Le 6 novembre 1942

Lanrodec

"Hameau de Lambarquet "

Stirling I R9185

Codé HA-Y

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Sergeant. Pilot. GALBRAITH M.D. HYDE. 218 Sqdn. RNZAF. (EVD/POW).

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Flight Sgt (Nav./Bomber). CUMMING, ALISTER GODFREY. (KIA).

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Sergeant. (Air Bomber). KEHL, EDWARD CARL. (KIA).

Sergeant. (Air Gnr.). ASHMEAD BARTLETT. (POW).

Sergeant. (W.Op). SHERIDAN. J.J.C. (POW).

Sergeant. (Air Gnr.). SPRIGGS D.L. (POW).

Sergeant. HARRISON E E. (POW).

LANRODEC. Côtes d'Armor. Vendredi 6 novembre 1942. 23 heures. Chute du bombardier STIRLING. Immatriculé IR9185. Codé HA-Y.

Ce bombardier Anglais du 218 Squadron de la Royal Air Force avait décollé de la Base de Downham Market dans le Norfolk, Est de l'Angleterre pour aller larguer 4 mines acoustiques dans l'estuaire de la Gironde. Ces mission de largage de mines sous marines appelée ''Gardening'' se déroulaient la nuit.

Survolant la Baie de Saint Brieuc il fut touché par des obus allemands tirés d'un chalutier, armé de postes d'artillerie anti aérienne FlaK (DCA). Le lourd quadrimoteur de 27 tonnes vint s'écraser en feu sur la Lande à Bony au lieu dit ''Le Run'' près du village de Lambarquet en Lanrodec. L'avion désemparé, en feu, vint arracher la cime des pins avant de toucher le sol violemment et creuser un long sillon, ce qui eut pour effet de le détruire en plusieurs parties, entraînant dans la mort deux aviateurs, le Sergent Cuming Alister Godfrey, 20 ans de nationalité Canadienne et qui était le navigateur de cet équipage et le Sergent Kehl Edouard Carl, 21 ans de nationalité Canadienne également et qui était le bombardier. Témoignage de Monsieur Camille Colzer de Plouvara.

Le vendredi 6 novembre 1942 vers 23 heures un bombardier Anglais était tombé au lieu dit ''Le Run'' en Lanrodec. Nous n'avions pas entendu de bruit mais une lueur d'incendie avait été aperçue par certaines personnes du voisinage. Ma mère et moi au début de la guerre nous étions venus rejoindre mes grands parents maternels pour vivre avec eux dans leur ferme au village de Sainte Marguerite en Lanrodec. Petit village entourant une chapelle du 18ème siècle dans une campagne bien tranquille. Mon père était retenu prisonnier en Allemagne. En ce matin du 7 novembre 1942, aux environs de 8 heures, j'étais dans la cour avec mon grand père monsieur Mordelet et je m’apprêtais à partir à l'école à pied. J'étais âgé de 10 ans. Quand des bruits de pas ont attiré notre attention. Nous avons vu un homme jeune qui venait vers nous. Il était vêtu d'une vieille veste et coiffé d'un béret usagé. Mon grand père, qui avait fait la guerre 14-18, remarqua tout de suite, son pantalon et ses chaussures qui n'avaient pas de rapport avec le reste de son habillement. Il avait l'air très fatigué. En arrivant près de moi, il me dit avec un accent ''petit garçon, aller à l'école'' mon grand père lui demanda '' Allemand ? ''non répondit 'il". England ! L'homme simula par un grand geste long la chute de son avion. Il expliqua comme il put, que lui même pilotait cet avion qui venait de s'écraser non loin d'ici, (environ 4 kilomètres). Mon grand père immédiatement entrepris de s'en occuper et le fit entrer à la maison où ma grand mère lui fit un bon repas. Sur ce, je partis pour l'école avec la consigne de n'en parler à personne. En effet héberger un aviateur allié nous faisait courir de gros risques si nous étions découverts, de plus que les Allemands étaient à sa recherche.

 

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Ce pilote était Le Sergent Galbraith Hyde appartenant au 218 Squadron du Royal New Zeland Air Force, âgé de 24 ans. Après avoir pris son repas, ma grand mère lui prépara un bon lit ou il dormi plusieurs heures. Pendant ce temps mon grand père lui rechercha un ensemble de vêtements pouvant lui aller de manière à ce qu'il ne soit pas reconnu. Le soir il mangea avec nous. Après avoir essayé ses nouveaux habits, il retourna vers son lit, après nous avoir remercié et précisa qu'il souhaitait être réveillé vers 5 heures du matin pour partir essayer de rejoindre ses camarades qui eux aussi avait dû se cacher dans la région. Il nous fit voir son kit d'évasion contenant de l'argent Français, une boussole, et une belle carte en soie ou l'on voyait la France. Le matin il était prêt de bonne heure. Après des remerciements chaleureux, il se prépara à partir. Il ressemblait à un cantonnier. Rien ne laissait paraître. Mon grand père lui donna une petite musette appartenant à mon père dans lequel il y avait quelques provisions et du bon pain fait par ma grand mère. (Cette dernière ravitailla le maquis voisin en pain pendant plusieurs mois). Il parti à travers champ. Nous ne l'avons plus jamais revu.

 

M. Cozler est posté près de la fenêtre de la chambre où a dormi le Sergent Galbraith Hyde

M. Cozler montre l'endroit où est tombé le bombardier anglais

 

En 1994, j'avais décidé de lui écrire par l'intermédiaire de l'Ambassade de Nouvelle Zélande à Paris. Dans un premier temps je reçu son adresse. Je fis rédiger une lettre en Anglais. Ma lettre arriva le 18 août 1994 à Taupo (Nouvelle Zélande) où il résidait. Son fils Timoty se trouvait à son chevet depuis quelques jours car il était au plus mal. Ce dernier lui lût ma lettre. Il fit un grand sourire mais ne dit rien. Il mourut le lendemain. Son fils me répondit dans les mois qui suivirent et dans sa lettre je retrouvais tout le parcours difficile du Sergent après qu'il soit parti de chez nous. Il parcouru un long périple à travers le nord de la France. Il s'approvisionnait dans les fermes, mangeait des pommes dans les vergers. Dormait souvent à la belle étoile par des nuits froides. Il arriva tout d'abord à Rennes, y déroba un vélo puis rejoignit Paris où il pensait trouver de l'aide. Ce ne fût pas le cas. Il décida alors de prendre la direction de la Belgique avec l'idée de rejoindre la Hollande pensant trouver l'aide d'un réseau de résistance qui le ferait rejoindre l'Angleterre. Il fût hébergé et soigné dans une ferme de Montdidier en Picardie car il était atteint d'une forte grippe. C'est alors que le 31 décembre 1942 après avoir passé plusieurs jours parmi ce couple d'agriculteurs, les Allemands vinrent l’arrêter ainsi que ses deux hébergeurs suite à une dénonciation. Les fermiers moururent en déportation. Le Sergent Hyde subit un interrogatoire musclé à la Gestapo d'Amiens. Menacé, frappé plusieurs fois, il ne lâcha rien. Le 2 février 1943 il fût dirigé sur Francfort où des officiers de la Luftwaffe (armée de l'air Allemande) lui firent subir un nouvel interrogatoire où il ne dit rien. On l'envoya alors vers un camp de prisonniers au Stalag Luft VIII B pour ensuite rejoindre le camp 344 où il fût enchaîné 6 mois. Avec d'autres aviateurs, il décida de s'évader pour cela le petit groupe se fit incorporer dans un commando de travail sur l'aérodrome de Gleiwitz dans le sud Est de l'Allemagne. Ils décidèrent de voler un avion pour se rendre en Suède, pays neutre. Le lieutenant James Mac Léod, canadien, pilote de Spitfire, décida au soir du 23 avril 1943 de se mettre aux commandes d'un Junker 33, gros biplace monomoteur mais qui pouvait accueillir le petit groupe. Hélas il fit une erreur de manipulation d'une commande. Malencontreusement il ouvrit la trappe de vidange rapide du réservoir de carburant anéantissant ainsi le projet d'évasion. Les 4 candidats au départ furent arrêtés et mis aux arrêts pendant 15 jours avant leur procès. Ils furent jugés et condamnés à 6 mois de prison militaire SS. Rejugés de nouveau en avril 1944 pour cette tentative de vol d'un aéronef, ils furent condamnés à 2 ans de prison supplémentaires. Ils furent dirigés vers Lamsdorf. Lors de leur séjour à Lamsdorf en Silésie (Stalag VIII B), nouvelle tentative d'évasion en coupant les barbelés, seul l'un d'entre eux pourra rejoindre la Suisse où il ira plaider la cause de ses camarades auprès de La Croix Rouge. Repris le Sergent Hyde sera enfermé à la prison de Graudenz sur la Vistule appelée aussi la forteresse de la mort lente. Dès le lendemain les allemands organisèrent une fuite collective de tous les prisonniers car l'étau allié se resserrait rapidement sur eux. Le Sergent Hyde dans un écrit raconte  : Nous avions marché pendant 1200 kilomètres à travers l'Allemagne, dans des conditions épouvantables, nous dormions dans la neige. Comme seule nourriture, des patates à cochons, des rutabagas crus, des choux crus enfin... Rien de bon. J'étais épuisé et affamé. Notre groupe fût libéré par les Américains le 11 Avril 1945 . Nous fûmes ramenés rapidement en Angleterre où je fus logé dans un hôtel de Brighton où le personnel ne savais que faire pour nous être agréable. Je fus rapatrié en Nouvelle Zélande un mois plus tard. J'avais 27 ans.

Jean Michel MARTIN. Daniel DAHIOT. Le 28 mars 2012

Remerciements à Monsieur Camille COZLER et à Michel PIETO.

 

 

Ce navire faisait surement parti d'une flottille de défense portuaire (Hafenschutzflotille) composée de chalutiers armés allemands ou français et de canots de pêche à moteur.

 

(4)Ils reposent, l'un a coté de l'autre, dans un cimetière de St Brieuc avec une soixantaine de leurs compatriotes.

Dossier constitué par Nico