BRUNET Félix(1)

 

 

Félix Brunet est né le 1er janvier 1913, à Loos (Nord).

Il est issu d'une famille originaire du Morbihan.

Son père étant mort au combat durant la Première Guerre mondiale, Félix est Pupille de la Nation.

En 1927, il entre à " La Joliverie ", l'Institut Catholique Professionnel de Nantes qui est situé sur la commune de Saint-Sébastien-sur-Loire.

Excellent camarade, élève studieux, garçon très pieux, Félix a cependant un fort tempérament. Il est le bouillant capitaine de l'équipe de football de l'école, et a de fréquents démêlés avec les arbitres.

Pour les vacances, il rentre à Belle-Ile-en-Mer, où habite son oncle Pierre Brunet, qui est Prêtre instituteur à l'Ecole des Frères de Baud, et également capitaine de réserve.

En 1931, suite à une violente altercation avec le Préfet de discipline, Félix est renvoyé de l'Institut. Ses camarades d'école le soutiennent et menacent de ne pas pas satisfaire aux épreuves d'examen de fin d'année scolaire si il n'est pas réintégré. Félix est ainsi autorisé à passer l'examen, obtient son diplôme, mais n'aura pas de classement.

A 19 ans, il s'engage dans l'armée de l'Air comme élève mécanicien à la base de Bordeaux. Admis par la suite à l'Ecole de l'Air de Versailles, il en sort sous-lieutenant, breveté pilote et observateur en avion, en septembre 1938.

Fin 1938, il intègre la 35ème Escadre aérienne à Pau et, en 1940, le groupe aérien d'instruction de chasse à Oran.

A partir de novembre 1942, le lieutenant Brunet combat en Afrique du Nord sur du matériel américain. Il est affecté au groupe de chasse II/5 " La Fayette ", au sein de l'escadrille des " Cigognes ". Le 7 janvier 1943, le groupe est basé à Thélepte, situé dans le sud tunisien à 50 kilomètres au nord de Gafsa. Placée sous les ordres du commandant Rozanoff, l'unité est équipée de Curtiss P.40.

Le 19 mai 1943, le général Mendigal, chef d'état-major de l'armée de l'Air vient rendre visite au " La Fayette ". Ayant fait observation que dorénavant, le port du calot bleu marine et non kaki, serait obligatoire, le lieutenant Brunet lui répondit: " Mon général, nous avons tous le paquetage kaki, américain et à moins de trouver un tailleur qui nous confectionne cette nouvelle coiffure...

-Lieutenant Brunet , c'est un ordre qui ne se discute pas.

-Mon général, puis-je vous suggérer, insista Brunet, breton têtu, que des Mae-West nous seraient plus utiles que les calots bleus. Nous effectuons, sans moyen de sauvegarde des missions assez loin en mer.

-Pour l'instant, vous vous en tiendrez au calot bleu.! "

La discussion fut close. Le général Mendigal retourna à Alger. Deux jours plus tard, Félix apprenait sa mutation pour une autre unité...

C'est ainsi que le 12 juin 1943, Félix Brunet rejoint le groupe de chasse I/3 " Corse ", basé à Bône les Salines, puis à Campo-del-Oro près d'Ajaccio, à partir du 21 septembre 1943. Le groupe équipé de Spitfire V, est placé sous les ordres du capitaine Duval.

Le 29 septembre, Félix Brunet abat en flammes un Arado 196, au large de Bastia. Il obtiendra trois nouvelles victoires aériennes qui ne seront pas homologuées.

Les pilotes du I/3 ont installé leur cantonnement sous le camouflage de chênes et d'oliviers, à l'intersection de la route de Bastelica et de Propriano. Ils logent à quatre par tente. Félix se plaint régulièrement de l'étroitesse des lits Picot. Il réclame toujours avec une pointe d'humour à froid, un lit de milieu équipé d'un matelas de 140 de largeur. Dans son livre " Les Arènes du Ciel ", Marcel Verrier, camarade de combat de Félix le décrit ainsi: " Un coeur d'or, Félix, mais il était toujours d'une humeur massacrante à son petit lever; il proclamait invariablement:

-Quand la guerre sera finie, si un gars me propose de faire du camping, je l'étrangle!

La campagne de France, et la guerre étant à peine terminée, que Félix Brunet part pour l'Indochine, au mois d'octobre 1945.

Il y séjournera neuf ans, accumulant les heures de vol en missions de guerre, les blessures graves et les citations.

En 1951, à 38 ans, il est nommé lieutenant-colonel et reçoit le commandement de la base aérienne de Cat-Bi, à Haïphong.

Début mars 1954, Félix Brunet fait la connaissance à Cat-Bi du commandant de parachutistes Marcel Bigeard, le futur et célèbre général. Cette première rencontre fut très orageuse et manqua de très peu de se terminer en pugilat. Dans son livre " Pour une parcelle de gloire ", le général Bigeard écrira à propos de cette rencontre: - " Brave Félix! Finalement un bourru, un tendre au coeur d'or... C'est le prélude de notre grande amitié qui se terminera avec sa mort en Algérie. Nous vivrons ensemble, plus tard, des heures uniques, et Brunet restera un de ces rares hommes qui m'ont marqué... ".

Courant 1954, Félix Brunet rejoint l'Afrique du Nord pour prendre le commandement de la base aérienne de Sidi Ahmed, à Bizerte (Tunisie).

Devenu pilote d'avion à réaction, il continue de se passionner pour les problèmes d'emploi des matériels de guerre qui lui sont confiés.

En 1956, il est promu colonel, à 43 ans. Il effectue un stage de transformation sur hélicoptère, et prend le commandement de l'escadre d'hélicoptère n° 2, basée à Oran, dont la devise est " Combattre et Sauver ".

Dès lors, il est présent partout où l'on se bat, toujours à la tête de sa formation, soucieux de la sécurité de tous, hormis la sienne.

Sa réputation court d'un barrage à l'autre et devient légendaire. Il se signale avec son hélicoptère " Le Corsaire ".

A la fin de 1958, il quitte à regret son unité, devenue unité d'élite, grâce à son dynamisme et à son génie de la guérilla.

Il vient à Paris, suivre des cours de l'Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale. Suite à ce stage, il demande à repartir en Algérie pour tenir le poste de Commandement Air Directeur de Colomb-Béchar. De part cette fonction, il collabore fréquemment avec le colonel Bigeard.

Inlassablement, il participe aux opérations au-dessus du Sahara. La discipline qu'il impose, malgré les avis des médecins, aura raison de son énergie et de sa volonté.

Le 5 décembre 1959, entre deux vols, il succombe, victime d'une grave affection cardiaque résultant de vingt années de combat sur tous les théatres d'opérations. Le général Léon Jouhaud, qui prononcera son éloge funèbre déclarera: " Félix Brunet a été foudroyé comme un chêne... ".

Le 7 décembre, en présence du colonel Bigeard, venu à Colomb-Béchar rendre un dernier hommage à son ami, un avion militaire ramène sa dépouille mortelle qui sera inhumée cinq jours plus tard, à Quiberon, dans le Morbihan.

Dans un hebdomadaire, on lira: " Le colonel Félix Brunet était légendaire dans l'armée de l'Air, au même titre que Bigeard dans l'armée de Terre. Un tempérament à la mesure de sa légende avait retardé son avancement. Il n'avait jamais hésité à " tomber la veste " face à ses subordonnés (et quelquefois face à ses supérieurs) pour régler un litige. Il était, selon le cliché, " adoré de ses hommes ", mais il inquiétait ses chefs. C'est une grande et belle figure de l'aviation française qui disparaît. ".

Le colonel Félix Brunet, Grand Officier de la Légion d'Honneur, titulaire de la Croix de Guerre 1939-1945, de la Croix de Guerre TOE, de la Croix de la Valeur Militaire et de nombreuses décorations françaises et étrangères, a été cité vingt-six fois, dont vingt et une à l'ordre de l'Armée, et blessé quatre fois.

Comptant plus de 10.000 heures de vol, il en a affectué près de 4.000 en 2957 missions de guerre, détenant ainsi une sorte de record mondial.

Pilote et combattant d'élite, homme exceptionnel, adoré de ses subordonnés, baroudeur ardent et généreux, indifférent à toute publicité, inconnu du grand public, tel fut le colonel Félix Brunet, dont le nom a pris place parmi les plus grands noms des Ailes françaises.

Le 5 février 1980, la base aérienne 217 de Brétigny recevait pour nom de tradition: Base aérienne " Colonel Félix Brunet ".

 

 

Grand Officier de la Légion d'Honneur

Croix de Guerre 1939-1945

Croix de Guerre TOE

Croix de la Valeur Militaire

Avec l'aimable autorisation de publication pour l'ABSA 39-45 - Biographie copyright Yves Donjon

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