Vallée Patrick

 

 

Patrick-Hervé Vallée est né le 8 septembre 1921, à Plounévez-Moëdec, dans les Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor).

Il est le cadet d'une famille de cinq enfants: Louis, Robert, François, Marie-Thérèse et Patrick.

La famille de Patrick est à la tête d'une importante papeterie fondée en 1855, par son ancêtre, Jean-François Vallée. L'usine est située à Loc-Maria, en Belle-Isle-en-Terre.

Son père, Olivier Vallée, né le 29 avril 1880, après de bonnes études au lycée Saint-Charles de Saint-Brieuc, suit les cours de l'Ecole d'Electro-Technique de Nancy, puis effectue un stage de mécanicien dans une usine allemande, à Golzern. En 1906, il se marie à Paris, avec Françoise Leddet. En 1907, il devient gérant de la papeterie familiale : " La Société en Commandite Vallée et Compagnie ". Dès le mois d'août 1914, il est mobilisé au T.M. 103 (transports de matériel par camions). Il reste dans cette formation jusqu'en 1917. Il assure des transports de munitions et de matériel dans les secteurs de Reims et Soissons. En 1917, il est dirigé sur l'usine Lorraine d'Argenteuil, spécialisée en moteurs d'avions. Il est chef d'équipe des tourneurs, mais ne reste que peu de mois dans cette fonction, car le Ministre de l'Armement fait appel à de nombreuses papeteries françaises pour traiter les cotons destinés aux fabrications des poudres. Voici donc Olivier Vallée de retour dans sa fabrique. Jusqu'en 1919, les ateliers de Loc-Maria assurent le défilage et le blanchissage des cotons destinés au service des poudres (plus particulièrement la Poudrerie d'Angoulême). La paix revenue, l'usine reprend ses fabrications ordinaires.

En 1939, tout en continuant à faire du papier, Olivier Vallée se remet, comme en 1917, à la préparation des cotons-poudre, et parvient à mettre au point un procédé qui permet d'utiliser les machines à papier pour présenter aux poudreries le coton dit " en nappe ". Cette invention retient l'attention de nombreux fabricants de papier, qui l'utilisent à leur tour. Olivier Vallée sera nommé Chevalier de la Légion d'Honneur.

Patrick Vallée effectue ses études au lycée Saint-Charles de Saint-Brieuc, puis au lycée de Lannion. A la déclaration de guerre, en septembre 1939, Patrick Vallée qui fête ses 18 ans, est en classe de Mathélem au lycée de Lannion. Le 18 juin 1940, il entend l'Appel du général de Gaulle et décide de rallier l'Angleterre. Dès le lendemain de l'Appel, le 19 juin, il quitte la France à bord d'un bateau de pêche depuis le port de Trégastel-Primel. Arrivé à Guernesey le 20 au matin, il en repart le soir même, pour arriver à Weymouth le 21. Il est placé en rétention du 21 au 30 juin, afin de satisfaire aux interrogatoires des Anglais.

Le 1er juillet 1940, à Londres, Patrick Vallée signe un engagement volontaire pour la durée de la guerre, dans les FAFL, espérant devenir pilote. Il est tout d'abord affecté à l'entraînement à terre, au camp de Cowe, pour suivre le 1er Peloton d'E.S.O (élèves sous-officiers). Le 20 août, il est dirigé sur Odiham, puis est affecté au GRB n° 1 (futur groupe " Lorraine ").

Le 31 août, il embarque à Liverpool à bord du navire anglais S/S " Pennland ", avec le personnel du GRB n° 1, à destination de l'Afrique Equatoriale Française. Le 1er octobre, il débarque à Dakar. Patrick Vallée participe à la désastreuse expédition de Dakar. A la suite du triste échec de cette opération, son unité est envoyée au Cameroun.

Le 17 octobre 1940, Patrick Vallée débarque à Douala, où est crée la base d'opérations pour la reconquête du Gabon. Ces opérations terminées, il est dirigé le 17 décembre, sur Fort-Lamy, pour prendre part à la première campagne de Libye des FFL. Il participe notamment aux opérations de Koufra, avec les troupes du colonel Leclerc. Il regagne Douala le 23 avril 1941.

Malheureusement, une grave maladie terrasse brutalement Patrick Vallée. Après trois mois d'hôpital et de convalescence, il doit être rapatrié en Angleterre. Le 2 août 1941, il embarque à Lagos, à bord du M/S " Daru ", à destination de la Grande-Bretagne. Le 15 septembre, aux environs de 23 heures, alors qu'il se trouve en mer d'Irlande, le " Daru " est bombardé par un avion allemand. Le navire coule dans le Canal Saint-Georges, entre l'Irlande et l'Angleterre. Par chance, il n'y aura pas de victime et les rescapés du naufrage sont recueillis par un torpilleur britannique le " Boreas " et conduits jusqu'au port de Greenock, en Ecosse.

D'abord hospitalisé à Liverpool, afin de se rétablir totalement, Patrick Vallée est muté au camp de Camberley le 1er novembre 1941, pour reprendre son instruction, sous les ordres du commandant Charles. Il est nommé au grade de caporal-chef le 15 mars 1942.

Volant entre autres sur De Havilland Tiger Moth et Miles Magister, il ne peut malheureusement poursuivre sa formation au pilotage, suite à une visite médicale. Il doit être suspendu de vol pour un temps indéterminé, en raison de sa santé. Il passe alors par trois hôpitaux londoniens.

A compter du 1er mai 1942, il est muté à l'Etat-major des FAFL, à Londres, en qualité d'interprète, parlant parfaitement l'anglais. Il est promu sergent le 15 septembre 1942.

Le 13 mai 1943, Patrick Vallée est affecté, comme seul personnel administratif français, au 341 Squadron (groupe " Alsace ") alors basé à Biggin Hill. Il suit le groupe en déplacement sur le terrain de Perranporth en Cornouailles jusqu'au début du mois de février 1944.

Le 6 février, il est muté de nouveau à l'Etat-major de l'Air, comme secrétaire du général Valin, commandant les FAFL en Grande-Bretagne.

Le 3 août 1944, à Londres, Patrick Vallée épouse Miss Olga Waters. De cette union naîtra une fille, Patricia.

Au cours de son séjour à l'Etat-major de l'Air à Londres où il reste affecté jusqu'à la fin de la guerre, Patrick Vallée a notamment l'occasion de travailler avec Romain Gary.

Patrick Vallée embarque à Newhaven le 15 août 1945, à destination de Dieppe où il débarque ce même jour.

Le 30 octobre 1945, le sergent Vallée est démobilisé et rayé des contrôles en vue de son retour dans ses foyers. Deux de ses frères ayant trouvé la mort à la guerre (1), Patrick Vallée prend la direction de la papeterie familiale. Il en sera le responsable jusqu'à sa retraite.

Le 1er avril 1950, Patrick Vallée est nommé au grade de sergent-chef de réserve. Lorsque est crée dans les Côtes-du-Nord, une section de l'association nationale des sous-officiers de réserve de l'armée de l'Air (ANSORAA), Patrick Vallée en devient un des membres actifs.

Très impliqué dans la vie locale, il a été, entre autres, président de l'association de pêche de l'Argoat pendant près de cinquante ans.

Patrick Vallée est titulaire de la Médaille Coloniale avec agrafe : " Koufra ", la Médaille des évadés, la Croix du Combattant Volontaire 1939-1945, la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance, la Médaille commémorative des services militaires dans la France Libre, la Médaille commémorative de la guerre 1939-1945 avec barrettes : " Engagé Volontaire " " Libération " " Afrique ".

Patrick Vallée est décédé le 25 janvier 2008 à Saint-Brieuc, à la maison de retraite de " Montbareil " où il s'était retiré. Ses obsèques ont eu lieu le 30 janvier en l'église de Belle-Isle-en-Terre, en présence de ses camarades du monde combattant et de l'armée de l'Air. Il a été inhumé au cimetière de Loc-Maria, en Belle-Isle-en-Terre.

 

 

(1) François Vallée, né le 1er janvier 1912, mobilisé en septembre 1939 comme brigadier-chef motocycliste au 75ème Groupe de Reconnaissance Divisionnaire, est fait prisonnier le 17 juin 1940 dans le secteur de Pagny-sur-Meuse. Parvenu à s'évader,il traverse toute la France et s'embarque pour l'Afrique du Nord. En Tunisie, il entre au réseau " Mounier ". Responsable de la partie sabotage, François Vallée est capturé le 23 juin 1941et interné au camp de Teboursouk dans le sud Tunisien. Libéré après le débarquement allié en Afrique du Nord, il rejoint Londres en février 1943. Dans la capitale anglaise, en relations étroites avec l'Intelligence Service, il élabore longuement un programme d'action. Après un entraînement de plusieurs semaines en Ecosse, il est parachuté en France le 17 juin 1943. Installé à Rennes, il organise le réseau "Oscar-Buckmaster ", qui doit s'étendre de Saint-Malo à Nantes, avec pour but d'aider les alliés à isoler la Bretagne du reste du système défensif allemand au moment du jour " J ". Les premiers parachutages commencent en juillet 1943. " Oscar " recevra une trentaine de tonnes d'armes et d'explosifs par parachutage et recrutera environ 2000 hommes. Le réseau aide également les réfractaires au STO, transmet des renseignements importants à Londres et porte secours aux aviateurs alliés abattus dans la région. Mais l'organisation doit cesser d'exister à la fin 1943, et au début de 1944, plusieurs arrestations sont effectuées par la Gestapo. Sur le point d'être pris à son domicile, François Vallée parvient, grâce à sa logeuse, à s'échapper par les toits et à gagner Paris où il reste en liaison avec les rescapés du réseau. Traqué à nouveau, changeant de domicile presque tous les jours, il se cache avec son frère Robert, devenu son adjoint, et cherche à regagner Londres au plus vite. Mais, un soir de février 1944, alors qu'il doit prendre un train à la gare de Lyon, il est arrêté par la Gestapo avec son aîné, très probablement à la suite d'une dénonciation. Robert Vallée est interné à Fresnes, puis déporté au camp d'Ellrich-Dora où il meurt en février 1945. Depuis son arrestation, on n'a plus jamais entendu parler du capitaine François Vallée et différentes versions existent en ce qui concerne les circonstances de sa disparition. D'après le général Maurice Guillaudot, à qui François Vallée avait succédé à la tête de la résistance rennaise, il aurait été interné puis fusillé, soit au Mont Valérien, soit à Fresnes. Les documents émanants du Ministère des Anciens Combattants considèrent François Vallée comme " Interné-Résistant ", arrêté le 1er mars 1944, mort pour la France en déportation et disparu. Finalement, un document de 1947, signé par le lieutenant-colonel Le Cars, au nom des Forces Françaises Combattantes, signale son arrestation en mars 1944 et sa mort en déportation en février 1945. Par décret du 4 mai 1944, François Vallée a été nommé Compagnon de la Libération.

 

Médaille ColonialeMédaille des évadésCroix du Combattant Volontaire 1939-1945Croix du Combattant Volontaire de la RésistanceMédaille commémorative des services militaires dans la France LibreMédaille commémorative de la guerre 1939-1945

Médaille Coloniale avec agrafe : " Koufra "

Médaille des évadés

Croix du Combattant Volontaire 1939-1945

Croix du Combattant Volontaire de la Résistance

Médaille commémorative des services militaires dans la France Libre

Médaille commémorative de la guerre 1939-1945 avec barrettes : " Engagé Volontaire " " Libération " " Afrique ".

Avec l'aimable autorisation de publication pour l'ABSA 39-45 - Biographie copyright Yves Donjon

Médailles commémoratives Wikipédia