TERRAIN DE LILLEMER/PLERGUER

Situation : Sud-Est de Saint Malo

Voir articles de la presse locale

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Texte et récit rapportés par Jean Michel Martin, en collaboration avec la mairie de Lillemer et de quelques témoins de cette commune.

La commune de Lillemer prépare une expo sur son patrimoine historique.

Jean Michel Martin de l'ABSA remercie Monsieur Allix maire de Lillemer de l'aimable accueil qu'il lui a réservé.

Remerciements à Monsieur QUEMERAIS René pour son aide et ses conseils.

 

GO Vue en perspective du faux terrain, coté Lillemer

Témoignage sur le faux terrain d'aviation allemand de Lillemer, Ille et Villaine. 2ème guerre Mondiale.(Scheinflugplatz Lillemer).

La construction de ce faux terrain d'aviation débuta dans le courant de l'été 1941. Une compagnie allemande de la Lutfwaffe(armée de l'air) investit les lieux pour les travaux d'aménagement de cette structure. On se souvient des uniformes bleu, vert des soldats. Très vite cette force d'occupation instaura dans la population masculine des réquisitions à travailler pour eux, le service du travail obligatoire plus communément appelé le STO.

Butte où s'élevait la cabane en bois GO

Ce terrain fut implanté sur les deux communes de Lillemer et de Plerguer. Sa limite nord arrivait à 3oo mètres du bourg de Lillemer. Le terrain s'étendait du nord au sud jusqu'au village du Mesnil des Aulnais. C'était une immense prairie où l'on faisait paitre les troupeaux avant guerre. L'occupation de ces prairies inquiéta très vite les propriétaires d'animaux ne sachant s'ils allaient pouvoir continuer. Ce faux aérodrome était bordé coté ouest par le canal de la Grande Rosière, à l'est la rivière appelée le Bief Jean. Sur toute la longueur de ce terrain et en sa partie centrale fut crée une piste en sable et graviers. Elle faisait environ 900 mètres. L'ensemble de la structure était clos de fils barbelés sur lesquels en partie supérieure étaient placés des plots isolateurs supportant une ligne électrifiée alimentant tout un système de feux rouges verts et bleus que les gardes activaient la nuit lors du passage des avions alliés. Pendant toute la durée de la guerre ce terrain fut surveillé par cinq soldats qui avaient une moyenne d'âge d'une trentaine d'années et qui restèrent en poste tout le temps que dura l'occupation, se rappelle que deux de ces soldats étaient très assidus à la Messe dominicale en l'église de Plerguer.

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Cette petite troupe logeait dans une maison réquisitionnée au village du Mesnil, proche du camp ; la structure de ce terrain mise en place, très vite fut érigé un mirador, tour faite de rondins de bois, le tout surmonté d'une plateforme au sommet. Ce mirador était positionné coté est de la piste et dans sa partie centrale à environ une vingtaine de mètres. Au nord était installée une solide cabane en bois que l'on avait recouvert de terre. A l'intérieur étaient stockées des caisses en bois d'un mètre sur un mètre et qui contenaient des fusées éclairantes. Souvent le soir ? la nuit tombée les soldats faisaient partir quelques fusées vers le ciel. L'entrée du terrain se faisait par la partie sud près du village du Mesnil. Proche de cette entrée était construit un abri en bois très solide recouvert lui aussi de terre. Les allemands y avaient installé une mitrailleuse dont il ne se sont jamais servi heureusement. Proche de cet abri un avion était stationné .On dit que celui ci était un véritable avion, on dit même qu'il était français. Le reste de ce faux aérodrome fut comme il se doit équipé de faux avions de bois. Près du bourg de Lillemer on pouvait en voir huit à dix par contre près du village du Mesnil ils étaient beaucoup plus nombreux. On parle d'une vingtaine de faux avions. Évidemment ce terrain servait a leurrer les équipages alliés qui survolaient la région. Très vite la résistance à l'ennemi se créa et informa rapidement Londres de cette supercherie. La réplique ne tarda pas car on parle de faux bombardements avec des bombes de bois. On retrouve dans notre région deux autres faux terrains d'aviation allemands pendant cette période, un à l'ouest de Rennes celui de Cintré et un autre à Pordic(voir la carte) dans les Côtes d'Armor, entre Saint Brieuc et Paimpol.

 

GOAire de stationnement des faux avions, coté Lillemer

Autre témoignage à apporter à l’histoire du faux terrain d’aviation allemand de Lillemer pendant la seconde Guerre Mondiale.

Avril 2009. Je n’ai pas de souvenir précis sur la date d’arrivée des allemands au Mesnil des Aulnays. Il s’agissait d’un petit détachement de cinq a six hommes commandés par un sous officier. Les rapports avec la population locale étaient corrects, en particulier avec leur cuisinier nommé PELLET. Des souvenirs plus précis remontent à l’année 1942, à cette date, régulièrement je me rendais chez mes grands parents à un lieu dit La Foletrie ; je rencontrais des groupes d’allemands en manœuvre ou en exercice. Au cours de cette même année, des jeunes Français ont été incorporés au STO le service du travail obligatoire pour construire dans la Rosière un camp d’aviation. Après avoir délimité les emplacements sous la forme de petits merlons de terre. Des avions avec une ossature en bois, recouverts d’une sorte de toile de jute on été peu à peu mis en place, des pistes fictives ont été également tracées. A l’entrée de ce simulacre de terrain d’aviation, un avion attirait l’attention, un vrai, mais un avion réformé qui avait certainement volé, mais qui était définitivement cloué au sol. Ce terrain était clôturé par une installation électrique et chaque nuit, il était éclairé. De nombreux sabotages ont eut lieu, au point que les Allemands obligeaient les riverains à faire garder leurs troupeaux par les jeunes du village. Je ne peut préciser la date en 1944, mais trois bombes ont été larguées a proximité, dans un champ appelé le Saint-Luin et sur le camp d’aviation, provoquant une excavation très importante. Par la suite, mis au courant par les services de renseignements FFI, les Anglais ont balancé des bombes a ossature en bois sur le camp mettant fin a la crédibilité de ces leurres. Je n’ai pas de souvenirs précis sur le démantèlement de ce terrain.

Merci au témoin.

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Maquette réalisée par monsieur Roger SORRE

Divers témoignages, nous on amené à nous intéresser à l'histoire des faux terrains d'aviations, deux sont connus dans le département :

Commune de Plerguer : la commune est située au sud-est de Dinard, Saint Malo, en général le faux terrain devait être en place pour une bonne raison sans doute.

L'emprise du terrain était assez important, cinquante hectares environ, vaste terrain qui était du bien communal, où la population avait la possibilité de faire paître leur troupeau.

Il partait du hameau du Mesnil/des Aulnais de Plerguer jusqu'à la route de Lillemer.

Il était à cet emplacement en protection des attaques aériennes sur le canal de la Rance, en remontant vers le port de St Malo, ainsi que le camp d'aviation de Dinard. Sans doute l'aérodrome de Dinan était en protection par se faux terrain.

Le terme protection est un grand mot sans doute, un leurre vite éventé par l'aviation Alliée.

Une attaque par le nord était risqué, la côte fortement défendue sa défense anti aérienne.

Voici un témoignage rapporté à l'exposition de Fort Saint Père, raconté par Francis A, 12 ans à l'époque. " Les allemands avaient réquisitionnés plusieurs hectares de terrain. Je gardais les vaches juste où étaient placé les avions en bois.

Une bonne quinzaine, parmi eux, il y avait aussi de vrais avions, des épaves, je me souviens bien, j'ai souvent tourné les hélices en fer ! et monté dedans.

Les allemands étaient peu nombreux sur ce faux terrain, cinq, des anciens, avec juste une mitrailleuse.

Sur le terrain était installé des rampes d'éclairage, des projecteurs à lumière rouge. Le soir parfois quand on entendait le bruit d'avions dans le ciel, les allemands allumaient leurs lumières.

Les allemands utilisaient aussi, lors de ses passages d'avions, des tubes de 2 centimètres environ et d'une certaine longueur, ses tubes une fois allumé, ils explosaient au sol, imitant un bombardement.

La façon sans doute de vouloir dérouter les bombardiers anglais, lors d'une attaque sur la région, en tout les cas le faux terrain ne fut jamais bombardé, sauf avec des bombes en bois.

Le mythe des bombes en bois semble bien avoir existé, on le verra avec le deuxième faux terrain.

Les anglais ou américains lancèrent parait il des tracts sur le terrain, en disant en quelques mots approchants, "messieurs les allemands nous savons très bien que votre terrain est un leurre, nous prenez pas pour des imbéciles".

Les allemands avaient aussi construit un Blockhaus avec sur le dessus une fausse mitrailleuse en bois ! pas très loin il y avait la Kommandantur.

D'après Francis, son souvenir est précis, les allemands avaient placés des pieux en chataignier de quatre mètres environ de longeur sur le devant du terrain. Les pieux de type hérissons tchèques, étaient placés là en cas d'invasion par des planeurs (sic).

Francis raconte encore : " nous étions bien jeunes, nous nous amusions avec les soldats allemands pendant que nous gardions nos vaches, il arrivait que celles ci se prenaient les pattes dans les fils électriques du camp, les soldats plutôt sympathiques, nous disaient : quand le commandant va venir de Dinard, lui il ne rigole pas, il faut nous dédommager des dégâts, l'amende était une motte de beurre ! mais nous en prenions un malin plaisir à continuer dans nos bêtises, car malgré tout ils étaient l'occupant."

Dernière anecdote de Francis, sur la fin de la guerre, les allemands vexés sans doute par la population locale par l'implantation inutile de leur terrain, sujet aux anecdotes des plus ringardes à leur intention, un beau jour il amenèrent un camion chargé de bombes et le firent exploser, comme ça pour s'amuser, et cela avant de partir.

En ce lieu encore aujourd'hui on peut encore voir l'importance du cratère suite à l'explosion de 1944. "

TERRAIN DE CINTRÉ

Situation : Ouest de Rennes

Situation : Cintré : N 48° 6' 0'' W, 1° 52' 0'', Elevation 36 m

L'aérodrome vituel de la Baurade.

Article du journal Ouest France (17 août 2004)

Durant la dernière guerre, cintré a été occupé et a disposé d'un aérodrome avec quelques avions aussi virtuels que la piste.

Lors de l'occupation, l'armée allemande a installé un détachement dans les maisons autours du Clos fleuri en bordure nord de la grande prairie de "la Baurade". Celle ci longe le cours de la rivière Vaunoise et s'étend de la route du Rheu à celle de l'Hermitage. Les soldats passaient souvent dans le bourg se souvient encore Marie et chantaient des Halli, hallo !

Roger se rappelle : "Ils ont installé leur camp et réquisitionné des terres autour de la Baurade. Tout était éclairé à l'électricité et une batterie de D.C.A. a été installée". Il est probable que la proximité des pistes de St Jacques y était pour quelque chose. Cependant la prairie a été transformée en faux camp d'aviation. Les soldats ont tracé une piste sur ce terrain qui était d'un seul tenant. Pour faire plus vrai, quelques avions en bois complétaient l'équipement, cachés bien sûr sous des filets de camouflage. Heureusement pour les Cintréens d'alors, le site n'a pas été bombardé.

Cependant Roger a une bonne histoire rocambolesque à ajouter. Au cours d'une bataille aérienne, un chasseur allemand, en difficulté sans doute, s'est posé sur la piste factice. Et voilà le lourd engin prisonnier dans le champ. Les français estimant qu'il était définitivement piégé dans cet endroit mércageux riaient sous la cape de l'aventure. La suite a eu de quoi les étonner : "Les Allemands on commencé à enlever tout ce qui était inutile sur l'engin pour l'alléger. Ensuite ils ont prolongé au maximum la longueur de la piste avec des bastings de bois. Et puis, ils ont fait abattre une haie de chênes pour mieux dégager la voie. Et finalement le pilote a pu décoller et ramener son avion à l'aéroport."

Ce fut le seul épisode le plus spectaculaire de la guerre. Depuis 60 ans, le terrain n'est plus envahi que par la Vaunoise, un hiver sur deux. Les escadrilles qui y atterrissent sont de pacifiques canards. La seule guerre qui continue contre des uniformes verts, c'est celle des hérons qui déciment les grenouilles.

Selon Francis Chauvel, d'après ses souvenirs de jeunesse, les avions Alliés jetèrent des bombes en bois sur ce terrain. Ce qui fut confirmé par M. Maurice B, ancien maire de St Gilles.

Jean Michel Martin - Juin 2009