Vendredi 21 avril 1944

Bourbriac

"Kerbars/Kerlosquer"

Park Fanch Koz

Wellington Mk X LN896

Codé FU-?


Afficher 20 avril 1944 sur une carte plus grande

Flying Officer. (Pilot). BRENNAN JAMES HAROLD. (Évadé).

GO

Flying Officer, (Navigateur). HOUSTON ALFRED JAMES. (Évadé).

GO

Sergeant. (Bomber aimer). TROTTIER ERNEST JOSEPH. (Évadé).

GO

Sergent. (W.Op./Air Gnr). KEMPSON, JOHN, (Tué).

GO

Sergent. (Mid-upper gunner). DICKSON ROGER JACQUES. (Évadé).

Sergent. (Rear gunner). ELDER ANDREW. (Évadé).

BOURBRIAC Vendredi 21 avril 1944. "Kerbars/Kerlosquer".

Chute du bombardier Anglais de la Royal Air Force Wellington Mk X LN896, codé FU-?. Opération Nickel. Du 93th Group du No.28 Operational Training Unit RAF (Stagiaires en confirmation de vol, en attente d'être affectés à un escadron de bombardement). Mission nocturne de largage de tracts sur la ville de Blois dans le Cher. (Ces tracts avaient pour but d' informer la population française de ne pas rester sur les routes dans les mois à venir).

Équipage Anglo-Canadien dirigé par le Flying Officer. (Pilote) Brennan James Harold, 22 ans. Nationalité Canadienne, né le 23 mars 1922. Profession dans le civil : Technicien en téléphonie. Il résidait 17 Glenelg Street East à LINDSAY Ontario Canada .

Cette mission nocturne était la première pour tous les membres de l'équipage y compris pour le pilote de ce bombardier bimoteur. A leur retour les 6 aviateurs devaient se voir confirmés pour d'autres missions au sein d'un escadron de bombardement opérationnel.

Rapport d'évasion du Flying Officer Brennan rédigé le 14 juillet 1944 à son retour en Angleterre. En ce 20 avril 1944 nous avons décollé à 21 heures 18, du terrain de la RAF Wymeswold airfield situé dans le conté de Leicestershire, ayant pour mission opération “Nickel”, où nous devions larguer des tracts sur la ville de Blois en France. L'objectif ayant été atteint, sur la route du retour, j'ai interrogé plusieurs fois mon navigateur le pilote Officer Houston pour qu'il me donne le cap vers notre base. Ce dernier n'arrivait pas à me donner précisément la route à suivre. Nous étions perdus. J'ai demandé à mon navigateur à nouveau, d'interroger la balise de radio guidage anglaise. Nous avons eu un contact rapidement. Vraisemblablement, il s'avère que nous avons été interceptés par une station allemande dont la mission était de dérouter les appareils alliés. Je ne me suis pas aperçu de cela et ai pris la direction qu'elle me donnait. Nous étions sur un cap plein ouest en direction de la pointe bretonne. Au moment ou j'ai appelé, je me croyais dans le nord de la France. Après avoir volé un bon moment, j'ai consulté ma jauge à carburant et là j'ai vu que mes réservoirs s'épuisaient rapidement. J'ai compris qu'il ne serait pas possible de rejoindre l'Angleterre. La situation devenait préoccupante et angoissante. Peu de temps après, au sol, nous avons aperçu un grand feu qui nous semblait être à bord d'un bateau. J'ai décidé de baisser l'altitude pour voir ce qu'il en était et essayer de me repérer. Je savais que nous étions toujours dans l'espace aérien français. Cet incendie nous apparut alors comme celui d'une grande maison. (Nous apprendrons par la suite lors de notre évasion, qu'il s'agissait de l'incendie d'un bâtiment de la caserne de Guingamp occupée par les Allemands et qui abritait des munitions. Incendie allumé par un seul homme, patriote résistant de la région qui avait voulu commettre cet acte le jour de l'anniversaire d'Hitler). J'ai ensuite remonté l'appareil à 6000 pieds ( 1800 mètres). J'ai informé l'équipage de la situation dans laquelle nous nous trouvions. J'ai aussitôt demandé à chacun de s'équiper de son parachute, de vérifier les sécurités et d'évacuer rapidement l'avion. Je me suis assuré qu'ils avaient tous sauté et à mon tour je me suis lancé dans la nuit noire au dessus de la région de Bourbriac. Au cours de ma descente, j'ai pu voir le crash de mon avion et le feu qui s'en suivit. J'ai su après qu'il s'était écrasé sur une petite colline prés de cette ville et qu'il s'était cassé en plusieurs morceaux.

 

Lieu du crash, "Kerbars/Kerlosquer" - Park Fanch Koz en Breton, qui veux dire : Champ du vieux François

 

Je suis arrivé au sol sans encombre, ne sachant vraiment pas où j'étais. J'ai caché aussitôt mon parachute, ma mae west (bouée de sauvetage que nous avions autour du cou) dans des buissons. Je suis parti ensuite dans l'obscurité, à pied à travers la campagne. J'ai marché jusqu'à 7 heures du matin le 21 avril. J'ai ensuite contourné un petit village et me suis caché dans un champ de chardons jusqu'à 16 heures. Ensuite j'ai repris la marche et suis arrivé à Bulat Pestivien, où j'ai rejoint l'église. J'y suis rentré et ai rencontré le prêtre de cette paroisse. Malgré mes efforts à parler Français, il me fit comprendre qu'il ne parlait que le breton. J'ai quitté aussitôt l'église. La faim me gagnait. J'ai rencontré ensuite un fermier aimable qui m'a invité à manger et à boire. Il m'a ensuite caché dans des fourrés sur une colline. Il s'est arrangé pour que des gens de la résistance me récupèrent et organisent mon retour.

Le pilote Officer (navigateur) Houston Alfred James, 31 ans. Était né le 14 novembre 1913. Engagé dans le RAF le 8 juin 1942. De nationalité Canadienne. Profession : Représentant de commerce. Résidant au 12 Abott Avenue à Toronto dans l' Ontario Canada. Nous étions à court de carburant. Le lieutenant Brennan nous a donné l'ordre de sauter en parachute, ce que j'ai fait au dessus de Mael Pestivien aux environs de minuit 15 mm, le 21 avril 1944 . J'ai atterri dans un champ labouré. Malgré l'obscurité, j'ai réussi à cacher mon parachute et ma mae west et mon harnais. Je suis parti aussitôt à pied en direction du sud-est (la consigne donnée aux aviateurs avant de quitter l'avion avait été de s'orienter au sud-ouest dès qu'ils auraient touché le sol, pour se regrouper d'une part mais aussi, déjà, prendre la direction des réseaux d'évasion vers le sud, vers l'Espagne. Aux environs de 9 heures, je me suis réfugié dans un champ où j'ai pu dormir jusqu'à 11 heures. A mon réveil j'ai aperçu deux femmes âgées qui étaient à proximité d'une ferme. Je me suis approché d'elles et leur ai donné immédiatement mon identité. Elles m'ont offert un verre de vin et m'ont dirigé vers la route de Callac. J'ai marché une dizaine de kilomètres, quand j'ai rencontré à nouveau deux autres femmes à qui je me suis adressé en leur précisant à nouveau mon identité. Elles m'ont dit de ne pas aller à Callac car la ville était infestée d'Allemands. Je suis donc revenu sur Bulat Pestivien et ensuite j'ai pris la route de Saint Servais. Dans un petit bois, j'ai aperçu un homme. Je me suis approché de lui et lui ai demandé où j'étais. Il me dit être du groupe des patriotes de la région. Je lui ai dit qui j'étais. Il m'a dit de l'accompagner. Je suis donc parti avec lui, il me cacha en me donnant de quoi manger et boire. Il me dit de rester en place sans me manifester et que l'on viendrait me chercher, mais il ne savait pas quand et que je devais être patient. Je suis resté dans cet endroit jusqu'au lendemain 17 heures. Deux patriotes résistants sont venus me chercher en voiture et nous sommes partis tous les trois vers Mael Pestivien où ils m'ont conduit dans une maison, j'y ai retrouvé notre opérateur radio le Sergent Kempson qui était allongé, grièvement blessé. Le lendemain nous sommes repartis, après avoir placé le Sergent blessé à l'arrière de cette même voiture et nous nous sommes rendus au village de Quodimael (Coat Maël) où dans une maison nous étions attendus. Malheureusement le sergent est mort 3 jours après malgré les soins qui lui avaient été prodigués par les médecins de la région. Dans cette maison j'ai retrouvé le sergent Elder notre mitrailleur arrière. Le sergent Trottier nous a rejoints ensuite.

Octobre 1944 vit le retour au Canada des deux officiers de cet équipage. Les Lieutenant Brennan et Houston, après un long voyage maritime à bord d'un transatlantique, ils arrivèrent à New York. Ils prirent le train pour rejoindre la gare de Toronto Canada, où leurs proches les attendaient. Leurs familles avaient vécu l'angoisse suite au télégramme de disparition de leurs fils au cours d'un raid sur la France. Vers la mi-juillet 1944, de nouveaux télégrammes furent envoyés à ces familles pour les informer de leur retour en Angleterre puis au Canada.

Le Flying Officer Brennan fit carrière à la société de téléphonie Canadienne Bell. Il est décédé à l'âge de 90 ans le 31 octobre 2011.

Le Sergent Dickson Roger Jacques. Le mitrailleur de tourelle supérieure, 20 ans est né le 2 juin 1924. Originaire de Vernon Canada. Étudiant. Engagé dans la RAF le 19 juin 1943. Le 21 avril 1944, je me suis éjecté de notre bombardier aux environs de minuit au dessus de Pont Melvez en France. J'ai atterri à quelques kilomètres de cette ville. J'ai immédiatement caché mon équipement. Harnais, mae west et parachute bien sûr. Malgré l'obscurité qui régnait, je me suis orienté vers le sud-est. A 7 heures je me suis caché dans des buissons touffus où je suis resté jusqu'à 22 heures 30, tâchant de dormir un peu. Ensuite, j'ai repris la marche toute la nuit. A 7 heures, le 22 avril, je me suis dirigé vers une ferme pour y demander de l'aide. On m'a donné à manger et à boire et ensuite on m'a dirigé vers une autre ferme plus sûre, distante de 6 kilomètres. Dans cette ferme, on m'a changé mes vêtements et j'ai reçu des habits civils. Les patriotes résistants ont organisé mon voyage de retour.

Le Sergent Trottier Ernest Joseph. Bombardier, 22 ans est né le 28 novembre 1922. Ouvrier en téléphonie. Résidence 139 Rue West Cornwall Ontario Canada. Engagé dans la RAF le 1er juin 1942. Dans la nuit du 20 au 21 avril 1944, comme mes camarades, je me suis éjecté du bombardier dont j'étais membre d'équipage. Il était environ minuit, nous revenions d'une mission. J'ai attéri dans un champ à quelques kilomètres de Bourbriac en France. J'ai aussitôt caché tout mon équipement et je suis parti à pied dans l'obscurité,vers le sud-est avec l'espoir de retrouver mes camarades, qui eux aussi avaient sauté avant moi. J'ai marché pendant 6 heures et ensuite, fatigué, je me suis caché toute la journée jusqu'à la nuit tombante. J'ai ensuite pris la direction d'une ferme aperçue auparavant. J'ai frappé mais il n'y avait personne. Je suis reparti, j'étais très fatigué. J'ai continué mon chemin au hasard, espérant trouver de l'aide. N'ayant rien trouvé dans mon errance, j'ai continué et le lendemain matin j'ai rencontré un homme qui m'a invité chez lui à prendre un petit déjeuner. Il a contacté deux patriotes qui sont arrivés rapidement à bicyclette. Nous sommes partis vers le village de Quodmael (Coat Maël) en Maël Pestivien où j'ai retrouvé les sergents Elder et Houston. Y était aussi le Sergent Kempson qui était grièvement blessé. Il décèdera les jours suivants. Ce même jour, nous sommes tous partis avec les résistants vers leur campement situé entre Peumerit et Trémargat. Dans la nuit du 23 avril, le Flying Officer Brennan et le Sergent Dickson nous ont rejoints. Les patriotes organisèrent notre retour vers l'Angleterre le 13 juillet.

 

 

C'est au dessus de ce hameau que fut donné l'ordre d'évacuation du Wellington dans la nuit du 20 au 21 avril 1944

 

Le Sergent Elder Andrew. Le mitrailleur arrière, 22 ans est né le 14 novembre 1922. Profession riveteur. Engagé dans la RAF le 19 janvier 1943. Résidait au 1889 Haro Street à Vancouver au Canada. Comme mes camarades, je me suis éjecté de notre avion en perdition peu après minuit le 21 avril 1944. Je suis arrivé au sol près du Village de Kerbalen en France. Hélas, mal tombé, je me suis fait une entorse. La première chose a été de cacher mes affaires de vol. Je ne voulais pas être repéré. J'ai quitté aussitôt les lieux et ai commencé une longue marche dans la nuit, malgré mes douleurs à la cheville. J'ai marché jusqu'au lever du jour et me suis caché jusqu'à 10 heures. Le fermier du coin m'a aimablement accueilli, m'a donné à boire et à manger. A midi, un médecin est venu me voir, à la demande du fermier. Il a ausculté ma cheville et m'a fait un bandage. Sur les conseils du fermier, je suis allé me cacher dans un champ proche. J'y suis resté jusqu'à la tombée de la nuit. On est venu me chercher et aussitôt j'ai été dirigé vers une autre ferme où j'ai dormi dans l'écurie avec les chevaux. Le lendemain soir, j'ai été dirigé vers un autre village ou dans une maison j'ai retrouvé le Flying Officer Houston et le malheureux Sergent Kempson qui était grièvement blessé à la tête. Le lendemain, les maquisards nous ont dirigés vers leur campement dans la forêt. Ils nous ont ensuite arrangé notre retour par mer.

 

GOLe Sergent John Kempson eut un destin tragique, il décédera le 25 avril 1944 vers 6 heures, au Village de Coat Maël en Mael Pestivien. Il était l'opérateur radio du Wellington et à l'occasion mitrailleur de tourelle, il était âgé de 20 ans. Il s'était engagé en 1943 dans les volontaires de réserve de la RAF originaire de Surbiton dans le Surrey. Angleterre, il était le seul aviateur britannique de cet équipage. Il était le fils de Horace leopold et Mabel Alice Kempson. En cette nuit tragique pour ces jeunes aviateurs, l'ordre d'évacuer l'avion fut donné au dessus du hameau de Saint Norgant en Kérien. Comme on l'a vu, les 5 Canadiens atterrirent sans problème aux abords de l'étang du Blavet et près du village de Kerbalen. Le Sergent Kempson avait atterri prés du village de Cosquer Jehan en Kérien, son saut s'était passé dans de bonnes condition mais il avait touché le sol sur des rochers affleurant le haut d'un coteau. Sous l'effet du vent son parachute l’entraîna à la renverse. Il fut projeté sur un rocher où il se fractura le crâne en tombant lourdement. Tôt le vendredi matin, deux femmes du village, aperçurent sur ce coteau proche de chez elles, cette masse blanche, inhabituelle. Elles se rendirent sur les lieux et se rendirent compte que c'était un parachute.

 

 

 

 

 

Le Sergent John Kempson avec son père

 

Cosquer Jehan en Kérien, lieu où est tombé le Sergent John Kempson

 

 

Un de leurs voisins monsieur Augustin Salomon arriva aussitôt et retrouva, au pied de ce rocher, le malheureux aviateur plongé dans le coma. Il était inconscient. Aussitôt et avec prudence, elles allèrent prévenir un résistant qui aussitôt se rendit sur place, ayant pris soin de prévenir d'autres hommes de son groupe. Les deux femmes cachèrent le parachute de couleur blanche. Les résistants emmenèrent l'aviateur chez le docteur Lebreton, placé entre deux hommes, à l’arrière d'une voiture berline. Le lendemain pour plus de sécurité, le Sergent fut emmené au village de Coat Maël où venu de Guingamp, le docteur Rivoallan, chirurgien, lui fit une ponction lombaire et décela une fracture du crâne, les docteurs Sécardin et Lebreton assurèrent les soins les jours suivants. Le blessé décédera le 25 avril en début de matinée. Des Francs Tireurs Partisans Français du maquis Tito transportèrent le corps dans leur campement. Un menuisier fit un cercueil. Le Sergent Kempson fut inhumé avec les honneurs militaires, ses camarades canadiens étaient présents à l'enterrement de celui qu'ils surnommaient ''Johnny'', les résistants tirèrent une salve d'honneur. Un prêtre prononça l'oraison funèbre. L'inhumation eut lieu au pied d'un rocher prés de la vallée du Blavet au lieu dit "Toul Goulic" en Lanrivain. Transféré en 1946 par le service des sépultures Britanniques, il repose au cimetière Anglais de Bayeux dans le Calvados. (Tombe XVIII F 2).

 

"Toul Goulic", lieu de la sépulture provisoire du Sergent John Kempson

 

Pour les 5 aviateurs un départ vers Paris, en vue de leur évasion vers l'Espagne fut envisagé. Refusé par l'autorité, il furent réorientés vers un réseau d'évasion vers le sud de la Bretagne. Au bout de quelques jours et après une longue distance parcourue, l'ordre fut donné au groupe de revenir au point de départ. Le réseau Shelburn à Plouha s'avérait mieux adapté à leur traversée de la Manche. Ce Réseau d'évasion proche avait réussi depuis le début de 1944, plusieurs missions nocturnes vers Darmouth. Côte sud de l' Angleterre, les Canadiens avaient quitté Coat Maël pour séjourner au maquis Tito où ils restèrent un mois, participant aux activités du groupe de résistance. Dans les jours qui suivirent leur départ, les Allemands entreprirent une rafle vers les maquis de toute la région, le 16 mai 1944 à Mael Pestivien ils arrêtèrent une quarantaine de personnes dont le maire de la commune et le médecin. Plusieurs personnes subirent la torture, un homme en décédera. Le lendemain d'autres personnes seront incarcérées à Saint Brieuc. Deux hommes déportés trouveront la mort dans les camps en Allemagne, un autre sera fusillé au camp de la Maltiére à Saint Jacques de la Lande. Ce même jour, 16 mai 1944, en cours d'après midi, les allemands et miliciens arrivèrent en nombre au village de Coat Maël à la recherche des résistants dont une des maisons, était un lieu de rendez vous. Ils malmenèrent une personne pour en savoir plus, ne trouvant rien, ils mirent le feu à la maison de la famille Grenel où avait eu lieu l'hébergement des aviateurs et où mourut le Sergent Kempson. Heureusement à ce moment, les évadés étaient en lieu sûr, cachés, dans une minoterie à Senven Lehart où ils restèrent 6 semaines et furent évacués en urgence car un groupe de jeunes maquisards, installé au château de Goas Hamon sur cette même commune fut attaqué et décimé par l'occupant. Les 5 aviateurs furent dirigés, le jour même vers le maquis de Coat Mallouen, plus sûr, qu'ils quittèrent début juillet pour rejoindre Plouha en vue de leur évasion par mer. Dans la nuit du 13 juillet 1944 la MGB 503 commandée par le Lieutenant Marshall, secondé par son adjoint le navigateur Birkin (père de la chanteuse Jeanne Birkin) jeta l'ancre à l'anse Cochat près de la balise du taureau, puis récupéra 16 militaires dont les 5 aviateurs Canadiens. Après un périple de 83 jours en France, les aviateurs évadés retrouvaient l'Angleterre.

 

Ruines de la maison Grenel où mourut le Sergent John Kempson

 

Témoignage de monsieur Yves Rouxel. La chute de cet avion avait eut lieu trois jours avant l'anniversaire de mes 6 ans. Malgré mon jeune âge et le temps passé, quelques souvenirs perdurent dans ma mémoire. Nous habitions le village de Logoray et l'avion, en pleine nuit était venu s'écraser prés d'ici entre Kerlosquer et Kerbars. Le bruit de sa chute avait réveillé ma mère. Il y eut une terrible explosion. Le lendemain, tout le monde voulait se rendre sur les lieux pour voir ce qui s'était passé. Avec mon frère Michel, mon cadet d'un an, nous étions partis à pied, accompagnés par des voisins plus grands, tous en groupe. Arrivés sur les lieux, tout était brûlé. Un container en aluminium fut ramené au village par le groupe des jeunes. Il faisait environ 2 mètres de long. Très vite il servit de barque, que nous faisions flotter sur une mare proche de chez nous. Puis un jour, ce container disparut. La carcasse de l'avion resta longtemps en place.

 

Dessin réalisé d'après un croquis de M. Pasturel

 

Témoignage de monsieur Lachater Jean. Nous fûmes réveillés en sursaut vers minuit et demie. L'avion rasa la toiture de notre maison et s'écrasa aussitôt dans une terrible explosion.

Monsieur Joseph Guillaume. Dans notre village de Coat Maël, il y avait régulièrement des rassemblements de résistants. Dans la maison de la famille Grenel, les trois frères et leur père, faisaient parti du réseau de résistance. L’aîné, Yves, était très actif, s'y trouvait aussi son frère Jean et Armand le plus jeune. Leur père se prénommait aussi Armand. Le jour de la dramatique rafle de Maël Pestivien, le 16 mai 1944, les allemands arrivèrent nombreux au village en cours d'après midi et entreprirent de retrouver des gens du maquis qu'ils supposaient s'y trouver. N'ayant trouvé personne, ils mirent le feu à la maison de la famille Grenel ainsi qu'à celle voisine de la famille Sannier. A ces deux maisons mitoyennes s'ajoutait un grande étable appartenant à monsieur Ange Le Cozler. Ce dernier voyant l'incendie se propager et craignant pour son étable, entreprit de détruire à la hache le haut de la charpente attenant à la maison Sannier pour éviter que le feu ne gagne sa bâtisse. Un allemand l'apercevant, lui ordonna de descendre immédiatement. Dès qu'il fut arrivé à terre, l'allemand lui asséna un coup de crosse de fusil sur la tête, il n'eut aucune pitié pour ce vieil homme. Un peu plus tard, une voisine voulant créer une chaîne d'eau pour éteindre l'incendie, arriva avec deux seaux bien remplis. Un allemand l'apercevant épaula son fusil et tira un coup de feu dans sa direction, heureusement sans l'atteindre. Elle s'enfuit aussitôt. Les deux maisons brûlèrent entièrement. La maison Grenel ne fut jamais reconstruite. C'était dans cette maison qu'était mort un jeune aviateur. A ce sujet, un jour, le docteur Secardin médecin à Callac, arriva en voiture, la stationnant chez nous discrètement. Il connaissait la maison, nous étions de famille. Il partit à pied vers la chapelle Saint Gildas et le bas du village. Nous ne savions pas où il allait. On ne le sut qu'après. Il vint ainsi trois jours de suite soigner ce jeune homme blessé. Il allait à pied par un chemin mais prenait soin de revenir par un autre pour ne pas être remarqué. Monsieur Armand Grenel père, fut arrêté lors de la rafle qui eut lieu dans le bourg. Relâché en cours d'après midi, tandis qu'il rentrait chez lui, il fut à nouveau arrêté par des allemands venus le rechercher en voiture. Il fut déporté en Allemagne et y mourut le 18 janvier 1945 au camp d'internement de Bremen Blumenthal, en Basse Saxe.

Témoignage de madame Maria Michel. Au printemps de 1944, un jeune aviateur anglais était arrivé en parachute, en pleine nuit auprès de notre village de Kosquer Jehan en Kérien. Il était tombé au bord d'un chemin menant à l'un de nos champs. Quand nous sommes arrivés sur les lieux, il y avait des gens du village auprès de lui. Il gisait sur le sol, inanimé et inconscient. Quelqu'un le toucha au niveau d'un poignet. Il réagit un peu mais il était dans un coma profond. L'un d'entre nous dit qu'il fallait faire vite et aller chercher du secours. Prévenus, des résistants arrivèrent rapidement. Ils se servirent d'une voiture berline. Le blessé fut placé assis sur la banquette arrière entre deux hommes et fut caché dans un village où hélas il mourut les jours suivants. Longtemps après on retrouva dans la campagne pas très loin de cet endroit un autre parachute caché par un membre de cet équipage qui s'était posé à cet endroit.

 

 GO

Quelques pièces du Wellington Mk X

 

Wellington Mk X

Moteurs

2 × Hercules VI ou XVI de 1675 ch (1250 kW)

Envergure

19.69 m

Longueur

26.27 m

Hauteur

5.31 m

Surface alaire

78.1 m2

Poids à vide

8,435 kg

Poids maximal

12,955 kg

Vitesse maximale

378 km/h) à (4,730 m)

Plafond

5,490 m

Rayon d'action

4,106 km

Armement interne

6-8 × 303 Browning machine guns

Armement externe

2,041 kg de bombes

Le Wellington Mk X est la variante la plus largement produite, dont 3.804 exemplaires ont été construits. Il était semblable au Mark III, sauf pour le moteur de 1675 ch (1250 kW), un Hercules VI ou XVI avec groupe motopropulseur et une structure de fuselage en alliage léger, au lieu de l'acier. La Mark X a servi de base pour un certain nombre de versions du Coastal Command. Un total de 3.803 ont été construits à Chester et Blackpool.

Source : Vickers Wellington Variants
Source biographie : Raids Aériens sur la Bretagne durant la seconde guerre mondiale; Tome I & II. Roland Bohn. Remerciements à Keith Janes. Site internet : Conscript Heroes - keith@conscript-heroes.com - Escape line. Angleterre. Remerciements à Jonathan Ives pour son aide de recherches en Angleterre. Merci à monsieur Yannick Botrel, Sénateur maire de Bourbriac. Remerciements à monsieur Joseph Guillaume, à monsieur Jean Paul Rolland, à monsieur Yves Rouxel, à monsieur Jean Lachater, à madame Maria Michel, à monsieur Pasturel. Merci à madame Janet Pitman pour son aide à la traduction de l'article de Geoffrey Hewelecke paru en 1945 au Canada dans le magazine Maclean's sur le récit du Lieutenant Houston.GO Sources : Par les nuits les plus longues. Roger Huguen. La Bretagne au combat de Joseph Darcel.

Jean Michel Martin ABSA 39-45 - Avril 2013

1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12

go

13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28

29
30

Pièces du
Wellington Mk X - Musée Remember

Le Pont de la Haye - 22100 LEHON/DINAN

1 : Les photos 1-2-3-4-5-6-7-8 et 11, sans doute les pièces pour les réservoirs d'essence.

10 : La photo 10 serait pour moi un des bouchons des réservoirs.

13 : 13-14-15-16-17-18-25 et 27 ; font partie du même ensemble, c'est à dire la pièce du mitigeur des commandes de l'avion avec les compensatrices. Dérive plus son compensateur égale deux commandes. Profondeur plus les deux compensateurs égale deux commandes tout cela pour commander l'arrière de l'avion.

Si on regarde bien la photo il y a deux axes principaux et qui sont perpendiculaires, un pour l'arrière et l'autre pour les ailes, le trait rouge à droite, est je pense pour l'arrière de l'avion, le trait vert à gauche pour les ailes et le trait bleu la commande principale qui va au manche à balais. Normalement il devrait y avoir un autre axe qui vient des palonniers, la suite des commandes était soit des câbles ou des chaînes type à vélo.

19 : les photos 19 et 20, pièce qui se trouverai derrière l'hélice ?

Identification des pièces : Barthélémy Barré

GO

Le biographie sur la perte du Wellington Mk X LN896 a été retenue pour figurer dans la revue d'Histoire et d'archéologie du pays d'Argoat