FENAUX de MAISMONT Pierre

 

 

Pierre Fenaux de Maismont est né le 4 février 1911, à Rennes (Ille-et-Vilaine).

Il entre à Saint-Cyr en 1931 (Promotion Tafilalet), et en sort en 1933, en choisissant de servir dans la Légion Etrangère.

Au mois d'août 1939, il est affecté en Syrie. Attiré par l'aviation, il effectue un stage et obtient le brevet d'observateur en avion. En septembre 1939, il est affecté à l'escadrille de liaison d'Alep (Syrie), équipée de Potez 25.

En juin 1940, refusant l'armistice, il rallie les Forces Françaises Libres en Egypte, via la Palestine. Dans son " Carnet de bord ", Pierre de Maismont a expliqué sa décision:

" Avions-nous le droit de rendre les armes qui n'avaient pas servi? On m'avait inculqué un autre idéal. Nous fûmes peu, très peu, à rejoindre les Forces Françaises Libres, chacun agit individuellement, personne, en Syrie, n'avait entendu parler de de Gaulle ni de son appel; nous ne savions pas ce que nous trouverions de l'autre côté. Les Anglais accepteraient-ils des individus isolés, des indisciplinés, des unités démembrées? Et puis quel saut! Quelle infraction à la règle: désobéir, perdre ses biens, rompre tous les liens de famille, abandonner une vie douce pour tomber comme un fou dans une mêlée qui, à cette époque, laissait peu d'espoir, ne voyant devant soi que la mort, un sacrifice apparemment inutile! Alors, pourquoi ce geste fou? Je crois qu'à un tel instant il n'y a pas de place pour la réflexion et le raisonnement: il n'y a qu'une maîtresse qui dicte la loi, la conscience. On ne peut échapper à son étreinte, elle m'a dit: Pars!".

 

Pour cette évasion, il se joint, déguisé en Polonais, aux éléments d'une brigade polonaise qui avait reçu, après l'armistice, l'autorisation de passer en Palestine. Le personnel navigant de son escadrille ayant rejoint les FFL avec les avions de l'unité.

Engagé dans la RAF au Caire, il est affecté au n°1 French Bomber Flight, qui utilise les deux Glenn-Martin 167 partis le 1er juillet 1940, de Youks-les-Bains (Algérie), avec les capitaines Dodelier et Ritoux-Lachaud, les adjudants pilotes Trécan et Rolland, et le sergent mécanicien Cunibil. Cette petite unité est basée à Aden, d'où elle effectue des missions de reconnaissance sur l'Abyssinie.

Le 8 septembre 1940, le Glenn-Martin (n° 82), dont l'équipage est composé du capitaine Ritoux-Lachaud, chef de bord, de l'adjudant Rolland, pilote, du lieutenant de Maismont, observateur, et du sergent Lobato de Faria, mitrailleur, est abattu par un chasseur italien Fiat CR 42, près de Moggio, à 70 kilomètres d'Addis-Abeba en Ethiopie. Bien que blessé, Pierre de Maismont réussit à sauter en parachute mais il est fait prisonnier. Seul survivant de son équipage, il est emprisonné à Addis-Abeba, à la prison de Dessié. Courant décembre 1940, il est rejoint par le sergent Cunibil qui a pu sauter en parachute lorsque son appareil (n° 102) a été abattu à son tour, le 16 décembre. Très maltraités par les Italiens, ils sont traduits devant un tribunal comme francs-tireurs, condamnés à mort, mais sont graciés par le Duc d'Aoste, vice-roi d'Abyssinie. Malheureusement, les Italiens " oublièrent " de les informer de cette grâce. Après sept mois de captivité pour Pierre de Maismont, ils sont libérés le 26 avril 1941, par l'avance des Anglais en Abyssinie.

Le lieutenant de Maismont s'engage dans les FAFL (matricule n° 31.347). Il est d'abord affecté à l'état-major FAFL au Caire, puis rejoint le groupe réservé de bombardement n° 1 (GRB 1), qui devient le groupe " Lorraine ", avec lequel il effectue plusieurs missions en Libye.

Promu capitaine en juin 1941, Pierre de Maismont est fait Compagnon de la Libération.

Le 4 décembre 1941, le capitaine de Maismont est grièvement blessé dans un accident lors d'un décollage. Son appareil entre en collision avec un Bristol Blenheim, du 45 Squadron, décollant en sens inverse, vent arrière. Le choc est effroyable, et le pilote de l'avion, le sergent Fifre, la nuque brisée, décède le lendemain sans avoir repris connaissance.

Après de longs mois de soins, voulant reprendre coûte que coûte le combat, mais le " Lorraine " partant au repos, Pierre de Maismont demande et obtient de retourner dans son arme d'origine: la Légion, avec laquelle il combat en Libye.

Au sein de la 13ème Demi-Brigade de Légion Etrangère (13èmeDBLE), il prend ainsi part en octobre 1942, aux combats d'El Alamein, au cours desquels il est une nouvelle fois blessé lorsque son véhicule saute sur une mine.

Après quinze jours d'immobilisation, et avant même d'être guéri, Pierre de Maismont demande son affectation pour le groupe de bombardement " Bretagne ", qu'il rejoint à Fort-Lamy, boitant et la jambe encore entourée de pansements. Il prend part immédiatement aux opérations du Fezzan et de Tripolitaine.

Promu commandant en juin 1943, il prend le mois suivant, le commandement du " Bretagne " en remplacement du commandant de Saint-Péreuse, grièvement blessé dans un accident d'avion.

A la fin de la campagne de Tripolitaine, il part en repos puis, obtient de nouveau son affectation au " Lorraine ". Celui-ci, devenu le 342 Squadron de la RAF, opérant désormais en Grande-Bretagne. Après un nouveau passage en Operational Training Unit, Pierre de Maismont reprend sa place au " Lorraine ", pour un nouveau tour d'opérations. Il participe à de nombreuses missions au-dessus des territoires occupés par l'ennemi, notamment au-dessus de la Normandie.

Le 17 octobre 1944 vers 12h00, décolle du terrain de Hartford Bridge en Angleterre, l'Airspeed Oxford II N4760 du groupe " Lorraine ", pour suivre le mouvement de son unité vers la terre de France et le terrain de Vitry-en-Artois. L'équipage est composé du commandant de Maismont, du lieutenant Jean Bellin, pilote, et du sergent Marcel Balère-Ducos. En passant au-dessus de l'Old Dean Camp de Camberley, une aile touche les câbles à haute tension et l'avion s'écrase au sol, tuant le lieutenant Bellin sur le coup, tandis que le sergent Balère-Ducos et le commandant de Maismont décèdent à l'hopital.

Officier aux yeux clairs, svelte, un peu taciturne, Pierre de Maismont était franc comme l'or, toujours prêt à rendre service, d'une modestie incroyable, en un mot, un charmant camarade. Mais ce qui dominait en lui, c'était cette flamme intérieure, cette simplicité et cette continuité dans l'héroïsme, cette volonté d'avoir toujours une vie conforme à son idéal.

Cette mort particulièrement injuste survient dans le moment symbolique que Pierre de Maismont lui-même avait noté dans ses carnets:

" J'ai quitté la France, n'ayant pu accepter de la voir abaissée. J'ai, loin d'elle, combattu pour elle, en soldat. J'avais l'espoir de la revoir libre comme quand elle m'a donné le jour. L'accomplissement de mon devoir m'a quelquefois coûté, surtout quand il s'agissait d'aller bombarder la France. Je crois du moins avoir obéi à ma conscience ".

 

" Mort pour la France " en service aérien commandé, le commandant Pierre Fenaux de Maismont a été inhumé à Brookwood (Angleterre). Son corps fut ensuite transféré et réinhumé dans la concession Langlois-Meurinne, au cimetière de Chevrières dans l'Oise.

Compagnon de la Libération (décret du 30 juin 1941), Pierre Fenaux de Maismont était également Officier de la Légion d'Honneur (avec prise de rang du 10 octobre 1944), titulaire de la Croix de Guerre 39-45 (4 citations) et la Médaille Coloniale avec agrafes " Erythrée ", " Libye ", " Fezzan " et " Tripolitaine ".

 

 

Compagnon de la LibérationChevalier de la Légion d'HonneurCroix de Guerre 39-45Médaille Coloniale

Avec l'aimable autorisation de publication pour l'ABSA 39-45 - Biographie copyright Yves Donjon

Médailles commémoratives Wikipédia

Photo Cap sans retour de Germaine L'Herbier-Montagnon