De Kerdrel Michael

 

 

Michael de Kerdrel est né le 15 juin 1919, à Edimbourg en Ecosse.

Sa mère est de nationalité anglaise, mais Michael est issu d' une famille de vieille souche bretonne, qui habitait le château de Kerambleiz en Plomelin, dans le sud Finistère. Ce château, construit à la fin du XIXème siècle, situé au milieu des champs et des bois, dresse ses hautes tours face aux méandres de la rivière l'Odet.

Le petit Michael, le plus jeune de trois enfants, fait ses études en Angleterre au collège jésuite de Beaumont.

En septembre 1939, lorsque la guerre est déclarée, le frère aîné de Michael se trouve en France. Il combattra à Dunkerque dans l'armée française, puis rejoindra l'Angleterre et se portera volontaire pour combattre dans l'armée britannique, d'abord en Europe, puis dans le Sud-Est asiatique. Sa soeur servira aussi comme volontaire dans la RAF.

En novembre 1939, Michael de Kerdrel est mobilisé dans l'armée française car, bien qu'ayant la double nationalité, il n'entend pas échapper à ses obligations militaires vis-à-vis de la France.

Affecté au 5ème Génie, il combat sur le front d'Alsace. En juin 1940, il est gravement blessé à la tête. Devant l'avancée allemande, il est évacué rapidement vers le sud, où il est soigné à l'hopital de Perpignan. Dès sa guérison, il est démobilisé, étant réformé à 100/100. La Croix de Guerre lui est décernée pour sa belle conduite au front.

Désormais son seul but, maintenant qu'il peut agir à sa guise, est de rejoindre l'Angleterre d'où il pourra combattre de nouveau l'Allemand. Il tente de partir par Marseille à bord d'un bateau anglais, mais peu avant le départ, le navire est fouillé et les passagers sont pris. Michael, qui n'avait pas encore eu le temps d'embarquer, parvient ainsi à garder sa liberté. Pendant quelque temps, il se cache dans la zone non occupée, puis remontant vers le nord, il passe la ligne de démarcation et se dirige vers la Bretagne. Il arrive enfin à Plomelin où il retrouve sa mère, venue vivre au château de Kerambleiz. Son père lui, étant resté vivre en Angleterre. Madame de Kerdrel étant en relation par radio avec l'Angleterre, un départ est projeté pour le 2 juillet 1941.

C'est un agent du MI6, French Section (section française des services secrets de Grande-Bretagne), originaire de Pont-Aven, Daniel Lomenech, qui est chargé de diriger les opérations. Voici ce qu'il écrivit en novembre 1993:

" Mon ami Jean Leroux négocia mon séjour à Kerambleiz contre un embarquement pour de Kerdrel qui voulait rejoindre l'Angleterre, sa mère, craignant que les Allemands n'internent son fils à cause de sa double nationalité. Avec moi, il rejoignit Kerdruc, sur l'Aven, et le lendemain matin avec Gaston Kerlan, pilote de l'Aéronavale, et Jacques Mansion, agent de la France Libre, qui étaient complètement perdus dans la nature, nous embarquâmes sur le petit bateau de Laurent Guillou par Port-Manech sans problème. A la Bouée de la Jument aux Glénans, nous avons rejoint le " Vincent-Michelle " ainsi que mon ami Henri Péron, pharmacien à Penmarc'h, qui était menacé par les Allemands. Naturellement toute cette organisation prit beaucoup de temps et de nombreux rendez-vous à Penmarc'h. Mais tout marcha bien et le 2 juillet 1941, on embarqua sur le sous-marin " Sea-Lion ". Arrivé en Angleterre, chacun partit vers ses affaires et par la suite, j'ai appris que de Kerdrel avait pris en Angleterre le nom de jeune fille de sa mère: " Hasley " pour s'engager dans la RAF ".

Précisons qu'un jeune aviateur polonais fugitif, fera également partie de cette expédition.

Gaston Kerlan, originaire de Fouesnant, sera pilote dans les FAFL, tandis que Daniel Lomenech deviendra à vingt-trois ans, lieutenant dans la Royal Navy. Le 5 septembre 1943, il assumera d'autres responsabilités dans une Marine plus traditionnelle, après trente-sept opérations en Bretagne, toutes très périlleuses.

Dès son arrivée, Michael de Kerdrel est versé dans la RAF. La bataille aérienne faisant alors rage au-dessus de la Grande-Bretagne, les Alliés ont un grand besoin de pilotes.

Entré en école de pilotage, il fait ses premiers vols dans les cieux anglais, puis part se perfectionner en Afrique du Sud.

En mai 1942, de retour en Angleterre, il est affecté dans la chasse de nuit au 245 Squadron qui est basé à Lympne près de Londres. Désigné pour le 175 Sq, puis pour le 83 Sq, il participe avec cette unité, à bord de son Spitfire, aux opérations de débarquement en Normandie. Il se distingue lors des combats pour la libération des villes normandes, notamment de Caen.

Proposé pour la DFC (Distinguished-Flying-Cross) et nommé commandant d'escadrille, il combat ensuite sur le chasseur-bombardier Hawker Typhoon. A la suite de l'avancée des armées alliées, son unité se retrouve basée sur le terrain de Vêgel, en Hollande.

Le lieutenant de Kerdrel entraîne son escadrille dans un dernier assaut contre la forteresse allemande qui va bientôt s'écrouler.

Le 30 décembre 1944, le lieutenant de Kerdrel décolle à bord de son Typhoon, pour une mission d'attaque de gares de triage de villes allemandes. C'est d'abord la gare de Rheine qui est mitraillée et subit de gros dégâts de la part de l'escadrille de Typhoon. Vient ensuite le tour de Munster, où un train de munitions se trouve en gare. Le chef d'escadrille, le lieutenant de Kerdrel, s'engage dans un piqué magistral et utilise tout son armement sur la locomotive qui est mise en piteux état. Mais la Flak allemande n'est pas restée inactive et de Kerdrel amorçant une ressource, reçoit un appel radio de l'un de ses équipiers, l'avertissant que l'un de ses réservoirs est en feu. Une trainée de glycol s'échappe de son avion. Quelques secondes de plus, et le feu le dévorera ou pulvérisera son appareil. Le lieutenant de Kerdrel réalise immédiatement la situation et n'hésite pas un seul instant. Il ouvre son cockpit, et son parachute bien ajusté, il enjambe le bord de la carlingue et se lance dans le vide. Mais hélas, soit qu'il se trouve trop bas, soit que la commande ne fonctionne pas régulièrement, le parachute ne s'ouvre pas, et le pilote tombe au sol comme une pierre. La neige devient son tombeau et malgré les recherches, impossible de retrouver son corps.

Cela se passait le 30 décembre 1944, à treize kilomètres au nord-ouest de Munster. Un des plus glorieux pilotes de la Royal Air Force était porté disparu au-dessus de l'Allemagne.

En 1950, le Service de Recherches de la RAF avertit la famille qu'il venait de découvrir la tombe du Flight-Commander Michael de Kerdrel, dans le village de Lee, près de Munster.

Il repose maintenant auprès de ses compagnons d'armes dans le " British Military Cemetery " de la forêt de Reischwald, en Allemagne.

 

Distinguished-Flying-Cross

Avec l'aimable autorisation de publication pour l'ABSA 39-45 - Biographie copyright Yves Donjon

(1) J'ai considéré comme étant Bretons les garçons nés dans un département breton ou ayant passés leur enfance en Bretagne (ex : Scheidauer), ainsi que ceux nés hors Bretagne mais étant d'origine bretonne (ex : Joubert des Ouches ou Le Bras). Par ailleurs, j'ai inclus les garçons nés en Loire-Atlantique (Loire-Inférieure jusqu'en 1957) puisque ce département a été rattaché à la région Bretagne jusqu'en 1941.

(2) Bien que Jean Demozay soit mort sept mois après la fin de la guerre, j'estime que cette grande figure des FAFL mérite de figurer dans cette liste.

Médailles commémoratives Wikipédia