
Confrérie Notre-Dame ", dont le chef est Gilbert
Renault, qui allait s'illustrer sous le nom de colonel "
Rémy ".
Yves Caillaud décide dès lors de
travailler pour la Résistance. Ayant accès aux
plans du camp de Meucon, Yves transmet ces derniers au
réseau " CND ". Cela permet à la
Résistance d'être en permanence tenue
informée de l'évolution des installations
militaires allemandes. Yves transmet
régulièrement des renseignements jusqu'en juin
1942. De retour à Saint-Brieuc, Yves travaille,
à partir d'octobre 1942, pour monsieur Gallais,
pharmacien à Saint-Brieuc, qui fait partie de
l'organisation " Défense de la France ".
Yves apporte son aide notamment pour faire
s'évader de France deux aviateurs américains:
Richard Dordonne et Frank Lee.
Yves travaille également pour l'Abbé
Eugène Fleury. Celui-ci organisera l'une des
premières réunions du Comité
départemental de Libération (CDL) dans sa
sacristie de l'église Saint-Michel. Lieutenant de
réserve, il sera nommé
délégué militaire du Mouvement de
libération nationale (MLN). Hélas,
l'Abbé Fleury connaîtra un destin
particulièrement tragique. Arrêté par la
Gestapo le 1er juillet 1944, il sera affreusement
torturé et enterré encore vivant, par les
nazis, avec une quinzaine d'autres résistants
martyrs, dans la forêt de Malaunay près de
Guingamp, le 10 juillet 1944.
Le 12 août 1944, Yves Caillaud rejoint
volontairement l'état-major de l'air territorial
avancé en zone nord, situé à Rennes.
Celui-ci est commandé par le colonel Gaujour,
arrivé de Londres. Là, Yves Caillaud rencontre
le lieutenant René de Narbonne, pilote et
écrivain, qui deviendra après guerre le
précurseur du transport aérien moderne. Il
fondera l'Escadrille Mercure, et effectuera le 3 mai 1946,
à bord d'un Nord 1002, le premier vol commercial du
premier taxi aérien français, l'avant-garde de
notre aviation d'affaires d'aujourd'hui. Malheureusement,
René de Narbonne trouvera la mort le 8 novembre 1948,
aux commandes d'un Beech D.18S, alors qu'il transportait une
équipe de hockeyeurs tchécoslovaques allant
disputer un match à Londres.
Yves Caillaud est promu au grade d'adjudant avec
régularisation prenant effet au 1er décembre
1943.
Volontaire pour faire mouvement sur Paris, il
rencontre à Chartres le général Martial
Valin. Celui-ci prend contact avec les chefs des maquis de
la région qui sont à la tête d'un
millier de maquisards. Affecté à l'escorte du
général Valin, l'adjudant Caillaud arrive
à Paris à la Porte d'Orléans, et fait
jonction avec la 2ème D.B. du général
Leclerc.
Yves Caillaud entre dans Paris le 25 août 1944.
Il combat sur les toits de la clinique " Adolphe Pinard " et
participe à la libération du ministère
de l'Air, boulevard Victor, avec l'équipe du
général Valin.
Le 1er septembre 1944, il est affecté à
la Section ministérielle de liaison et de transport
aérien, basée à Issy-les-Moulineaux et
placée sous les ordres du capitaine Gaillet.
Yves Caillaud est promu adjudant-chef le 1er
décembre 1944. Il vole sur Morane 500, Cessna Bobcat
et Nord 1000.
Le 1er juillet 1945, il est affecté au Groupe
aérien d'entraînement et de liaisons (GAEL),
dont le chef est le capitaine Camille Plubeau, " As " de
39-45 aux 14 victoires homologuées.
Yves effectue de nombreuses heures de vol sur Junkers
52, faisant fréquemment le trajet aller-retour Le
Bourget-Algérie ou Maroc, dans le cadre des missions
de rapatriement de familles d'Afrique du Nord.
Le 1er juillet 1946, le GAEL fait mouvement sur la
base de Villacoublay. Yves continue de voler
régulièrement sur Morane 500 jusqu'en octobre
1947.
Son dernier contrat de rengagement arrivant à
son terme, Yves est muté le 28 octobre 1948, au
Centre de Rassemblement et d'Administration du Personnel
n° 205, à Vitré. Il est
démobilisé et rayé des contrôles
le 1er novembre 1948.
Ainsi prenait fin une période de quinze
années de la vie d'Yves Caillaud. Avec 543 heures de
vol dont 63 en régions dissidentes, sa
carrière militaire n'aura pas été
marquée par la monotonie. Celle-ci sera
récompensée par la Médaille militaire,
la Croix du Combattant volontaire de la Résistance,
la Croix du Combattant, la Médaille
commémorative de la guerre 1939-1945 et l'Ordre de
l'Etoile noire du Bénin.
L'adjudant-chef mécanicien Caillaud faisait
désormais place à monsieur Caillaud...
Rendu à la vie civile, il revient
s'établir à Saint-Brieuc. Il reprend à
son compte l'entreprise de Serrurerie-Ferronnerie de son
beau-père, les " Etablissements Auffray ".
Le 15 mars 1959, Yves Caillaud est élu
Conseiller municipal de Saint-Brieuc, sous
l'étiquette " Union pour la Nouvelle
République ". Il occupera cette fonction pendant six
ans. Fervent gaulliste, il est en 1973, le candidat de l' "
Union des Démocrates " à l'élection
cantonale de Saint-Brieuc. Il sera battu de justesse par
Edouard Quemper, candidat du PCF.
Yves Caillaud prend ensuite une retraite bien
méritée et demeure définitivement
à Saint-Brieuc. Homme véritablement modeste et
ne recherchant ni la publicité ni les honneurs, il
n'a jamais oublié cette importante période de
sa vie où il portait l'uniforme, et est resté
fidèle à ses camarades de l'armée de
l'Air. Il fait partie de ces combattants anonymes qui
n'étaient pas des " héros " mais qui,
simplement, ont fait leur devoir.
Le 27 juillet 2006, Yves se voit remettre la
médaille des 50 ans de brevet de spécialiste
navigant décernée par l'association
aéronautique " Les Vieilles Tiges ".
Yves-Gustave-Antoine Caillaud est
décédé à l'hôpital " Yves
Le Foll " de Saint-Brieuc le 25 octobre 2010. Ses
obsèques ont eu lieu trois jours après, en
présence de monsieur Bruno Joncour, maire de
Saint-Brieuc, de représentants des
médaillés militaires, de la Fondation de la
France Libre, et de ses camarades de l'association nationale
des sous-officiers de réserve (ANSORAA) de
l'armée de l'Air.
Yves Caillaud repose au cimetière Saint-Michel
de Saint-Brieuc, auprès de son épouse.
   
Médaille militaire
Croix du Combattant volontaire de la
Résistance
Croix du Combattant
Médaille commémorative de la guerre
1939-1945
Ordre de l'Etoile noire du Bénin
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