Pouliquen Joseph

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Joseph-Marie-Guillaume Pouliquen est né le 20 novembre 1897 à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).

Son père est greffier en chef au tribunal civil de Saint-Malo. Joseph effectue ses études au collège de la cité malouine. Il obtient la première partie de son baccalauréat, et sa dix-septième année à peine atteinte, il s'engage pour la durée de la guerre, le 5 mars 1915. Incorporé dans l'Artillerie à Dinan, et après trois mois de classes, il obtient d'être envoyé aux Dardanelles (Turquie), avec le 176ème Régiment d'Artillerie. C'est là qu'il reçoit le baptême du feu.

En août 1915, il sollicite à Salonique (Grèce) sa mutation dans l'Infanterie où il est nommé caporal. A l'issue d'une formation suivie à Saint-Cyr l'année suivante, il est affecté en qualité d'élève-aspirant au 26ème Régiment d'Infanterie.

C'est sous l'uniforme bleu-horizon, qu'il est blessé au " Chemin des Dames ", le 16 avril 1917. Déclaré inapte à la vie dans les tranchées, il demande à être versé dans l'aviation, en décembre de cette même année. Il est affecté comme élève-pilote à Chartres. Avec 25 heures de vol, il est breveté pilote militaire, le 22 janvier 1918.

Affecté comme pilote à l'Escadrille Bré.128, au sein du G.B.3, il réussit à accomplir une trentaine de missions sur Bréguet XIV, au cours de l'année 1918. Artilleur, fantassin, aviateur, Joseph Pouliquen se bat avec la même bravoure.

En 1919, pilote à l'Escadrille Bré.590, il est détaché à la Mission militaire française envoyée en Tchécoslovaquie. Il effectue une vingtaine de missions contre les Bolcheviks. Il est démobilisé en novembre 1919, titulaire de la Médaille militaire et la Croix de guerre 14-18. A 22 ans, le jeune Joseph Pouliquen décide de faire carrière dans la presse. Chef de publicité au journal " L'Intransigeant ", il devient en 1931, le créateur des célèbres Petites annonces, du grand quotidien " Paris-Soir ".

Fin 1939, il est mobilisé à Toulouse-Francazal, puis Orly, comme capitaine de réserve.

Il est ensuite muté à sa demande, au Moyen-Orient, où il a la chance d'obtenir un beau commandement: la base aérienne de Palmyre, en plein désert de Syrie. C'est au Liban, qu'en juin 1940, il entend sur les ondes l'annonce de la capitulation et la demande d'armistice. Il n'est pas de ceux qui renoncent au combat, et il décide de poursuivre la lutte avec les Anglais. Démobilisé à Oran, il retrouve - la rage au coeur - Saint-Malo, sous le joug de l'occupant. Libre de tout engagement vis-à-vis de l'armée, il décide de rejoindre le général de Gaulle. Rallier l'Angleterre par la mer, va s'avérer irréalisable. Néanmoins, Joseph Pouliquen parvient, non sans risques, à passer en zone libre. A Lyon, il retrouve ses amis de " Paris-Soir ", la direction du journal s'étant repliée dans la cité rhodanienne. Il obtient facilement un " ordre de mission " d'envoyé spécial, chargé d'effectuer un reportage - fictif ! - en Afrique. En avril 1941, Joseph Pouliquen réussit à gagner Oran, puis Alger. Son extraordinaire odyssée commence alors... Après Colomb-Béchar, il s'enfonce dans le désert. A travers la piste du Hoggar il poursuit son voyage vers Gao, Niamey, puis Cotonou (Dahomey). En dépit des tracasseries d'une administration restée fidèle au gouvernement de Vichy, il entreprend la traversée Lomé - Abidjan. Muni d'un visa pour Dakar, via le Libéria, il gagne Monrovia après avoir parcouru 400 kilomètres à pied dans la brousse.

C'est à Freetown (Sierra Leone), le 29 septembre 1941, qu'il signe son engagement (Mle n° 31350) dans les FAFL. Avisé par télégramme de son arrivée, le général Valin, commandant l'aviation de la France libre, lui demande s'il est volontaire pour se rendre à Beyrouth. Sans hésitation, le capitaine Pouliquen répond présent. Sur un caboteur anglais, il rejoint Lagos, et quitte le Nigéria dans un avion de la Royal Air Force. De multiples escales au Tchad, au Soudan, en Egypte vont ponctuer le voyage jusqu'au Liban. En quelques mois, Joseph Pouliquen aura parcouru plus de 15.000 kilomètres.

Nommé, en novembre 1941, commandant-adjoint du groupe de chasse " Alsace ", le capitaine Pouliquen, grâce à sa bonne connaissance de la langue anglaise et à son expérience, met sur pied une formation homogène dont les pilotes vont s'illustrer en Libye, face à l'Africa Korps.

Le 25 janvier 1942, il prend la tête du groupe " Alsace ", sur les rives du canal de Suez. Quelques jours plus tard, il prend également, pour deux mois, le commandement du groupe de bombardement " Lorraine " dont le personnel est envoyé immédiatement au repos en Syrie. Il est promu au grade de commandant le 15 mars 1942.

Sous ses ordres, après Bir-Hakeim, en juin 1942, le groupe " Alsace " participe activement à la campagne de Libye et particulièrement à la défense de la ville d'Alexandrie menacée par les troupes italo-allemandes commandées par le général Rommel. Quelques mois plus tard, commencera pour lui une autre passionnante aventure...

C'est à Beyrouth, siège de l'état-major des FAFL du Moyen-Orient, que le commandant Pouliquen apprend sa désignation à la tête d'un nouveau groupe de chasse, le G.C 3. Il a mission de former une unité d'élite, appelée à rejoindre un lointain théâtre d'opérations, celui du front de l'Est. Au quartier général du Haut-commissaire au Levant, le général de Gaulle qui l'a choisi pour cette opération, explique au commandant Pouliquen ce qu'il attend de lui. Il est chargé de former, équiper, entraîner et mettre en place en Russie, une escadrille de la France libre qui combattra là-bas contre l'ennemi commun. A propos de cet entretien, Joseph Pouliquen dira plus tard : " Je reçus du chef de la France libre des ordres précis, des directives générales et de détail, dont la clairvoyance me frappèrent et que je pus constater plus tard au cours de ma mission en URSS. Jamais je n'oublierai les dernières paroles du général, sa large main posée à plat sur le bureau, son regard droit : " Et avant tout, mon commandant (comme certains chefs, le général de Gaulle aimait à appeler ses subordonnés par leur grade pour bien les placer dans le cadre exact et leur faire sentir toute leur responsabilité), avant de prendre une quelconque décision, posez-vous toujours cette question : quel est l'intérêt de la France ? ".

Apprécié, aimé de ses hommes, Joseph Pouliquen choisit les meilleurs pilotes et mécaniciens, les plus valeureux combattants. Baptisé " Normandie " par son commandant, le G.C 3 s'en va vers son destin. De Rayack à Téhéran, des champs de pétrole jusqu'à Ivanovo et ses plaines glacées, qui deviendra le premier terrain d'entraînement des pilotes de l'escadrille.

Joseph Pouliquen va commander le " Normandie " du 1er septembre 1942 au 22 février 1943. Il a superbement rempli la mission qui lui avait été confiée par le général de Gaulle, et son unité devenue par la suite " Normandie-Niémen " entrera dans la légende. Après avoir été provisoirement affecté à la Mission militaire française à Moscou, le commandant Pouliquen rejoint ensuite l'Angleterre, non pour un poste d'état-major, où son expérience et ses talents seraient fort utiles, mais pour une autre unité combattante. Il retrouve, en juin 1943, le " Lorraine " où il est nommé adjoint au colonel de Rancourt, commandant le groupe. Avec le " Lorraine ", il accomplit une dizaine de missions au-dessus de l'Allemagne, comme mitrailleur de tourelle.

En février 1944, il est nommé adjoint au colonel Corniglion-Molinier commandant les FAFL en Grande-Bretagne et affecté en qualité d'officier supérieur de liaison (Liaison Senior Officer) auprès du commandement britannique du Wing 145 (British Liberation Army - 145 Wing) pour les opérations de Normandie, du Nord de la France et de Belgique. Promu lieutenant-colonel en mars 1945, il retourne au combat avec le " Lorraine " à la fin du mois d'avril 1945, effectuant cinq nouvelles missions offensives sur Brême et Hambourg notamment.

Démobilisé l'année suivante, Joseph Pouliquen s'établit comme antiquaire à Saint-Paul-de-Vence. En 1974, il quitte le Midi pour retrouver sa ville natale de Saint-Malo qui le nomme citoyen d'honneur en 1980, titre dont il tire une très grande fierté.

Joseph Pouliquen est décédé le 24 septembre 1988, à l'Institution nationale des Invalides à Paris. Ses obsèques se sont déroulées en l'église Saint-Louis-des-Invalides.

Il a été inhumé à Saint-Méloir-des-Ondes, près de Cancale (Ille-et-Vilaine).

Sur l'un des remparts de la vieille ville de Saint-Malo, est apposée une plaque sur laquelle on peut lire :

 

 

En témoignage au

Colonel J.M. POULIQUEN

Né à Saint-Malo

1897-1988

Volontaire FFL

Grand officier de la Légion d'honneur

Compagnon de la Libération

1er Commandant de l'Escadrille Normandie-Niémen

CITOYEN D'HONNEUR DE LA VILLE

Plaque qui se trouve sur la tour Quic-en-Groigne du château de Saint-Malo

 

 

Plaque aux Compagnons de la Libération qui a été apposée en 2015 près du monument aux morts de Saint-Malo intra-muros

 Photos : Yves-Malo Ploton - Dossier d'avril 2017

 

 

Compagnon de la LibérationMédaille MilitaireCroix de Guerre 14/18Croix de Guerre des TOE Officier de l'Ordre de l'Empire BritanniqueOrdre de la Guerre pour la Patrie Croix de Guerre Tchécoslovaque

Grand Officier de la Légion d'Honneur

Compagnon de la Libération

Médaille Militaire

Croix de Guerre 14-18, 4 citations

Croix de Guerre 39-45, 2 citations

Croix de Guerre des TOE, 1 citation

Médaille Coloniale avec agrafe "Libye"

Officier de l'Ordre de l'Empire Britannique

Ordre de la Guerre pour la Patrie

Ordre de la Victoire

Croix de Guerre Tchécoslovaque

Croix de Guerre Yougoslave

Avec l'aimable autorisation de publication pour l'ABSA 39-45 - Biographie copyright Yves Donjon