Samedi 29 mai 1943

En mer, Iles Saint-Quay-Portrieux

B-17F-75-BO - #42-29878

  "Lady Godiva "

Codé LF-G

379th BG 526th BS

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Voir tableau des pertes de la 8th Air Force
Voir tableau des pertes de la Luftwaffe

(Pilot) Capt. Theodore M. Peterson. (EVD).

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(CP) 2nd Lt. Jack Willis Bourn. (POW).

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(N) 2nd Lt. Woodrow Pershing Moore. (POW).

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(Bdr) 2nd Lt. Warren J. Rosacker. (POW).

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(RO) T/Sgt. John M. Scott. (EVD).

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(TGE) S/Sgt. Maynard Martin Spencer. (POW).

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(BTG) S/Sgt. William Eugene Blubaugh. (POW).

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(RWG) Sgt. William Toye Ayres. (POW).

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(LWG) S/Sgt. Paul Reese Cribelar. (POW).

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(TG) S/Sgt. Gideon August Brown. (POW).

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PHOTOS SOUS-MARINES DU   "Lady Godiva "

Le 29 mai 1943. Base Aérienne de Kimbolton. Angleterre. Le 379ème groupe de bombardement lourd (Bombardment Heavy) se prépare a une mission ayant pour objectif la base sous marine de Saint Nazaire dans l'ouest de la France. C'est sa première mission. Les équipages prévus, s'affairent et prennent les directives au briefing. Le raid est décidé pour la fin de l'après midi. Les ordres se précisent et l'objectif devra être atteint à 17 heures. Dans d'autres bases également on est aux préparatifs, équipages, mécaniciens chargement des bombes ...

Ce raid va regrouper 169 B-17 forteresses volantes. Sur la base de Kimbolton, le lieutenant Theodore Peterson est quelque peu tendu. C'est sa première mission, âgé de 23 ans il va devoir mener a bien l'ordre donné par ses supérieurs car lui aussi va venir se joindre a l'escadrille.

On lui a confie le "Lady Godiva" B-17 F, codé LF-G, serial #42-29878. L'équipage sera de dix hommes, lui compris. 4 officiers T. Peterson, le lieutenant Jack W. Bourn, (co-pilote), le lieutenant Woodrow T. Moore (navigateur), le lieutenant Warren T. Rosacker (bombardier), le sergent John M. Scott (radio), le sergent Maynard M. Spencer (mécanicien), le sergeant William E. Blubaugh (mitrailleur avant), le sergent William T. Ayres (mitrailleur droit), le sergent Paul R. Cribelar ( mitrailleur gauche), le sergent Gideon A. Brown (mitrailleur de queue).

CREWS

Vers 15 heures 30 tous ces B-7 décollent tour a tour de rôle dans un bruit assourdissant. Tous s'en vont rejoindre le point fixe pour un regroupement en escadrille et par groupe de six. Au dessus de la mer tout s'organise et Ted vient se placer comme prévu a la gauche du chef de groupe. Sur la base un vide s'est installé malgré tout avec l'appréhension de ne pas voir revenir certains. La base de Kimbolton fin 1943 avait un effectif de 70 équipages complets nécessitant 4000 hommes au sol, toute la logistique nécessaire au bon fonctionnement de toutes ces missions. La première partie du vol se passe bien et prend la direction d'Argentan ou le groupe va se scinder en deux faisant diversion. Ted et son équipage va se diriger vers sa cible qu'il approche peu avant 17 heures.

 

CARTE

 

Très vite c'est l'enfer. Les canons antiaériens se déchaînent, mille panaches de fumées noires entourent les B-17 ceci du aux explosions des obus. Sur sa droite Ted et ses hommes assistent impuissants a la destruction de l'avion du chef de groupe, (B-17 #42-29792). Ce dernier tombant rapidement. Immédiatement le "Lady Godiva" est frappé par un obus sur son aile gauche. Un trou béant de trois a quatre mètres est visible dans l'aile. Aussitôt les deux moteurs gauches sont en feu. Très vite Ted comprend qu'il ne pourra pas suivre la route prévue pour le retour. Malgré cette situation a 17 heures 07 il fait déverser le chargement de bombes sur la cible qui est atteinte. Aussitôt il décide rapidement de couper la péninsule bretonne pour essayer de rentrer sur une base anglaise. Très vite l'avion de Ted est la cible des Messerchmitt qui sont là pour l'achever. Un des chasseurs par son tir mets le feu dans un des moteurs restant. Très vite l'ordre d'évacuation fut donner et tour a tour l'équipage sauta en parachute. Ted Peterson sauta le dernier après quelques inquiétudes car il manquait un parachute qu'il retrouva in-extremis dans un placard, il quitta l'avion a une altitude de 324 mètres et tomba au lieu dit "Meno", commune de Plourhan (Côtes d'Armor) dans un chêne toujours visible de nos jours.

LE CHENE Le chêne du "Meno"

A l'aide de son canif Ted coupa les suspentes de son parachute et fut secourut par des gens du pays qui le cachèrent, puis il arriva a Saint-Quay-Portrieux dans une maison ou il retrouva Scott son radio. Seuls eux deux ne furent pas faits prisonniers Peterson et Scott purent rejoindre la base en Angleterre le 16 août 1943 après bien des difficultés et un passage par la région parisienne et l'Espagne via les réseaux d'évasion. Les autres membres d'équipage furent faits prisonniers et finirent la guerre dans les stalags en Allemagne. Le B-17 fini sa course en mer a plus d'un mille nautique de St Quay-Portrieux. Sur la roche des Poulains. Il reste à ce jour quelques vestiges de ce bombardier qui avait emprunté son nom a une légende anglaise celle de madame Godiva qui nue sur son cheval traversa la ville de Coventry suite a la demande de son terrible époux pour qu'enfin celui-ci convienne de ne plus écraser de charges et de corvées les pauvres habitants de cette vi1le. Mais ceci ce passait il y a bien longtemps en l'an 1080.

En 1987, Ted Peterson vint d'Amérique pour inaugurer le monument érigé sur la place de la Victoire en souvenir de cet évènement. Une hélice de ce B-17 fut remontée du fond de la mer et fait partie de ce monument. Sur ce monument figurent les noms de Plourhannais qui suite a cet événement furent déportés en Allemagne et hélas n'en revinrent jamais. Notre plus profonde reconnaissance va a tous ces hommes qui ont donne leur vie pour que nous soyons libres.

Ne l'oublions pas.

Jean-Michel Martin

 

Monument érigé sur la place de Plourhan (Côtes d'Armor)

JANVIER 2010

Nouveau témoignage sur la chute du B 17F ‘’LADY GODIVA’’ codé: 42-29878 du 379ème Groupe de Bombardement USAAF 29 mai 1943 Saint Quay Portrieux. Témoignage de Monsieur C . Sur les deux aviateurs Américains tombés sur la commune de Tréguidel ce même jour. Nous sortions de l’école, il était environ 16 heures 30 mn. Des bruits d’avions et de tirs attirèrent notre attention. Nous avons aperçu deux chasseurs allemands qui attaquaient, sans répit, une Forteresse Volante qui visiblement était en grande difficulté. Elle avait quitté le groupe ou elle évoluait. Ce groupe de bombardiers continuait sa route vers l’Angleterre à haute altitude. Le ciel était bien dégagé. Les avions allemands s’acharnaient, tirant sans arrêter sur l’appareil en difficulté. Nous voyions également le feu des balles traçantes et aussi le bruit de celles qui tombaient sur les toits, surtout sur les hangars métalliques. On aperçu un parachutiste sauter de l’avion rapidement suivi d’un autre. Le premier à atterri dans un grand pommier au village du Guern près du bourg. L’aviateur fût aidé par deux jeunes du voisinage. Son parachute fût caché aussitôt sous un amas de ronces, il se dissimula derrière un talus puis fut aidé à trouver son chemin, bien court car il avait été arrêté au bourg par les occupants. Le second, tomba environ à un kilomètre du bourg, en pleine campagne. Mon père et un de nos voisins arrivèrent très vite pour lui porter assistance. Je suivais à distance. Il resta sur place. Voulut se cacher dans des fourrés épais. Il organisa lui-même sa cachette dissimulant son parachute. Il se reposa une heure environ. Mon père lui apporta du pain, des œufs, il but deux verres de cidre. Il expliquait ne pas connaître cette boisson, mais dit qu’il appréciait. Il demanda que ses oeufs soient préparés en omelette. Mon père décida de revenir chez nous pour préparer ce qu’il nous demandait. Nous le suivîmes. A notre retour au bout du chemin et à environ une vingtaine de mètres de la cachette de notre aviateur, on aperçu un attroupement avec les gendarmes français à la solde Pétain, des allemands et un jeune homme et une jeune fille. Nous connaissions ces derniers, ils étaient cousins. Le groupe ignorait notre présence toute proche. On entendit très bien le jeune homme demander à sa cousine ‘’Eh bien, dis leur où il est puisque tu le sais’’ la jeune fille sans hésiter indiqua la cachette et l’américain fut arrêté. Son premier réflexe de captif fut de tourner le dos à tous ces gens et de se mettre à chanter très fort le groupe parti vers le bourg. Nous les avons vus s’éloigner. J’ai toujours pensé que cet aviateur aurait pût croire que nous étions pour quelque chose dans son arrestation, n’ayant pût terminer notre mission de secours à son égard. Sur les dix membres d’équipage 8 furent faits prisonniers Sur Tréguidel sont tombés les 2nd Lieutenant Woodrow Moore et le second Warren T Rosaker. Il est difficile de dire lequel avait sauté le premier. Ted Peterson (23 ans) le commandant de cette forteresse volante avait déclenché le signal d’évacuation de l’avion faisant sauter en premier les aviateurs situés à l’avant de l’appareil. Son copilote a sauté en troisième position, ce dernier ne retrouvant pas son parachute avait pris celui de Ted, Ted dû prévenir ceux de l’arrière qui n’avaient pas entendu l’alerte. Ted sauta en dernier, ayant retrouvé heureusement à la dernière minute le parachute manquant. Le groupe de pilotage ne s’équipait pas du parachute avant de partir car certaines manœuvres de pilotage s’avéraient difficile avec cet équipement. Donc, il le mettait au dernier moment.

Jean Michel MARTIN. 22 octobre 2009

Samedi 29 mai 1943. PLOURHAN.

Témoignage de Monsieur Henri Beloeil. (Avril 2013).

Je me souviens de cet après midi du 29 mai 1943 ou avec mes camarades, Roger Daniel, Jean Le Breton, Eugène Le Dore et Marcel Jaffrot, nous nous étions rapidement retrouvés près du village de Kergrain en Plourhran. Je dirai plus exactement prés du Golfe, qui à cette époque n'existait pas. J'avais 13 ans. Mes camarades un peu plus. L'un d'eux nous avait prévenu en toute hâte,qu'un avion en détresse arrivait dans notre direction quand soudain nous l'avons vu au loin, volant lentement. C'était une Forteresse volante américaine , touchée sans doute par des chasseurs ennemis et qui se dirigeait vers nous avec ses moteurs en panne. On aperçu les aviateurs qui sautaient de l'avion en ouvrant aussitôt leur parachute. L'un d'eux était poussé par le vent vers le coin ou nous étions. On voulait l'aider à son arrivée au sol. Eugène Le Dore fut le premier auprès de lui. L'avion passa pas loin de nous et se dirigea vers le bourg. Il tomba en mer devant Saint Quay Portrieux. Le parachute caché, il fallait rapidement s'occuper de lui. Il nous dit qu'il souffrait terriblement de son dos. Il nous expliqua aussi qu'il était radio à bord du bombardier et qu'il était Américain. Manifestant sa souffrance, nous ne savions que faire. Roger Daniel qui lui était âgé de 21 ans, entrepris de le déshabiller tout doucement. Après avoir ôté son gros blouson et son sac qu'il avait avec lui. Il lui enleva sa chemise délicatement. L’aviateur souffrait. Découvrant son dos on s’aperçut qu'il avait une balle de mitrailleuse logée sous sa peau au dessous de l'omoplate droite. Un peu de sang coulait, l'endroit était enflé et tuméfié. Heureusement, Marcel Jaffrot parlait bien l'anglais. Il lui expliqua que Roger Daniel avait sur lui son canif et qu'il allait lui extraire cette balle. Ce que notre camarade entreprit de faire rapidement, opérant sur deux centimètres, il réussi à l'extraire et présenta à l'américain ce projectile qui aurait pu le tuer. Après cette opération de fortune, le temps pressait. Il fallait lui trouver une cachette ou on pourrait lui apporter de quoi survivre, des vêtements pour se changer et aussi soigner sa plaie. Il fut pris en charge par d'autres personnes et fut caché à Saint Quay Portrieux. (Où le retrouvera d'ailleurs le pilote du bombardier, le Lieutenant Théodore Peterson. Ils réussiront leur évasion vers l'Espagne).

Mes camarades me désignèrent pour aller cacher le blouson et le sac . Il ne fallait pas que les Allemands le découvre. Je décidais de partir en vélo vers la ferme Le Bouil au village de Kergrain. Monsieur Le Bouil pris la décision de dissimuler le tout dans un maie de paille tout en haut ou après avoir monté avec son échelle, il fit un trou au sommet et y cacha ce blouson de cuir et le sac. Sur mon retour, j’aperçus des soldats Allemands en camion, qui étaient à la recherche des Américains. Ils passaient sur la route à toute vitesse. Je m'étais caché derrière un talus. En rentrant à la maison ma mère me fit des remontrances car j'étais bien en retard.

(L'aviateur secouru, étais le Sergent John M. Scott radio du Boeing B-17, 42-29878 . ''Lady Godiva'').

Suite à l'aide apportée aux aviateurs américains, la Gestapo procéda deux mois plus tard à l'arrestation de trois jeunes hommes de Plourhran, dont mon camarade Roger Daniel, celui qui avait extrait la balle. Il mourut en déportation à Hanovre le 16 février 1945, il avait 23 ans. C'était un gars formidable et très serviable. Ils entreprirent de rechercher mon ami Jaffrot. Jamais, heureusement, ils ne purent le retrouver.

Jean Michel Martin, ABSA 39-45. Avril 2013

 

NOVEMBRE 2014

Photos Jean Michel Martin - novembre 2014

Ce monument a été rénové par un artisan de Lantic. Monsieur Frederic Duquesney - Société Sable & Gomme