Torcé/Vergéal Station radar "Vierfüssler"
Voir aussi la carte de la navivagtion aérienneGO

 

Situation : Torcé : Elévation 83 m

Situation : Vergéal : Elévation 80 m

 

 

SOCLE RADAR BAS

SOCLE RADAR BAS

SOCLE RADAR BAS

48° 02' 58" N - 001' 17" 04 O. Altitude 79 mt

SOCLE RADAR HAUT

48° 03' 03" N - 001' 16" 49 O. Altitude 79 mt

Notez bien : Distance entre les deux radars, 360 mts environ
 

 

BATIMENT
atelier
Bâtiment - groupe électrogène - atelier de mécanique, bureau

48° 03' 01" N - 001' 16" 47 O. Altitude 79 mt

SOUVENIR DE 1944

 

Occupation des Allemands au camp de la Morinais en Vergéal.

 

Moi, Jean Giteaux, demeurant à la Gâtellerie en Torcé en tant que cultivateur chez mes parents avec Maman, Germaine et Yvonne mes soeurs au camp de la Morinais en Vergéal, nous faisions des journées de travail. Nous étions réquisitionnés pour le transport de matériaux chez nous. Nous recevions souvent des gens pour se ravitailler en marchandises : du beurre, de la viande, de tout ce qu'on avait.

Un monsieur nommé Jacquemin qui venait souvent, me demandait ce qui se passait au camp de la Morinais. Je le renseignais. Un jour, il m'a demandé si je pouvais le transporter dans le tombereau caché sous les planches de coffrage que j'allais chercher chez Théard à Vergéal. Il est venu à vélo, il m'a rejoint au carrefour de la route de la Morinais, a déposé son vélo dans le champ et je l'ai caché sous les planches. Je suis passé devant le poste de garde, ils ne m'ont rien demandé. J'ai dit que j'étais réquisitionné pour travailler, je devais livrer les planches sur le chantier.

J'ai continué vers la route du Petit Mimbier, je suis à nouveau passé devant le garde. II m'a demandé où j'allais. J'ai dit que j'allais au poste d'écoute et j'ai approché au premier poste d'écoute et d'émetteur. J'ai commencé à discuter avec l'Allemand mais il ne parlait pas bien le français. J'ai voulu lui donner une bolée de cidre mais il a refusé, il fallait que je boive avant. Après, il a bu. Je l'ai questionné sur le poste émetteur récepteur, il m'a dit que quand les avions partaient d'Angleterre pour faire boum sur la France, ou l'Allemagne, il transmettait à la Kommandantur. II ne m'a pas dit grand chose. Après, j'ai été au deuxième poste, j'ai continué plus loin à l'autre poste émetteur, j'ai commencé à discuter au garde: il parlait français. Je lui ai demandé à quoi cela servait. II m'a dit que quand les avions partaient d'Angleterre, il savait où ils allaient : en Allemagne ou sur la France. Il transmettait à la Kommandantur à cause des bombardements. Je lui ai donné un coup à boire du cidre, une bolée. II était content, et il goutte. Il m'a ensuite dit qu'il était là depuis un an. II se plaisait là mais il aurait été content de rentrer chez lui auprès de sa femme. Il venait du front de la Russie. Il m'a dit qu'il ne retournerait jamais, qu'il préférerait rester là. II m'a dit que l'un de ses enfants avait été tué sur le front. Après je lui ai demandé combien d'heures il était là : la nuit de 10 h à 2 h du matin : 4 heures de garde. Je lui ai ensuite demandé s'il se ramassait dans le blockhaus quand la pluie tombait. Ils étaient deux chacun à leur tour. Je lui ai demandé s'il voulait boire du cidre. Il était content, on a bu tous les deux et après j'ai questionné sur l'émetteur, il m'a dit la même chose que le deuxième. L'émetteur servait toujours à transmettre sur le départ de bombardiers qui partaient d'Angleterre. Là où il allait, en France ou sur l'Allemagne, il le retransmettait par téléphone.

Il venait du front de la Russie, il venait en repos il avait eu les pieds gelés, dit qu'il ne retournerait jamais sur le front. Il préférait mourir sur place. Je lui ai demandé comme au 2ème, si, quand la pluie tombait, il se ramassait dans le blockhaus. Je lui ai demandé s'il avait un chien de garde. Il m'a dit non, que l'on était bien en France. Il souhaitait vivement que la guerre soit finie pour rentrer dans sa famille. Il avait déjà de l'âge, dans les 40 ans. Après j'ai déchargé les planches au chantier, mais pas toutes. J'en ai gardé une pour camoufler Jacquemin qui était toujours dans le tombereau sous les planches. Ensuite je suis retourné vers chez nous.

Jacquemin est descendu du tombereau il est reparti sans doute vers son groupe FFI qui était près de Paimpont puisqu'il me disait qu'il passait par Janzé. Je lui ai demandé quand il pensait faire sauter les postes émetteur récepteur, il m'a répondu : «quand la pluie tombera». Ça s'est passé pas longtemps avant le débarquement (un mois ou deux avant le débarquement). En fait, il voulait voir le camp de la Morinais pour repérer le terrain pour faire sauter les postes émetteurs récepteurs, pour voir où passer avec ses trois équipes. Le temps que je parlais aux Allemands il voyait par dessus le tombereau. Les Allemands n'ont rien vu. Après cet épisode, j'ai pensé à bien des choses : s'ils nous avaient pris, je crois que je risquais gros : le camp de concentration ou la fusillade.

Après l'avoir revu, il m'a dit qu'il fallait préparer des cordages pour attacher les Allemands au piquet, plus loin, pour qu'il n'y ait pas de tués, pour ne pas avoir de représailles. S'il venait un jour me chercher chez moi, ç'aurait été moi qui aurait fait le premier travail de couper la ligne téléphonique auprès de la Petite Haie sur la route au poteau pour qu'il n'avait pas de correspondant. Si çà s'était passé comme ça : il devait y avoir un groupe vers la Petite Haie, l'autre le Petit Mimbier et le 3ème vers le Grand Mimbier : 3 groupes. Mais c'est tombé à l'eau, depuis je ne l'ai pas revu. Je pense qu'il avait dans les 25 ans, il est revenu chez maman à la Gâtellerie après la guerre il m'a demandé où j'étais parti à l'armée depuis le 15 mars 1945 à Morlaix et à Landerneau.

J'ai fait des recherches en 1982 bien entendu sur le journal, une madame Jaquemin dont le mari était dans la Résistance dans le Midi. J'ai fait des recherches sur Minitel, beaucoup de Jaquemin en Ille et Vilaine, Morbihan, Finistère, et Côtes d'Armor, c'en est resté là, en 1982 j'ai été voir le bureau des Combattants à Rennes, ils m'ont dit qu'il fallait trouver un témoin ou un collègue à lui ou ami. Si je suis resté muet sur mon plan et mes renseignements comme j'étais de Torcé et que j'ai beaucoup travaillé sur Torcé, je suis resté discret. Si les gens de Torcé avaient su que je renseignais les gens du maquis et qu'il y aurait eu des représailles, cela aurait été de ma faute.

C'est pour cela que je suis resté muet jusqu'en 1982, à l'heure de la retraite.

Je vous raconte cet événement que j'ai gardé en moi durant 50 ans.

Monsieur Jean Giteaux

 

PLAN

Plan du site, selon Jean Giteaux

Les restes d'un engrenage et pièces radios des FuSE 65 Würzburg-Riese