Le 23 septembre 1943

Plémet

"Trémeleuc"

B-17F-65-DL - #42-3459

"Jolly Roger"

Codé BK-F

384th BG / 546th BS


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(Pilot) 1st Lt. Phillip E Higdon. (POW).

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(CP) 2Lt. Louis E Ritt. (POW).

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(N) 2Lt. Meyer Begab. (POW).

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(Bdr) 2Lt. Lawrence E Johnston. (POW).

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(TTG) T/Sgt. James L Jett. (POW).

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(Radio) Sgt. Ardell H Bollinger. (EVD).

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(BTG) S/Sgt. Joseph Markus Kalas. (EVD).

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(MTG) S/Sgt. Willard J Cronin. (POW).

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(MTR) S/Sgt. Leonard J Kelly. (EVD).

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(TG) S/Sgt. Edward J Humphrey. (POW).

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Mike Begab, Earnest Boyce, Larry Johnston, Phil Higdon

Jesse Cronin, Joe Jacobsen, James Jet, Frankie Klonowske, Ken Cunningham, Richard J. Boenm

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Grafton Underwood 

Terrain de Grafton Underwood

 

La Base aérienne de Grafton Underwood dans le Northamptonshire. Le 384th Bomb Group (Heavy) est arrivé sur cette base en Angleterre au cours du mois de juin 1943. Il venait de la base de Sioux City dans l’Iowa États Unis. Il regroupait les 544, 545, 546, et 547 squadrons, volants sur Boeing B-17. Ces B-17 feront parti des deux types de construction suivants F et G et porterons sur leur empennage la lettre P peinte à l’intérieur d’un triangle de couleur blanc. Cet aérodrome de Grafton Underwood portera toute la durée de la guerre le numéro de code 106 donné par le commandement de la 8th USAAF. Le groupe quittera cette base au cours du mois de mai 1945. Ce fût le premier aérodrome Anglais à accueillir l’Air Force Américaine dès le début de 1941. Sur cette base importante séjournerons en permanence 3000 personnes. La piste avant l’arrivée des bombardiers lourds passera de 1600 mètres à 2000 mètres et sera réalisée en dur contrairement à ce qui existait auparavant. La base comptera au total 50 emplacements de stationnement pour les avions. Le terrain 106 fait parti de l’organisation générale du bombardement stratégique Américain. En ce jeudi 23 septembre 1943, deux missions seront mises en œuvre et auront pour cible commune le port de Nantes en Loire Inférieure (Loire Atlantique) où sont a quais de nombreux navires de la Kriegsmarine (Marine de Guerre Allemande) qui trouvent refuge dans ce port. Le premier groupe de 19 B-17 décolle vers 5 heures 45 de la base 106 et se dirige vers Nantes. Ils vont rejoindre d‘autres bombardiers au dessus de la Manche. Il est à noter qu’à cette mission participe l’acteur américain Clark Gable qui termine une série de 13 tournages de films de propagande à bord des bombardiers B-17. Ces films seront destinés à recruter de nouveaux aviateurs car les besoins en hommes, vu l’évolution de la guerre, se font croissants.

 

"Le combat en Amérique" avec Clark Gable. Il a volé 5 missions de combat et sa dernière mission était pour celle de Nantes le matin.

 

 

Le port de Nantes, comprend plusieurs quais parmi lesquels, le quai de la Fosse ; le quai Ernest Renaud et le quai d’Aiguillon. On y retrouve une flotte de logistique allemande importante. Le bombardement précédent du 16 septembre 1943 n’a touché que peu de bateaux et il est nécessaire de bombarder à nouveau cette flotte. Par contre de nombreuses victimes (63 victimes en matinée et 197 en après-midi), sont à dénombrer, car les bombes ont touché la ville. De nombreux immeubles sont détruits. La cible principale ce matin est le pétrolier "Kertosono" de 9300 tonnes ravitailleur des sous-marins en mission dans l’Atlantique. A ce pétrolier s’ajoute d’autres navires du même type mais légèrement plus petits, le "Jenny", le "Ermland", le "Wangerland", le navire hôpital "Lindau", et le "Monsun".

 

Le Kertosono

Le ravitailleur Kertosono

 

Le résultat de cette première mission matinale n’étant pas concluant à 15 heures 45, 61 bombardiers décollent de plusieurs bases en Angleterre. L’objectif reste le même, toucher sérieusement ces navires ennemis voir les couler. Toutes ces missions sont escortées par des chasseurs P-47 Thunderbolt mais leur autonomie restreinte les empêche d’accompagner les B-17 sur toute leur mission, les rendants ainsi vulnérables sur une grande partie de leur parcourt, sans compter la menace des nombreuses batteries anti aériennes de la FlaK si redoutables et si performantes. Ce 23 septembre au soir, 109 chasseurs Américains P-47 participerons à cette mission d’escorte. Ils viennent du 56th Fighter Group basé à la RAF Horsham St Faith dans le Norfolk, commandé par le Colonel Hubert A. "Hub" Zemke, puis du 4th Fighter Group basé à la RAF Debden dans l’Essex, commandé par le Colonel Chesley G Peterson, puis du 353th Fighter Group basé à Halesworth Metfield dans le Suffolk, commandé par le Colonel Glenn E Duncan.

 

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Dommages occasionnés lors des trois attaques du port de Nantes : Cette photo montre des bateaux avec de la fumée une heure après l'attaque du matin du 23 septembre, en A (1), le quai flottant est coulé, il a été frappé sur les deux jours. Autres dommages du 16 septembre (2), le pétrolier qui a chaviré en (3) et le destroyer coulé en (4).

Photo NARA, via foonote.com

 

La "Forteresse Volante" B-17 "Jolly Roger" est positionnée en arrière gauche de sa formation comprenant 6 appareils explique le Sergent Léonard Kelly dans son rapport faisant suite à son évasion. Cette position comme prouvé maintes fois n’est pas la plus facile ni la plus sûre car exposée aux attaques des chasseurs ennemis. C’est ce qui se passe au retour de cette mission de bombardement sur le port de Nantes lorsque la formation traverse la région entre Pontivy et Loudéac. Un groupe de chasseurs ennemis Focke-Wulf 190 du III. Gruppe du Jagdgeschwader 2, stationné sur le terrain de Vannes Meucon, situé dans le Morbihan, ce groupe est commandé par le Gruppenkommandeure, le Hptm. Bruno Stolle. Les Staffen entre en action pour la seconde fois dans cette journée. Deux chasseurs ennemis se lancent dans l'attaque. L'attaque est menée par un As de la Luftwaffe, l'Oberleutnant Herbert Huppertz de la 8./Staffel, dans quelques minutes à 18h39 il va signer sa 54ème victoire, le matin même il obtenait sa 53ème victoire pour un B-17, le "Shack Rabbit II" - #42-3318.

 

Oberleutnant Herbert Huppertz

Les obus de 20 millimètres explosent l’avant du B-17. La verrière vole en éclats laissant s'engouffrer l'air glacial à cette altitude de 7000 mètres. Le local radio est en feu. D’autres obus ont touché sérieusement les deux moteurs droits, y mettant le feu également. A l’intérieur c’est l’affolement. Le bombardier Lawrence Johnston est touché par de multiples petits éclats d’obus qui sont venus se loger sous sa peau (ce dernier sera aidé par ses camarades qui l’équiperons de son parachute et l’éjecterons hors de l’avion). Le feu fait toujours rage dans le local radio, prenant de l‘ampleur. Pour les pilotes cette situation devient périlleuse. Très vite la situation empire. Un troisième moteur est en flammes suite à d'autres tirs ennemis. L’ordre d’évacuation est donné par le Lieutenant Higdon. Les aviateurs se pressent à la porte de sabord arrière droit après avoir pris soin de vérifier respectivement leur parachute dont ils viennent de s’équiper. (Il faut noter qu'aucun aviateur américain n'avait effectué de saut en parachute avant la phase d‘évacuation d'urgence d'un appareil, uniquement un enseignement théorique à l'usage de cet équipement). Le second Lieutenant Meyer Begab signale dans son rapport qu’il a vu le Lieutenant Louis Ritt dont s’était la première mission évacuer l’appareil par la porte d’écoutille avant. Le B-17 se trouve désemparé. Le feu a prit de l’ampleur et l’avion commence à se déstructurer quand le 1st Lieutenant Philippe Higdon s’éjecte, il est le dernier à quitter le B-17. Cette évacuation a prit moins d’une minute (noté dans un rapport). Il était temps car trente secondes plus tard l’appareil en feu est soufflé par une explosion (plusieurs témoins qui suivaient de loin la chute de l’avion l’ont vu exploser ) et se répand dans l’air en milliers de pièces et va s’écraser dans sa partie principale (carlingue et une aile) au village de "Trémeleuc", sur la commune de Plémet.

 

Lieu du crash, "Trémeleuc", sur la commune de Plémet

 

N’ayant pas encore atteint le sol. Les aviateurs ont vu cette scène terrible. Ce n’est pas un jour de chance pour le bombardier, le second lieutenant Johnston appelé Larry par ses amis, en effet blessé au cours de l’attaque frontale, il subit les tirs de mitrailleuse d’un aviateur allemand lorsqu’il est encore au bout de son parachute. Action révoltante car sans aucune défense ce dernier est blessé grièvement aux jambes. Dans l’avion il a été blessé aussi sérieusement par environ 80 éclats de métal, également à l’estomac et aux avants bras. Un éclat lui arracha la moitié du majeur de la main droite sans compter malheureusement deux doigts touchés sérieusement à la main gauche. Son gilet pare-éclats le protégera malgré tout au niveau du torse. Lors de leur descente plusieurs parachutes resterons groupés (le sergent Ardell Bollinger précisera que des turbulences les avaient malmenés lors de leur saut). Ils se poseront sur la commune de Plouguenast, mis à part un que le vent dirigera vers Plessala et qui tombera dans un champ entre le village de "Le Scep" et le village de "Coëtbot", villages limitrophes de Plémet. Cet aviateur repéré par l’ennemi sera arrêté aussitôt après avoir pris contact avec le sol. Le groupe de quatre atterrira aux environs du "Vieux Bourg" en Plouguenast au lieu dit "La Carrière Catémoin". Les autres tomberont également sur cette commune.

 

Lieu dit "La carrière Catemoin", c'est en ce lieu que sont tombés les Sergents Bollinger, Kallas et Kelly.

 

Trois resterons ensembles et seront aidés et cachés par les fermiers proches. Le sergent radio Ardell Bollinger dont s’était la 9ème mission. En touchant le sol, ce dernier se fera une entorse à une cheville ce qui l'handicapera les jours suivants et freinera le groupe dans sa fuite. C'est lui aussi qui expliquera que la descente en parachute dura 18 minutes et qu’au cours de celle-ci il avait pût voir plusieurs fermes et leurs habitants qui faisaient des signes, le sergent Joseph Kalas mitrailleur de tourelle de boule dont c’était la 5ème mission, le sergent Léonard Kelly, mitrailleur de sabord droit dont s’était la 3ème mission (il aidera le sergent Kallas à s‘extraire de la tourelle ventrale difficile d'accès). Tous les trois toucherons le sol à peu de distance du Lieutenant Johnston tombé dans une prairie proche et ils lui rendrons visite immédiatement accompagnés par plusieurs personnes de la ferme voisine du village de "Malabry" suivis aussi de plusieurs autres habitants du voisinage qui souhaitaient aussi leur porter assistance. Le lieutenant était inconscient, couché sur le sol, ses amis l'appelaient avec insistance, et très vite il récupéra son état de conscience, il conseilla à ses amis de se cacher, ce qu’ils firent rapidement dans des champs proches, aidés par les fermiers et plusieurs personnes du village voisin. Avant on disposa sur les plaies du Lt. Johnston de multiples bandages, mais tous savaient qu’il allait être fait prisonnier et d’ailleurs lui le souhaitait pour être dirigé rapidement vers un hôpital. Il fut malgré tout caché une nuit dans cette campagne environnante, mais vu son état de santé il fut fait prisonnier le lendemain à sa demande, voulant être soigné. Il n'avait guère de solution.

 

Le Lieutenant Johnston grièvement blessé avait atterri au milieu de ce champ près de "Malabry" en Plouguenast

 


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Les allemands en alerte retrouvèrent rapidement le Lt. Johnston. Ce dernier racontera plus tard qu’ils avaient pris son état au sérieux au vu de ses blessures et qu’ils firent en sorte de le transporter dans la journée du 24 septembre 1943 à l’hôpital de Loudéac, où il fût rejoint le jour même par le 2nd lieutenant Begab, prisonnier lui aussi et blessé au cours de son contact avec le sol dans la campagne de Plouguenast. Les allemands acceptèrent qu’ils soient dans la même chambre. Il est vrai qu’ils ne risquaient pas de s’évader. Ce fut de courte durée car le Lt. Johnston fut dirigé rapidement vers un grand hôpital parisien où il fut bien soigné dira-t-il après. Notre groupe de trois, bien caché au fond d’un champ fût nourri par les fermiers qui les avaient accueillis. Monsieur Rault les visita plusieurs fois et fit en sorte qu'ils restent bien dans cet endroit. Ils restèrent en place trois jours mais le temps commençait à peser car ils avaient l’idée de s’évader. La météo accéléra les choses car au soir du troisième jour, une pluie battante s’abattit sur la région et trempés, ils allèrent voir les fermiers proches pour leur demander d’autres vêtements et décidèrent de partir rapidement, ce qu’ils firent le lendemain matin au lever du jour, après avoir passé la nuit dans une grange. Ils furent une semaine en errance dans la région, se méfiant beaucoup et évitant de frapper à n’importe quelle porte. Ils avaient tous trois sur eux un kit de survie. Avec une carte en soie, une petite boussole, et de l’argent français qui leur servit bien pour se nourrir en achetant à manger, quand on ne le leur offrait pas. La carte de soie ne leur servit pas à grand-chose, car trop générale, c’est pourquoi dans une ferme ou ils furent aimablement accueillis, ils demandèrent une carte de la région beaucoup plus précise. La jeune fille de la maison se saisit d’un calendrier des PTT (Poste Télégramme Téléphone) et en retira la carte intérieure et leur la remit. Ils se mirent en tête de partir vers l’Espagne où des réseaux d’évasions existaient. Ils orientèrent leur marche boussole au sud pour se rendre compte qu’au bout de cinq jours, ils n’avaient guère avancé et qu’ils allaient devoir chercher de l’aide auprès de membres de la Résistance. Un après midi après mille précautions ils avaient traversé une route départementale, au sommet d’une côte quand soudain ils entendirent des bruits de moteurs. Cachés dans le talus, ils virent pour la première fois l’ennemi qui passait sur cette route, dans des camions chargés de soldats en armes. Tous leurs déplacements se faisaient dans la campagne, de plus, cachés, en longeant les talus et faisant en sorte de ne rencontrer que le moins de monde possible. Au bout de ces huit jours ils arrivèrent prés du bourg de Gausson (Côtes d'Armor).

 

Église de Gausson où l'un des sergents pris contact avec l'Abbé Lesaur pour trouver de l'aide lors de leur evasion.

 

On se rend compte qu‘ils avaient tourné en rond. A la tombée de la nuit l’un d’eux réussi à atteindre l’église et avec mille précautions, arrivera à parler au curé présent ce soir là. Ce prêtre était l’Abbé Lesort curé de cette paroisse. Il était membre de la résistance. Les Américains ne pouvaient pas mieux trouver. Ce dernier cacha les trois aviateurs, le temps de mettre en place rapidement leur évacuation vers un autre lieu. Deux jours plus tard une voiture conduite par Monsieur Armand Urvoy de Plouguenast.Voir le récit de Mme Loncle.GO se présenta à quelques lieues du bourg. Une jeune femme, Mademoiselle Michard résistante l’accompagnait. Il avait été décidé que ce transfert se ferait très rapidement et que l'un des aviateurs était son mari. Tout se passa très bien, comme prévu, et les sergents Bollinger, Kallas et Kelly furent cachés provisoirement à Loudéac, ville toute proche dans le garage de réparation automobiles des parents de Mademoiselle Michard.

Les archives nous apprennent que plusieurs unités de gendarmerie, à la solde du gouvernement de Vichy mirent tout en œuvre pour l’arrestation des américains suite à cet événement. Malgré le nombre très important de gendarmes et de soldats Allemands, ils ne furent ni dénoncés ni découverts. Après ces premières journées d’évasion, commence pour nos trois aviateurs un périple difficile qui va les faire traverser la Bretagne d’est en ouest en quatre mois, aidés par de valeureux résistants et hébergeurs, au grand risque de tous face à une force d’occupation impitoyable. Pendant ce temps d’autres aviateurs Américains de cette forteresse volante, arrêtés par les Allemands, sont confrontés à la détention, ne sachant ce qu’il adviendrait d’eux dans le futur. D’autres aussi, aidés par des résistants sont en fuite. Le 1st Lieutenant Philipp Higdon (matricule 794662), pilote du B-17 originaire de L'Indiana était tombé en parachute entre "La Croix Glémot" et le village de la "Ville Méen" en Plouguenast. Voir le récit de M. Voyer Eugène.GO

 

Monsieur Joseph Voyer indique le champ près de "La Croix Glémot" où s'était posé le Lieutenant Higdon après son saut en parachute.

 

Il fut accueilli par M. Voyer Joseph (âgé de 15 ans) ainsi que deux amis Eugène Jeffray et Francis David, se dernier quittant le groupe rapidement car il était réfractaire au service du travail obligatoire allemand. Le pilote fut caché rapidement dans des broussailles puis le soir l‘aviateur fut accueilli et mis en lieu sûr dans le village (caché dans une "houle" terme populaire désignant une cabane à ossature bois recouverte de paille où l'on stockait entre autre des betteraves pour l‘alimentation des bovins). Pour sa seconde nuit au village de la "Ville Méen" il fut accueilli dans un grenier chez M. Le Boudec Joseph, agriculteur. (Ce dernier en 1946 recevra une lettre de remerciements émanant de l'Ambassade des États-Unis d'Amérique à Paris).

 

Maison de M. Le Boudec en 1943. Le Lieutenant Higdon fut caché à l'étage dans ce qui était une chambre, dans la nuit du 24 au 25 septembre 1943.

 

 

En soirée du 25 septembre, M. Joseph Voyer fût chargé de conduire l’officier Américain au lieu dit "Pontgamp" près de la rivière "Le Lié" (en bas du bourg de Plouguenast) et de le confier à M. Lafarge qui était dentiste et membre de la résistance. L'aviateur avait été muni d‘une fausse carte d'identité. Malgré l’aide apportée par la résistance par la suite, il sera fait prisonnier le 16 novembre 1943 à la frontière espagnole et rejoindra le Stalag Luft I de Barth Vogelsang en Prusse Orientale. (Camp de prisonnier de guerre pour les aviateurs Alliés sur les bords de la Baltique). Il sera libéré et retournera au contrôle militaire US le 31 mai 1945.

Le 2nd Lieutenant Ritt Louis originaire du Michigan sera aussi détenu dans le même Stalag que le Lieutenant Higdon. Il sera libéré de ses obligations militaires le 30 juin 1945. Le 2nd Lieutenant Begad (originaire de l’Illinois) hospitalisé à Loudéac (avec le 2nd Lieutenant Johnston) y restera le temps de retrouver l’usage de sa cheville traumatisée lors de son arrivée au sol puis rejoindra le Stalag Dulag Luft Grostychow 12. Il sera rapatrié et libéré de ses obligations militaires le 22 septembre 1945. Le 2nd lieutenant Lawrence Johnston (originaire du Michigan) après plusieurs mois en soin à Paris rejoindra le même Stalag (Luft I ) que les lieutenant Ritt et Higdon. Il sera libéré de ses obligations militaires et rapatrié vers les États-Unis d’Amérique le 4 juin 1945. Le sergent Jett James originaire du Texas sera détenu au Stalag 17 B Braunau Gneikendorf près de Krems en Autriche (où il retrouvera le sergent Humphrey Edward). Il sera rapatrié et libéré de ses obligations militaires le 12 juin 1945. Le Sergent Humphrey Edward originaire de l’état de New York détenu dans le même stalag que le sergent Jett en Autriche sera libéré le 7 juin 1945. Le sergent Cronin Willard sera rapatrié le 12 juin 1945 aux USA. Son lieu de détention n’est pas connu.

 

Photo du plan du stalag Luft 1 de Barth, route d'entrée du stalag Luft de nos jours. Photos Col. Joel Johnston

 

Après avoir passé plusieurs jours, bien cachés à Loudéac, un plan d’évacuation fut établi pour les trois sergents. Il fut convenu qu’ils rejoindraient une filière d’évasion par l’Espagne via Paris ou Nantes accompagnés de membres de la résistance chargés de ce genre de missions, très risquées certes pour tous mais qui avait déjà fonctionné. Leur première halte eut lieu au village de "Beau Soleil" entre Plémet et Merdrignac. Rapidement ils durent partir car ce lieu était trop proche de la nationale ou chaque jour des centaines d’allemands passaient et il ne fallait pas se faire repérer, ils avaient appris par leur hébergeur que la veille une centaine de soldats ennemis avaient fait halte à Merdrignac dans un grand champ. Par des routes de campagne ils rejoignent Rennes toujours accompagnés et avec la plus grande discrétion. Dans leurs rapport d’évasion, les aviateurs notèrent ce qu’ils avaient pût voir sur les installations Allemandes au cours de leur périple. L’entorse du sergent Bollinger s’était résorbée. Il marchait mieux. Il note qu’on lui avait donné des "chaussures en bois" (sabots !) pour remplacer ses bottes en cuir. A Rennes une fois logés dans une mansarde, la consigne stricte leur fût donnée de ne pas quitter les lieux. Les mois précédents un aviateur Américain hébergé dans un autre lieu s’était autorisé une sortie en soirée. Non seulement il fût arrêté par une patrouille allemande mais cela déclencha une vague d’arrestation dans les Côtes du Nord dans la région où il était tombé. Plusieurs personnes furent déportées. Certaines n‘en revinrent pas. Les journées étaient de plus en plus longues et nos jeunes Américains s’impatientaient. Nous arrivions à la fin d’octobre 1943, quand un ordre de départ arriva . Un changement de plan d’évasion était intervenu et ils allaient devoir rejoindre, toujours accompagnés, vers la commune de Saint-Servant-sur-Oust où les époux Boulvais Germaine et Louis les accueilleront dans leur maison au village de "Le Hélé". Les époux Boulvais avaient prévu des travaux dans leur maison depuis longtemps et le temps de les réaliser était venu. Il est vrai qu’ils avaient les trois aviateurs Américains depuis quatre semaines cachés chez eux. Comment faire ? lors d’une confidence à une amie habitant au bourg, Madame Boulvais se confia à Madame Mathurine Bernard qui après en avoir parlé à Jean son mari proposa de les héberger chez eux. Le 15 décembre 1943 Monsieur Boulvais reçoit un ordre de son commandement. Il va devoir diriger le groupe sur Douarnenez dans le Finistère. Il faudra passer par Plumelec dans le Morbihan où ils rejoindrons deux résistants Louis Simon et Joseph Le Barbier qui ce dernier dans sa camionnette les transportera à la gare de Vannes. Avant le départ Monsieur Boulvais est prévenu qu’au groupe déjà constitué on lui adjoindra un haut responsable de la résistance qui doit absolument quitter le pays car les Allemands viennent de démanteler son réseau et que lui-même s’il est capturé risquera la mort. Il s‘agissait du chef de réseau Jean Richard, âgé de 21 ans qui dirigeait le groupe Oscar-Buckmaster pour la région de Martigné Ferchaud en Ille et Vilaine. Monsieur Boulvais à ce moment la n’était pas informé de l’identité de ce chef de la Résistance. Après réflexion, Monsieur Boulvais annoncera au groupe qu’ils vont devoir rejoindre Plumelec à pied soit une distance approximative de 15 kilomètres. Tout se passe au mieux. A l’arrivée, les Américains sont heureux de voir Monsieur Simon parler anglais, cela facilitera bien les choses. Un bon repas est pris au domicile des époux Le Barbier. A la fin du repas Monsieur Le Barbier leur annonce qu’il a réfléchi et que s’est risqué de parcourir cette route de Vannes dans sa voiture, tous ensemble, surtout avec trois d’entre eux dont les fausses cartes d’identités en ont fait des sourds et muets.

 

A l'approche de l'arrivée, la fatigue se fait sentir à bord du Breiz Izel. Assis à droite au deuxième rang : Gabriel Cloarec.

En médaillon : le jeune Jean Richard

 

Au total, il semble que 32 hommes soient montés à bord parmi lesquels des résistants français, des chefs de réseaux et des aviateurs US (dont James "Jim" Armstrong, commandant d’un B-17 abattu le 6 septembre 1943) et anglais (Annexe 4).

Photo de droite de face, l'homme sur la gauche semble être le sergent Kallas et à sa droite Bollinger.

Photographies prises par Yves Vourc'h lors de l'arrivée du Breiz Izel en Angleterre.

Avec l'aimable autorisation de Anne Ploux Vourc'h et de ses neveux. Copyright "droits réservés".

 

Photos d'identité, Bollinger, Kallas, Kelly

Photos déposées par Pierre Mahé

 

Cela ne passerais pas lors d’un contrôle. Ils seraient tous arrêtés. La décision est prise, ils partiront à pied, la distance à parcourir est de 25 kilomètres. Avant l’arrivée à Vannes il sera nécessaire de séparer le groupe puis de voir si tout le monde est habillé comme il faut et que rien ne puisse attirer l’attention des occupants surtout pour les trois aviateurs. Tout se passe pour le mieux mais hélas à l’arrivée en gare, le train est déjà parti et de plus le contact prévu n’est pas là. L’inquiétude est dans tous les esprits. Les Allemands sont omniprésents et les sentinelles font des va et vient sur les quais. Il va falloir agir prudemment et surtout ne pas se faire repérer et bien prendre le train suivant dans des wagons différents. Monsieur Simon qui est à la recherche du contact revient très vite en sa compagnie, ce contact est venu de Douarnenez pour les guider. Le contact informe aussitôt l’inconnu du groupe (Monsieur Jean Richard) qu’il devra descendre à Quimper. Une personne l’attendra. Il y sera hébergé un mois puis rejoindra Douarnenez ensuite. Les ordres sont donnés et chacun sait ce qu’il doit faire. Le train arrive et c’est le départ pour Quimper puis Douarnenez. Où ils arriveront en soirée. Soulagement pour tous, tout s’est bien passé. Les trois aviateurs Américains seront hébergés pendant un mois sur Tréboul. Dans un premier temps il séjournerons avec six autres aviateurs Américains au lieu dit "Le Bois d’Isis" à l’étage d’une maison. Puis ensuite leur hébergeur ayant des difficultés et on peut le comprendre, surtout pour les nourrir, demandera à Monsieur Gabriel Cloarec, marin pêcheur, d’en accueillir un ou deux. Finalement c’est trois aviateurs qui seront conduit à son domicile. Évidemment rien ne séparera les sergents Bollinger, Kelly et Kallas. Ils arriveront chez Monsieur Cloarec le 21 décembre 1943. Le dénouement de leur évasion approche de sa fin mais les moments d’inquiétude ne sont pas terminés. Le 22 janvier 1944 à la nuit tombée, défiant la surveillance de l’occupant, Gabriel Cloarec âgé de 21 ans quittera le port de Douarnenez à bord de son bateau de pêche "Breizh-Izel" emmenant avec lui une trentaine de personnes dont plusieurs aviateurs américains où l’on retrouve les trois sergents. Monsieur Jean Richard sera aussi à bord. L’évasion par mer se déroulera dans des conditions très difficiles avec une mer très forte, vent fort, sans compter un froid glacial et sans oublier aussi ce mal de mer dont beaucoup seront atteint. Ils apercevrons les côtes Anglaises le lendemain en début d’après midi. Un patrouilleur Anglais viendra au devant d’eux et leur permettra d’entrer au Port de Falmouth (Cornouailles). Le rapport d’évasion manuscrit du Sergent Ardell Bollinger lors de son passage devant le capitaine White au Patriotic School de Londres reste déterminant et relate bien l’aide apportée par ces courageux Français qui leur on permis de retrouver la LIBERTÉ.

 

Patriotic School de Londres

 

Dossier de recherches. Daniel Dahiot, Pierre Mahé, Jean Michel Martin.

Rédaction et photos Jean Michel Martin. Août 2011. Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont accueilli pour me faire part de leur témoignage. Je leur en suis reconnaissant.

Remerciements à M. Voyer Eugène, M. Voyer Joseph, M. & Mme Voyer Albert, Mme Loncle Annick, M. Rault Jean, M. Auffray Lucien, M. Hamon Roger, M. Hamon Jean-Claude, M. Grall André, M. Lars Christophe, M. Gourdel, M. Le Boudec, M. et Mme Thouvenot, Mme Ploux née Vourc'h Anne, M. Richard Yann (site internet, Le jour des justes). USA, Colonel Joël Johnston.

Voir le récit de M. Voyer EugèneGO - Voir le récit de M. Auffray Lucien GO - Voir le récit de M. Hamon Jean ClaudeGO - Voir le récit de M. Roger HamonGO

 

Sources/documentation

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Morceau d'une aile
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Morceau d'une aile
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Structure d'une aile

Morceau d'une aile
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Impact dans l'aile
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Pâles du B-17, notez quelles sont encore restées dans l'état de 1943

Impact dans une des pales
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Impact dans une des pâles
Impact d'obu

Photos des pièces, collection privée
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Pilote automatique du B-17
Pilote automatique du B-17
Pilote automatique du B-17
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Une pale
Kit bag du S/Sgt. Edward J Humphrey
Photos collection Pierre Mahé

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Photos d'un des moteurs en exposition au musée de la Résistance Bretonne à Saint Marcel

NANTES Bombing Mission (VIII BC 101)

23 septembre 1943 à 18h11 mm

384th BOMBER GROUP

Lead Bombardier : Capt MC Clanahan J.C.

Lead Navigator : Capt Celentano F.A.

Low Group du 41st Combat Bomber Wing

Target Nantes, port et sa région

Bombing Altitude 23000 ft

Premier Bombardement du Wing

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Voici le récit en deux pages annexées dans le rapport escape evasion du Sgt. Ardell H Bollinger. Sujet publicité en lien avec des évadés. "Underground Escape", article réalisé par Jim Douglas et l'article a été publié dans la revue Boeing News de juin 1944. Volume VIV, numéro 6, publié à Seattle, Washington.

Titre : Dans une publicité de cette sorte, il est difficile de convaincre les évadés de l'importance de leur sécurité complète à l'égard de l'évasion ou de leur fuite.

Dans cette histoire nous retrouvons le récit sous des noms d'emprunts des trois évadés, missing le 23 septembre 1943, rentrés en angleterre le 23 janvier 1944. Le Sgt. Ardell H Bollinger, le S/Sgt. Leonard J Kelly et S/Sgt. Joseph M Kalas.

La revue comprends 19 pages et nous publions la page de couverture pour la sortie des chaines de la firme Boeing du 5000ème B-17, Le "Five Grand". Serial #43-37716, il a volé 78 missions avec le 96th Bomber Group. Il a survécu à la guerre mais il fut vendu à la ferraille à Kingman.

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B-17G, “5 Grand” 43-37716, 338th Bomb Squadron, 96th Bomber Group

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