Dorange Jean-Magloire

 

 

 

Jean Magloire d'Orange est né le 17 novembre 1911 à Rennes (Ille-et-Vilaine).

Engagé volontaire pour cinq ans à Rennes, au titre du 2ème groupe d'ouvriers aéronautiques (GOA) comme élève pilote, il entre en service en février 1930 et obtient le brevet de pilote militaire le 30 octobre.

Nommé caporal-chef en décembre 1930, il est affecté au 12ème régiment d'aviation en mai 1931 et promu sergent en novembre 1931.

Admis dans le corps des sous-officiers de carrière en 1934, il est désigné pour suivre le cours de perfectionnement de pilotage à Etampes, puis rentre dans ses foyers en 1935.

Affecté dans les réserves, il est promu sergent-chef en 1936 et rejoint la base d'Etampes en mai 1938, puis l'Ecole élémentaire de pilotage (E.P. n° 25) de Saint-Brieuc, en octobre 1939. Il est moniteur à l'aéro-club des Côtes-du-Nord, dont l'activité anime le nouvel aérodrome de Saint-Brieuc-Ploufragan.

Après l'offensive allemande du 10 mai 1940, l'E.P. n° 25 se replie à Pau, puis en Afrique du Nord.

Le sergent-chef d'Orange est démobilisé à Istres le 26 septembre 1940 et revient à Saint-Brieuc. Il trouve un gîte chez monsieur Lucien Vallée.

Refusant la défaite, il recherche un moyen de rejoindre l'Angleterre. Un de ses élèves et amis, Pierre Devouassoud se charge d'organiser l'évasion. Une expédition est montée avec treize autres camarades : Pierre Blangy, Louis Delabruyère, Maurice Mathiot, Raymond Canvel, Henri Mentray, Robert Cortot, Victor Quéret et son jeune frère Maurice, René Lebreton, Emmanuel Chevalier, Robert Laruelle, Emile Aubry, et Auguste Zalewsky, qui comme eux, veulent continuer à se battre.

Les quinze membres du groupe mettent en commun leurs modestes économies et avec l'aide substantielle de la mère de Pierre Devouassoud, ils achètent un cotre de Saint-Malo, " Le Buhara ", qui semble convenir à la traversée envisagée.

Le 12 février 1941, vers 20h45, ils appareillent le long du rivage de la Baie de La Frênaye, près de Saint-Cast. La mer est mauvaise, et hélas, peu de temps après leur départ, la grand-voile s'effondre, la drisse se rompt, et enfin vers 23h00, le moteur s'arrête. Les membrures disjointes de la coque laissent la place à une voie d'eau qu'ils doivent écoper sans cesse. La situation est désespérée.

Au petit matin, un patrouilleur, pavillon rouge à croix gammée, emblème de la Kriegsmarine, les arraisonne et les prend en remorque jusqu'à Jersey, puis à Cherbourg.

Alors commencent pour eux les interrogatoires par la Gestapo, les menaces, les coups et les privations. Ils sont ensuite transférés le 3 mars 1941, devant le Tribunal militaire allemand de Saint-Lô. Ils passent devant la cour martiale allemande les 19 et 20 mars.

Reconnus coupables, le sergent-chef d'Orange et le caporal-chef Devouassoud sont condamnés à mort. Les douze autres seront condamnés aux travaux forcés à perpétuité et le plus jeune à 7 ans de prison.

Jean Magloire d'Orange et Pierre Devouassoud sont fusillés par les Allemands le 12 avril 1941, à l'Abbaye de Montebourg dans la Manche. Ils furent inhumés à Ozeville (Manche).

La nuit précédent leur exécution, ils parvinrent à faire passer un message à leurs compagnons :

 

" Chers amis et frères, demain nous ne serons plus de ce monde-ci. Nous tomberons sous les balles allemandes, la main dans la main en criant " Vive la France! Vive de Gaulle! ". Vous comme nous avez commis le crime de trop aimer la terre française, alors nous payerons sans nul regret le tribut de notre patriotisme.

En souvenir de nous, partagez-vous nos affaires personnelles. Chers compagnons d'espérance et de malheur, pensez souvent à nous et soyez toujours dignes. Priez également pour la France chérie comme pour nous et n'omettez pas de dire partout la vérité.

A plus tard dans l'éternité.".

Pierrot et Jean.

 

Par décret du 6 août 1946, (J.O du 3/09/46), Jean Magloire d'Orange est promu Chevalier de la Légion d'Honneur :

 

" D'Orange Magloire Jean: chef pilote de l'aéro-club des Côtes-du-Nord. Le 12 février 1941 a tenté avec 14 jeunes pilotes de rallier l'Angleterre à bord d'une vedette. Intercepté par les Allemands durant le parcours, fut ramené à terre et interné à Cherbourg puis à Saint-Lô où il fut fusillé le 12 avril 1941. Exemple magnifique de patriotisme et de confiance dans les destinées de la France ".

Cette promotion comporte l'attribution de la Croix de Guerre avec palme.

Signé: Michelet, Ministre des Armées.

 

Egalement titulaire de la Médaille de la Résistance, Jean Magloire d'Orange reçoit en 1948, à titre posthume, le grade de sous-lieutenant, au titre des Forces Françaises Combattantes (réseau " Hector ").

Une rue de Saint-Brieuc rend hommage au sous-lieutenant Jean Magloire d'Orange " Mort pour la France " le 12 avril 1941.

 

GO

 

Croix de Guerre avec palme

Croix de Guerre avec palme

Médaille de la Résistance

Avec l'aimable autorisation de publication pour l'ABSA 39-45 - Biographie copyright Yves Donjon